Pourquoi les Scop pourraient être inspiratrices de l'économie de demain

OPINION. Depuis deux mois, nous vivons une crise sanitaire sans précédent, avec des conséquences lourdes sur l'économie et le fonctionnement même de nos sociétés et de nos démocraties. Pourquoi les structures coopératives sont-elles plus résilientes ; quelle vision peut-on avoir de ce qui devrait être l'"économie d'après" : humaniste, citoyenne et écologique s'interroge Laurence Ruffin, la présidente directrice générale de la Scop Alma.
(Crédits : DR)

Cette crise met au grand jour le besoin de liens et de solidarité. C'est un moment où l'on cherche d'avantage la cohésion, l'attention à l'autre... On a envie de vivre différemment, ensemble. La coopération correspond justement à ces aspirations.

Les Scop résistent statistiquement mieux aux crises grâce à un de leurs principes fondamentaux : une part des résultats est mise en réserves chaque année, en moyenne 40 % chez Alma. Ainsi, les Scop peuvent disposer de fonds propres plus importants que les autres entreprises de taille équivalente, et donc de trésorerie.

Ces réserves impartageables, qui sont un bien collectif, font aussi qu'une Scop ne peut être ni vendue, ni délocalisée. Des principes qui prennent tout leur sens dans le contexte actuel. En effet, la crise sanitaire que l'on traverse révèle la limite des délocalisations de production pour réduire les coûts, la fragilité de notre dépendance à des chaînes d'approvisionnement internationales à flux tendus, et notre vulnérabilité sur des produits stratégiques comme les masques ou les médicaments.

Cela rend criantes l'importance de la production locale et la nécessité d'une industrie française forte et compétitive. Or la Scop, qui n'est pas délocalisable et qui est ancrée sur son territoire, porte en elle une vision de l'économie basée sur la production en France, valorisant les emplois et les circuits-courts.

En quoi le modèle coopératif peut inspirer le "monde d'après" ?

Nous traversons une crise sanitaire terrible, doublée d'une crise économique sans précédent. Mais nous en vivons une autre plus insidieuse, qui se révélera probablement encore plus dramatique d'ici quelques années : la crise environnementale.

Nous avons la preuve que l'État, les citoyens et les entreprises sont capables d'une mobilisation collective, de prendre des mesures rapides et fortes, de recréer des écosystèmes industriels nés d'une volonté de solidarité et de coopération locale. Le gouvernement veut "interroger le modèle qui dévoile ses failles au grand jour". De nombreux citoyens espèrent un "monde d'après" plus solidaire, plus juste, plus respectueux des personnes et de la planète.

Or les Scop et les Scic mettent en œuvre une démocratie économique sur le terrain et participent à la construction d'un modèle économique différent. Je ne prétends pas que le statut soit parfait ou qu'il réponde à lui seul à nos problèmes, mais il peut montrer le chemin vers une économie au service de l'intérêt général, environnemental et social.

Intégrons toutes les parties prenantes, à commencer par les salariés, dans le pilotage des entreprises, développons des entreprises qui associent les salariés, les usagers, les forces vives d'un territoire. Et investissons dans des politiques industrielles ambitieuses et « vertes », dans une agriculture écologique et la recherche massive dans des secteurs d'avenir respectueux du climat, en reconsidérant notre approche de la répartition de la richesse, de notre consommation et notre rapport à la nature...

Nous avons une occasion unique de faire un virage vers une économie humaniste, écologique et démocratique, saisissons-la !

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