Pourquoi je suis contre l'ouverture des commerces la nuit

Après s'être opposé à l'ouverture des commerces le dimanche, le directeur général de Point S se positionne contre l'extension du travail de nuit. Christophe Rollet, également vice-président et trésorier national du Syndicat des professionnels du pneu, s'appuie sur son expérience de dirigeant qui a déjà été confronté à cette situation dans d'autres pays.
(Crédits : DR)

Je ne suis pas favorable au projet du gouvernement de repousser le travail de nuit de 21 h à minuit dans les commerces alimentaires. Cette nouvelle loi vise plus globalement à faciliter l'ouverture des commerces en soirée et la nuit et aura sûrement vocation à s'appliquer à d'autres commerces que l'alimentaire dans les années qui viennent, comme cela a été le cas avec le travail le dimanche. Une étude récente de l'Insee montre d'ailleurs que le travail le dimanche concerne de plus en plus de salariés alors que cela ne rapporte rien aux entreprises.

De même, il est impensable d'autoriser le travail de nuit dans les commerces pour des raisons tant économiques que sociales. Il existe déjà quelques dérogations pour les zones touristiques. Il est inutile d'assouplir cette loi.

Ouvrir un commerce au-delà de 19 heures ne rapporte, au final, rien !

L'assouplissement de l'ouverture des commerces la nuit ne va pas créer de marges supplémentaires, ni ne va créer d'emplois. Le pouvoir d'achat du consommateur n'est en effet pas extensible.

Chez Point S, nous avons observé que l'ouverture des commerces la nuit ou le dimanche ne procure que peu d'intérêt dans les pays où cela est déjà presque devenu la norme, comme en Grande Bretagne.

Comme le travail du dimanche, le travail nocturne dans les commerces coûte plus qu'il ne rapporte car on fera le même chiffre d'affaires, sur plus d'heures, donc plus de coûts.

Ouvrir un commerce la nuit, comme le dimanche, coûte cher : salaires, charges de fonctionnement (électricité, chauffage, couts et charges salariales etc.). Autant de charges qui annulent la progression éventuelle de chiffre d'affaires. 

Dans les commerces, faire travailler les salariés au-delà des horaires habituels peut être source de tension et de fatigue. Car tout le monde n'a pas envie de travailler la nuit ou le dimanche ! Cela se ressent forcément sur la qualité du travail et du service. Les collaborateurs ont besoin des minimas de repos fixés par la loi pour travailler dans de bonnes conditions et les chefs d'entreprise aussi.

Enfin, ouvrir au-delà des horaires traditionnellement admis, est plus évident pour une grande structure qu'un petit commerce. A l'heure où tout le monde veut revitaliser le commerce dans les villes moyennes, il est d'un contre-sens total de créer des disparités entre des typologies de commerces différents, et entre les enseignes qui ouvrent, et celles qui ne veulent pas.

Il est grand temps de revoir la loi et la rendre cohérente, tant pour les salariés, que pour les entreprises qui deviennent otages de cette libéralisation commerciale à outrance, et bien peu rentable.

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Commentaires 3
à écrit le 14/12/2019 à 21:17
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L'ouverture des commerces le dimanche, et maintenant peut-être de nuit est une aberration sociale, économique et écologique. Notre gouvernement est frappé de cécité aiguë et c'est consternant.

à écrit le 13/12/2019 à 10:00
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Parce que vous êtes intelligent, travailler beaucoup plus pour gagner un tout petit peu plus ne peut que générer une pollution abusive inutile et improductive. Sans parler de la condition humaine oubliée depuis longtemps par les financiers, ok. O...

à écrit le 12/12/2019 à 18:30
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Bien sûr et quand l'ouverture du dimanche se généralise, il n' y a plus aucun avantage concurrentiel pour ceux qui la pratiquent. On ne fait que déplacer le temps de consommation sans créer de richesse. Et surtout, on torpille la vie de famille : que...

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