Finance éthique : oxymore ou pléonasme ?

La finance éthique : oxymore ou pléonasme ? Probablement ni l'un ni l'autre, avance Guillaume Alberto, directeur commercial CIC Banque Privée Lyonnaise de Banque.
(Crédits : DR)

Le système financier international a largement participé au développement économique et à la croissance depuis des décennies, entraînant une création de richesse, un niveau de productivité d'innovation et de consommation jamais atteint.

Par ailleurs, l'ouverture progressive des marchés aux petites et moyennes entreprises, la volonté de drainer une épargne toujours plus abondante vers la bourse, mais aussi la sophistication des outils et instruments de gestion, ont permis la création d'une véritable économie mondialisée, intégrée et totalement financiarisée.

Néanmoins, le développement rapide de cette sphère financière et son imbrication dans l'économie réelle ont propagé et diffusé insidieusement des risques qui auraient dû normalement être circonscrits beaucoup plus en amont.

Ainsi, les récentes crises (nouvelles technologies, subprimes, etc.) ont mis en évidence les conséquences désastreuses des excès, et des travers, de ce système financier : récession, chômage, pauvreté, perte de cohésion sociale, etc.

Depuis une vingtaine d'années, notamment sous la pression de certains investisseurs institutionnels (fondations, congrégations...), d'autres critères de sélection ont été intégrés par la gestion financière : critères environnementaux, éthiques, sociaux, de transparence, ce que l'on retrouve aujourd'hui sous les appellations ISR et ISG. Certaines études démontrent même qu'à long terme, la prise en compte de ces facteurs, non financiers, améliore la performance des entreprises qui les intègrent.

Ni l'un, ni l'autre

Cependant, dans les faits, nombre de gérants d'actifs peinent à utiliser de tels critères. D'abord parce que leur définition n'est pas figée, ou exhaustive : qu'est-ce qu'une bonne gouvernance ? Critères environnementaux : lesquels ? Ensuite, parce que certains aspects supposent une vision à long terme que n'ont pas forcément les investisseurs finaux.

À ce stade, les labels ISR/ESG ne sont pas que des vecteurs marketing donnant bonne conscience à leurs promoteurs ou à leurs clients. Ils doivent être considérés comme la volonté d'élaborer une démarche qualitative, responsable et durable dans un monde qui apparaît lui-même comme désorienté, incontrôlable et potentiellement destructeur.

Alors, la finance éthique : oxymore ou pléonasme ? Probablement ni l'un ni l'autre, mais faisons le vœu qu'elle penche de plus en plus vers la deuxième proposition.

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