[Mon rêve pour demain 2/5] Céline Bardet, juriste internationale

"Comment imaginez-vous la place de l'Homme dans la société du futur ?" "Comment peut-il évoluer, grandir, espérer, et par quel(s) moyen(s) ?" C'est ce qu'a souhaité savoir Acteurs de l'économie-La Tribune, en proposant à des personnalités de divers horizons d'apporter leur témoignage. Cette semaine, Céline Bardet, juriste internationale, fondatrice de We are NOT weapons of war, nous fait part de son rêve, de son souhait et de ses désirs.
(Crédits : Vic)

Le meilleur est-il toujours à venir (avenir) ? Un rêve n'est-il pas, par essence, ce quelque chose qui s'apparente à cette quête qui nous permet de nous lever chaque matin en nous donnant une raison de vivre ? Un sens.

Moi qui passe une grande partie de mon temps sur des zones de conflits ou dans des zones en crises, à écouter des victimes ayant subi les pires horreurs, à ouvrir des charniers, ce travail qui centre ma vie m'a forcément ancrée dans un réel violent, tellement loin de mes rêves...

Parce qu'ancrée dans ce réel violent ; ancrée dans cette urgence d'ici et maintenant rend demain tellement volatile. Et pourtant, tout le monde pense à demain. Mais selon que l'on se trouve à Bagdad, à Bangui, à Alep ou à Paris, ce demain est plus ou moins incertain, plus ou moins visible et surtout plus ou moins ambitieux.

Néanmoins, l'humain (ré)invente, toujours et encore, sa vie quand elle lui a été détruite. Il s'adapte, continue à croire et à espérer. La résilience dont l'humain est capable est une force extraordinaire.

Nous, l'humanité

Alors, que devrait être ce rêve de nos jours - pour nous européens et occidentaux - qui disposons de la liberté, de la laïcité, de l'accès aux soins, de la culture et de tous les besoins primaires comme se nourrir et être éduqué ? Telle est la sempiternelle question en 2017.

Ce monde dans lequel nous vivons est celui des réseaux sociaux, de la peur du terrorisme, des réfugiés, des startups, des applications, des conférences TED, du transhumanisme, de l'immortalité même ! Tout change et l'humain n'a d'autres choix que de s'adapter. Mais si aller dans l'espace, faciliter nos vies avec la technologie, l'accès plus facile à l'information, et la liberté sont des progrès indéniables, il va falloir apprendre à se réguler, à se gérer et à essayer de revenir à l'essentiel. Cet essentiel s'appelle "nous", l'humanité.

Celle qui souffre dans les trois quarts du reste du monde, celle dominée par les enjeux économiques et financiers, celle qui ne fonctionne plus nécessairement à travers des gouvernements, mais à travers le pouvoir de l'argent, des lobbies et du capitalisme dans sa version la plus sombre. Mon rêve de demain est celui d'aujourd'hui. Capitaliser sur cette ouverture du monde qui va enfin nous permettre de mieux comprendre que rien n'est unilatéral ni certitude, que la notion de sécurité, de besoins, d'envie varie selon les cultures et son histoire. C'est dire oui aux technologies si elles servent réellement le bien commun, mais aussi, et surtout se demander comment, en 2017, peut-on encore être victime de barbarie, mourir de faim ou de maladie ?

Ce rêve qui nous lie

L'Europe qui a donné la paix, doit être aujourd'hui solidaire. Une Europe qui s'ouvre, qui n'a pas peur, celle qui protège et qui défend des valeurs, des principes, qui forment notre dignité. Celle des Hommes et des Femmes que nous sommes et qui aspirent - de Kinshasa à New Delhi, de Berlin à Ankara - à vivre heureux, en paix, en dignité et en sécurité. Ce qui nous lie les uns aux autres, c'est bien ce rêve. Ce qui nous porte et nous libère, c'est bien nous, parce que le pouvoir - celui d'accéder à nos rêves -, seuls nous en disposons. Nous sommes notre force et donc notre rêve.

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