"La solidarité appelle un nouveau rapport au temps"

"L'Heure Solidaire" n'est pas un style de communication, un leurre ; elle est un rendez-vous discret avec ceux qui survivent dans l'oubli, usés par des espoirs sans lendemain et de ces mots qui font mal : "il n'y a pas de place, ou encore, on vous écrira". Par Bernard Devert, fondateur d'Habitat et Humanisme.
(Crédits : Habitat et Humanisme / Guillaume Atger)

Ces phrases toute faites creusent les cœurs déjà lézardés par l'absence de cette aide parfois nécessaire pour trouver sa place ; il se fait tard, saisissant qu'ils ne sont attendus par personne. L'heure de la pauvreté sonne le désarroi. Qui l'entend ? Vous.

La solidarité appelle un nouveau rapport au temps afin de faire naître des heures de plus grande humanité. Pour être à l'heure de l'espoir, s'imposent des récits de vie, histoire de fraternité - j'allais dire de famille ‑ qui se présentent sous nos yeux. Ici, des portes de logements se sont ouvertes, là des temps de partage ont permis à des frères en souffrance de trouver un soutien.

Un jour, il me fut donné d'entendre d'une personne démunie, une parole qui m'a réveillé : « chez moi ne viennent que ceux qui sont payés pour me visiter ». Terrible !

Que sont les rencontres si elles ne sont pas traversées par la gratuité, trace d'une hospitalité que conjointement nous construisons.

Ainsi, votre décision de retarder un investissement pour privilégier un placement solidaire. Ce mot « placement » est juste. Ne permet-il pas le déplacement d'une situation difficile jusqu'à la dissoudre. Que d'attentes d'un logement ont pu enfin trouver une issue pour des familles jusque-là démunies et désorientées n'ayant ni liens, ni lieu où exister.

Cet investissement, prenant en compte l'autre, brise le désespoir d'une attente, souvent si longue que le foyer a éclaté. L'heure solidaire est le refus du jugement. Au diable, les heures sombres où la défiance a délité la relation. Viennent ces heures, nées d'un compagnonnage, où s'éveille l'estime de soi.

L'aube pointe à l'horizon ; quelle belle heure !

Oui, joyeuse cette heure où le bail est conclu ; la signature du contrat acte l'espérance.

« L'Heure Solidaire », c'est encore ce moment où dans votre agenda vous acceptez de donner du temps pour inscrire une priorité à ceux qui n'en ont aucune.

A l'instant, je reçois une lettre d'un ami d'Habitat et Humanisme précisant qu'en famille, il avait projeté un voyage qu'il abandonne - je retiens ses mots - pour donner un coup de pouce à ceux qui peinent sur le chemin de la vie.

L'Heure Solidaire, c'est une heure qui traverse toutes les heures pour faire du neuf.

Si le temps ne suspend jamais son vol, il vole l'avenir des plus fragiles. Heureusement, il y a cette « Heure Solidaire » où l'on remet les aiguilles à l'heure.

Merci vraiment de tout cœur pour être à ce rendez-vous.

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