Le premier signe fort de cette égalité aura été l'égalité des rémunérations. Premiers changements survenus : pour un travail de valeur égale, les femmes obtiennent le même niveau de rémunération (primes comprises) que les hommes, le même déroulement de carrière et leur salaire n'est plus considéré (de façon implicite) comme un salaire d'appoint. Il a fallu plusieurs décennies pour y parvenir, car ces inégalités salariales étaient multiples et complexes et allaient bien au-delà du seul salaire de base, à l'embauche. Les femmes, comme les hommes, ont des durées de travail proches (le temps partiel court, synonyme de précarité a disparu) ; la mixité totale des métiers est désormais acquise.

Il aura fallu enfin que les décideurs comprennent l'importance de revaloriser les emplois à prédominance féminine : accueillir des enfants ou des personnes dépendantes, enseigner, soigner, assister, mais aussi nettoyer, etc., sont devenus des services prioritaires. Conséquemment, des hommes ont accédé à ces professions bien reconnues et valorisées. Mais n'oublions pas que pour y parvenir, d'importantes campagnes contre les stéréotypes de genre sur les métiers ont eu lieu partout en France, dans tous les médias et dans tous les centres de formation et établissements scolaires.

Fini le sexisme

Au travail, l'égalité se traduit par la fin des barrières de verre, qu'ils s'agissent des plafonds et de parois, mais aussi des planchers collants : la parité est une évidence dans tous les niveaux de l'entreprise, à tel point que les jeunes générations ne sont même pas au courant des quotas et autres actions positives, mises en œuvre dans les décennies précédentes pour que le genre soit représenté partout de façon équilibrée. Peut-être que la parité à la tête des grandes administrations françaises, des entreprises du Cac 40 et le fait que l'on ait eu deux femmes présidentes de la République depuis n'ont pas été sans lien avec cette prise de conscience.

L'égalité au travail a réellement eu lieu, le jour où toutes les formes de violence sexuelles et sexuées ont disparu de l'entreprise. Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain. Il a fallu une nouvelle loi pour que ce sujet soit traité dans les négociations, que des référent.e.s violence et des formations à ces questions se développent.

Et l'on a oublié que dans les années 2010-2020, 80 % des femmes salariées se disaient victimes de sexisme au travail, 20 % de harcèlement sexuel au travail, et que 10 viols ou tentative de viol avaient lieu chaque jour en France sur un lieu de travail. Tout ceci est bien terminé. Et puis l'égalité au travail est passée aussi par l'égalité dans le hors travail : prendre un congé parental de quelques mois pour chaque parent, totalement rémunéré, est devenu possible, et même encouragé, et n'a plus aucun effet sur la carrière des un.e.s et des autres.

Ressource

Parce qu'enfin dans les entreprises, le rapport au temps n'est plus un indicateur d'efficacité, au contraire : parmi les critères de recrutement, y compris de cadres, le fait de vouloir prendre un congé parental est un « plus » (comme en Suède) ; finir sa mission dans le temps prévu et ne pas dépasser les horaires de travail, notamment le soir, sont également un indicateur positif.

Et dire qu'il aura fallu un énième rapport pour prouver que l'égalité, dans l'emploi et les salaires, n'est pas un coût mais, au contraire, une source de nouvelles ressources liées aux nombreuses créations d'emploi dans les services, à l'accroissement des rémunérations versées, au surcroît de cotisations perçues par le rattrapage salarial et aux nouvelles recettes fiscales obtenues... un total estimé à plus de 60 milliards d'euros selon différentes sources, à l'époque lointaine des années 2017-18.