L'apprentissage passe aussi par les Grandes Ecoles

Les Grandes Ecoles sont également concernées par la réforme de l'apprentissage, un processus ancré et revendiqué pour la formation des ingénieurs et des managers. Par Sophie Commereuc, présidente de l'Alliance des grandes écoles Auvergne-Rhône-Alpes (AGERA).
(Crédits : DR)

L'AGERA soutient ses membres pour le développement de l'apprentissage au sein des Grandes Écoles, comme en atteste la progression de 32 % des flux entre 2015 et 2018. Voici pourquoi :

L'apprentissage constitue un projet éducatif spécifique et ambitieux, il doit être conçu et développé comme une voie spécifique. Il repose sur des filières qui conjuguent l'intérêt éducatif pour l'apprenti et l'apport de valeur pour l'entreprise partenaire dans une démarche de co-construction. En corollaire, il offre une formidable opportunité d'innovation pédagogique pour les établissements d'enseignement supérieur.

Les profils requis pour l'apprentissage ne sont pas ceux de la formation sous-statut étudiant. Les Grandes Écoles ont largement diversifié leurs voies de recrutement, mais force est de constater que l'apprentissage favorise l'accès aux diplômes d'ingénieur et de manager ainsi qu'à des diplômes spécialisés à des élèves non forcément habituels des Grandes Écoles (DUT, BTS, universitaires). Il faut souligner qu'il s'adresse également à des élèves de classes préparatoires présentant un tropisme pour les parcours expérientiels.

"L'apprentissage, c'est avant tout un choix"

Ainsi, c'est une forte envie d'alterner enseignements académiques et apprentissages sur le terrain qui a conduit Thierry Ytournel dans un cursus 100 % en apprentissage, du CAP au diplôme d'ingénieur ! Aujourd'hui, ingénieur Etudes et Méthodes chez Bourg Industries (42), après quelques années d'expérience à l'étranger, il aime à partager les valeurs qui animent son parcours : "c'est apprendre un métier, c'est voir où on va et évoluer très vite, c'est aussi repousser les limites et s'investir à 200 %".

Un constat, l'apprentissage est un véritable levier d'ouverture sociale. C'est un élément avéré par la récente enquête de la Conférence des Grandes Écoles. Par ailleurs, Formasup mesure que 44 % des apprentis étaient boursiers durant leurs études antérieures.

Les Grandes Écoles présentent des liens structurés et historiques avec le monde économique. Autre raison à l'importance de développer l'apprentissage, il participe au développement économique des territoires en irriguant le tissu des PME, en particulier locales. L'apprentissage favorise la coopération des Grandes Ecoles avec les PME/ETI (voire TPE et startup aujourd'hui). Si les étudiants des Grandes Écoles s'orientent souvent spontanément vers les grands groupes, les apprentis intègrent volontiers des entreprises de taille plus modeste et permettent souvent de percer des fronts économiques sur des sujets à haute valeur. La proximité entretenue avec l'entreprise favorise le transfert de technologie et l'innovation, donc la compétitivité.

Faire évoluer la représentation collective

Des progrès ont été accomplis, mais il est encore nécessaire de faire évoluer la représentation collective de l'apprentissage pour qu'il soit reconnu comme une filière d'excellence et non comme un mode dégradé de la formation initiale. Les exigences sont les mêmes, notamment concernant l'approche multiculturelle, essentielle pour les formations des ingénieurs, managers et cadres spécialisés. Cependant, les aspects juridiques, complexes et contraignants, constituent un frein à l'implémentation de la mobilité internationale des apprentis.

Le développement de l'apprentissage dans les Grandes Écoles répond à une demande forte des entreprises (souvent non pourvue) et des jeunes élèves (de plus en plus). L'AGERA joue son rôle de Think Tank dans le cadre des travaux de la "commission apprentissage" créée dès 2004 (veille, organisation d'ateliers, observatoire...). Un contact étroit avec les entreprises et leur représentation (branches) est nécessaire. C'est la raison pour laquelle l'AGERA a récemment ouvert un nouveau collège de membres, les membres correspondants dont le premier est l'ITII Lyon.

Simplifier les démarches d'ouverture

Dans le contexte actuel, l'AGERA défend une simplification des démarches d'ouverture de nouvelles formations et appelle à un financement forfaitaire par apprenti suffisant pour produire un enseignement de qualité, et surtout pour garantir un tutorat de bon niveau, clé de voûte de la qualité du projet éducatif et impératif pour que l'apprentissage produise un développement économique pour les entreprises.

Organisation agile et extra-institutionnelle, l'AGERA réunit 42 Grandes Écoles de la région Auvergne Rhône-Alpes. Sa force réside dans la diversité des cultures et des approches des établissements membres qui partagent des valeurs communes, comme l'exigence de l'excellence de la formation et l'engagement au service du développement des territoires au travers d'actions de recherche et de transfert de technologie. Le lien étroit au monde socio-économique est dans l'ADN des Écoles dont 2/3 d'entre elles portent une formation par apprentissage.

Avec 38 000 étudiants, dont 9 % d'apprentis, l'AGERA partage sa vision de l'apprentissage comme un véritable engagement au service de la réussite des jeunes et du développement des entreprises. L'AGERA maille l'ensemble des territoires de la Région et ces formations ne font pas exception, implantées de Clermont-Ferrand à Grenoble, à Lyon, Saint Étienne-Valence et Chambéry

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