Uberisation : c’est l’heure de la revanche !

La blockchain et l'intelligence artificielle pourraient bousculer Internet et remettre en cause le mouvement d’uberisation constaté ses dix dernières années. Une bonne nouvelle pour les entreprises françaises, qui pourraient bien prendre leur revanche ! Par Philippe Mutricy, fondateur et président de Bpifrance Le Lab. Cette tribune est publiée en amont du Forum Finance Lyon organisé par La Tribune le 20 mai prochain à l'UCLy.
(Crédits : DR)

Depuis maintenant une dizaine d'années, des plateformes de services sur Internet sont devenues de vrais "géants numériques" (Amazon, Uber, sites de réservations en ligne...) et "uberisent" de très nombreux secteurs de l'économie, en supprimant de nombreux intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs. La plupart de ces géants sont américains ou chinois.

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L'Europe est présente bien sûr, mais sur des marchés beaucoup plus étroits, et avec retard. Or, le modèle économique de ces plateformes, fondé sur une loi de rendements croissants, fait que ce retard ne peut pas, en théorie, se rattraper. Ces géants pèsent des dizaines de milliards d'euros en bourse avant même d'être rentables, avec un niveau de capitalisation souvent bien supérieur à leurs concurrents de l'industrie traditionnelle. Alors est-ce la fin de l'histoire ? L'ubérisation de l'économie est-elle inéluctable ?

L'uberisation n'est pas la fin de l'Histoire du numérique

Il faut refuser ce défaitisme. La plateformisation de l'économie n'est pas le chapitre final de la révolution numérique. Nous n'en sommes encore qu'à l'âge de bronze de cette révolution, avec un bilan coûts/avantages encore très mitigé.

D'un côté, Internet a introduit une simplicité et une universalité d'usage inédites. Cette simplicité a levé, à faible coût, les barrières à l'entrée de nombreux marchés pour les PME et les ETI, tout en permettant à quelques start-up californiennes du début des années 2000 de devenir des géants numériques.

De l'autre, l'information diffusée via Internet reste fragile et vulnérable. Les "fakes news" prolifèrent, les cyber-attaques se multiplient, et même les géants de l'Internet comme Facebook ou Google ont du mal à se défendre. La fraude et l'insécurité informationnelle sont en train de tuer ce premier stade de la révolution numérique. Le service de base offert par la plupart des plateformes est excessivement basique : une mise en relation et une possibilité de payer en ligne. Il ne vaut pas, en tout cas, les 20 à 25% de commissions prises sur les transactions.

La blockchain, un nouvel internet en gestion

Avec la technologie Blockchain, un nouvel Internet - de nombreux auteurs qualifient la Blockchain d'Internet de deuxième génération - promet de remédier à cette vulnérabilité. La blockchain, sous certaines conditions, peut garantir une parfaite intégrité des données à l'échelle mondiale et des transferts de valeurs en toute sécurité. Mais pour que cette promesse soit accessible du plus grand nombre et non réservée à quelques initiés passionnés de codes informatiques, elle a besoin de l'intelligence artificielle.

Celle-ci se répand déjà sous différentes formes dans nos smartphones, dans nos voitures, nos maisons et dans nos usines. L'intelligence artificielle est en mesure d'introduire tellement de simplicité d'usage qu'elle va aider des pans entiers de l'économie à basculer vers des systèmes blockchain et faire émerger de nouveaux modèles économiques.

IA : la France dans le peloton de tête

Déjà aujourd'hui, la blockchain alliée à l'intelligence artificielle commence à son tour à "uberiser" ces plateformes. Cette combinaison entre IA et blockchain ne relève pas que de la technologie, et encore moins de la Science-Fiction. Elle relève de la stratégie de court terme. De nombreuses start-up s'en saisissent, des deux côtés de l'Atlantique.

L'industrie européenne est en phase active de prototypage de nouveaux systèmes de production utilisant de la blockchain. Pour cette nouvelle étape, l'Europe n'est pas en retard. Et la France, en particulier, est dans le peloton de tête.

La bonne nouvelle dans cette nouvelle étape de la révolution numérique est que ceux qui ont raté le train de la "plateformisation" ("ubérisation") de l'économie ont encore la possibilité de monter en marche pour prendre leur revanche.

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