Congés ou Vacances ? Nous sentons naturellement que ce n'est pas la même chose. Depuis 1936 en France, nos citoyens ont droit à des congés, payés, mais tous ont-ils la possibilité de partir, non pas en congés, mais en vacances ? Les dernières statistiques connues mettent en évidence que 40% des français ne partent pas en vacances, bien qu'étant en congés, dont un bon tiers par manque de ressources financières suffisantes, notamment pour les familles, alors même que les vacances constituent un moment formidable de partage, d'échanges et de découverte avec ses très proches. Ce "non-départ" en vacances crée un sentiment de culpabilité, notamment chez les  parents et une situation de tension avec les enfants. Combien de personnes dans cette situation n'aime pas cette période qui est source de frustration, de sentiment d'exclusion, et donc d'injustice. Les "vacances", c'est probablement l'un des marqueurs les plus significatifs de notre société à deux vitesses.

N'oublions pas, aussi, ceux et celles qui travaillent pour que nous puissions justement partir en vacances et savourer ces moments de détente. Pour la chaîne économique du tourisme, les périodes de vacances constituent un enjeu majeur sur le plan de l'activité des entreprises de ce secteur, et donc de l'emploi. Oui, les vacances, le tourisme, c'est un business très contributif à la bonne santé de notre économie (plus de 7% du PIB)$

Les vacances, c'est comme l'histoire de la Rolex

Sur un plan plus personnel, je ne suis pas sûr d'avoir aimé toutes mes périodes de vacances car, au fond, elles constituent une forme de figure imposée du bonheur avec tous les clichés du consumérisme : tu es en vacances, donc tu dois être heureux ! Tu n'es pas parti en vacances ? Tu étais à la campagne, non ?!!...Tu n'es pas allé à la mer ? Tu es resté en France ?

Sans compter ces millions de post sur les réseaux sociaux pour gagner le "concours" de celui ou celle qui passerait les plus belles vacances. Au retour, le sport national continue avec la question fondamentale : "tu as fait quoi pendant tes vacances ?", source de dépit ou de satisfaction, selon la réponse..., tant nos sociétés ont fait du bonheur un objet de consommation, et donc un critère de comparaison matérialiste. Les vacances, c'est devenu un peu comme l'histoire fameuse de la Rolex, un marqueur de la réussite de ta vie !

Un moment inégalable vers le bonheur

Mais j'aime aussi ces périodes qui constituent un moment inégalable dans notre constant cheminement de recherche du "vrai" bonheur. C'est une étape nécessaire et même formidable pour reposer son corps (mens sana in corpore sano), mais surtout son esprit. "Partir" en vacances, c'est aussi un moyen de sortir de cet infernal écart-type de la vie dont les bornes seraient « subir » ou « choisir ». Les vacances, lorsqu'on a la chance de pouvoir en profiter, c'est le moment où l'on peut tenter de pousser le curseur plus près du « choisir », que du « subir » : s'affranchir des codes de notre vie quotidienne, choisir son rythme de vie, s'occuper et entourer d'affection ses proches, choisir les personnes que vous rencontrez, et avoir le loisir et le temps de penser sans contraintes. Découvrir, prendre du recul, penser, certains diraient se recueillir, pas de façon narcissique, mais bien pour s'affirmer en tant que personne, et continuer à découvrir ce qui constitue le moteur de sa vie, personnelle et professionnelle.

"Vacances pour tous"

Au fond, c'est un moment important d'introspection. Combien de décisions personnelles, professionnelles, spirituelles, sont prises à l'issue de cette période d'été qui rythme la vie de notre pays !

On peut d'ailleurs s'interroger sur cette spécificité française d'un pays à l'arrêt pendant les périodes estivales. Certes, le rythme scolaire constitue un passage obligé, mais combien sont contraints aux congés dans ces périodes qui ne correspondent pas forcément à leurs attentes et au moment de leur vie. N'y a-t-il pas là aussi un axe de réflexion, et d'action, qui serait profitable à chacun et chacune d'entre nous, mais aussi pour le collectif tant ces transhumances, notamment estivales,  sont antinomiques avec nos aspirations au respect de l'environnement et au développement durable pour notre planète.

Alors, vive les vacances ? Évidemment, mais les vacances pour tous!