Mécénat : lettre ouverte au Président de la République

Dans une lettre ouverte au Président de la République, Bernard Devert, fondateur d'Habitat et Humanisme, demande à Emmanuel Macron son soutien à l'article 50 de la loi de finances 2020 qui permettrait que les dons à destination des associations qui aident à nourrir, loger ou soigner des personnes en difficulté ouvrent droit à 60% de réduction d'impôt, contre 40% pour les autres dons.
(Crédits : DR)

Ce samedi 9 novembre il m'est demandé de venir en aide à une famille de trois enfants (11 à 14 ans) que l'infortune contraint à vivre sous une tente, ou plutôt sous des plastiques la protégeant à peine des intempéries.

Le chef de famille doit être opéré ce 14 novembre, sous réserve de disposer d'un logement à la sortie de l'hôpital pour permettre l'hospitalisation à domicile. Dans la négative, l'intervention est reportée.

Il est 22h. Le temps est humide, il fait froid. Je trouve ce foyer debout autour d'un brasero. Ma visite annoncée, ils m'interrogent avec quelque espoir : vous pouvez nous aider ? Je leur avoue que je n'ai pas de réponse, les assurant que je ne les laisserai pas tomber.

Deux personnes d'un immeuble proche les accompagnent. J'observe la confiance qui s'est créée entre eux. L'une d'elles est une jeune-femme musulmane, élégante, et l'autre, de souche française me dit combien elle fut blessée par le cri d'un voisin ; qu'ils déguerpissent, disait-il, ces clochards !

Non seulement ils ne peuvent pas se sortir de ce cloaque, il leur faut encore entendre des mots qui avivent la détresse.

Les deux veilleurs soulignent que les enfants subissent des insultes et des quolibets de camarades d'école au motif qu'ils sont sales ; comment en serait-il autrement, pour ne point disposer de sanitaires.

Cette famille est reconnue prioritaire pour être accueillie dans un centre d'hébergement ou dans une résidence hôtelière à vocation sociale. Seulement, il n'y a pas de place.

La commission de médiation droit au logement stipule que, jusqu'au 2 mars 2020, ils peuvent former un recours devant le Tribunal administratif s'ils n'ont pas d'hébergement.

Nous touchons la difficulté : ce qui manque ce n'est pas des réglementations mais des logements pour un droit appliqué et donc humanisé. Une nouvelle fois, non sans peine, force est de constater que le logement très social est difficilement accessible aux plus pauvres !

L'Etat ne peut pas tout faire, certes, mais il ne peut pas défaire la générosité alors que déjà trop de dispositions l'ont entamée, comme souligné dans une lettre qui vous fut adressée, Monsieur le Président, le 25 octobre 2019, par plus de 120 associations et fondations sous le titre : La France a besoin de votre générosité.

'La rue' est un drame aggravé par le fait que la Société s'est si facilement habituée à ce que les plus pauvres n'aient pas de lieu à habiter que le scandale d'une telle situation n'apparaît plus ou si peu, le 115 se présentant comme une alternative alors qu'il ne devrait être qu'un recours.

Saluons ceux qui, précisément sont à l'écoute mais débordés par une pauvreté endémique et destructrice de tout avenir.

Il y a un droit séculaire, celui de l'assistance à personne en danger. Il ne s'exerce pas suffisamment, d'où la situation intolérable de ce foyer que connaissent aussi des centaines de milliers d'autres. Cette situation ne peut pas perdurer, sauf à accepter que l'indécence ne s'aggrave d'un mutisme coupable.

Article 50 de la loi de finances 2020

Monsieur Emmanuel Macron, vous êtes un jeune Président, riche de talents et sûrement aussi de générosité. Aussi, j'ose vous demander que votre majorité vote le 16 novembre l'article 50 de la loi de finances pour que les libéralités des personnes physiques et morales connaissent une déduction permettant de libérer les plus captifs de la société.

Il serait équitable que les dons fléchés à destination des personnes à la rue, aient un statut fiscal spécifique mettant ainsi un terme à cette ignominie : le rejet des plus vulnérables sur des trottoirs ou dans des campements insalubres.

Vous n'êtes pas responsable d'une situation qui dure depuis plus de 60 ans, mais, ensemble, nous avons la responsabilité de la faire cesser. Relever ce défi, c'est donner un souffle d'humanité qui ferait du bien à tous.

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Commentaires 3
à écrit le 04/12/2019 à 11:52
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Vous n'êtes pas responsable d'une situation qui dure depuis plus de 60 ans, mais, ensemble, nous avons la responsabilité de la faire cesser. Relever ce défi, c'est donner un souffle d'humanité qui ferait du bien à tous. d'adore

à écrit le 14/11/2019 à 9:48
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Cela semble du bon sens, maintenant les politiciens n'étant rien il faudrait voir ce qu’économisent les mégas riches avec leurs paradis fiscaux pour pouvoir réellement les concurrencer. Bon par contre notre vieille oligarchie européenne serait vr...

à écrit le 14/11/2019 à 8:55
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j approuve la demarche de BERNARD DEVERT et demande au President MR MACRON de nous venir en aide dans cette demarche humanitaire sur notre sol de FRANCE BC

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