Des vacances, plus qu’un droit, un devoir pour enrayer les exclusions

Vacances est synonyme de liberté, d'aventures, mais pour qui ? Bernard Devert, fondateur d'Habitat et Humanisme, s'interroge sur ces enfants qui ne peuvent partir. Et tente d'en trouver une solution.
(Crédits : Laurent Cerino/ADE)

Que d'enfants pendant ce temps ont le sentiment d'être à part. A la rentrée, ils entendront des camarades partager leurs découvertes. Eux-mêmes seront "restés sur le pavé" ; le mot est malheureusement juste.

Ce constat, qui concerne un enfant sur trois, est trace d'une profonde rupture d'iniquité. Il convient impérativement de ne pas l'accepter. Comment ne pas s'étonner que cette situation ne fasse pas de vagues, comme si cette privation de voyages, de déplacements n'avait pas de conséquences.

Exclusion sociale

Ne point partir, c'est priver l'enfant d'une capacité d'émerveillement, aggravant son exclusion sociale.

Combien d'enfants restent dans leurs cités sans pouvoir faire l'expérience de l'inconnu, de l'étrangeté, pourtant jamais indifférente aux rêves. Il est aussi une corrélation - comment l'occulter - entre la pauvreté et les drogues facilitant les voyages mortifères. S'ils ne sont pas seulement l'apanage des plus précaires, que d'enfants dans des quartiers difficiles sont instrumentalisés par des dealers, ne serait-ce que pour les informer de la présence policière.

Ces semaines, dites de vacances, ne sont pas sans risque à commencer par celui de l'assombrissement de l'horizon de ces jeunes, alors qu'ils ressentent déjà combien leur avenir est fracturé.

Ne point partir, c'est pâtir d'un handicap social.

Pensée libérée et libérante

Les vacances pour les plus aisés sont liées à des îles lointaines mais pour les plus vulnérables elles sont une autre île si nous voulons bien nous rappeler les mots du poète John Donne : "Aucun homme n'est une île, un tout en soi, chaque homme est un fragment du continent, une partie de l'ensemble."

Seulement la précarité, la misère brisent cet ensemble. Une nouvelle fois, il s'agit de se poser la question : que faire pour que tout enfant puisse partir, afin d'habiter cette part d'évasion qui le construit ?

Il ne s'agit pas d'exprimer des jugements, mais d'entrer dans une pensée libérée et libérante : comment puis-je accueillir un enfant, lui proposer de partir avec les miens... "Prendre un enfant par la main, pour l'emmener vers demain pour lui donner confiance en son pas." (Yves Duteil).

Habitat et Humanisme, et Vacances et Familles mettent en œuvre une initiative, se rappelant que le sujet n'est pas de critiquer ou d'ajouter des plaintes, mais de créer du neuf.

Cette attention aux enfants témoigne d'un esprit de fraternité ouvrant sur des espaces intérieurs qui, lorsqu'ils sont visités, transforment au-delà même de ce que l'on peut imaginer. Quel voyage !

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