Si l’océan était un pays, il serait la septième économie de la planète

Alors que Donald Trump a décidé de sortir les Etats-Unis de l'Accord de Paris, pour Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS, université Pierre et Marie Curie et Institut du développement durable et des relations internationales, il est aujourd'hui capital de le mettre en oeuvre le plus vite possible afin d'éviter un scénario catastrophe. Car l' "économie bleue" dépend d'océans en bonne santé.

Les océans sont source d'immenses richesses et de services pour la société. Même les personnes vivant à des milliers de kilomètres de la côte bénéficient, parfois sans le savoir, de leurs services rendus. L'océan mondial modère le changement climatique en absorbant plus du quart des rejets de gaz carbonique par les activités humaines et il stocke plus de 90 % de l'excès de chaleur lié à l'augmentation de l'effet de serre. La pêche et l'aquaculture fournissent à deux milliards d'habitants de la planète une part significative de leurs besoins en protéines. Les écosystèmes marins, comme les récifs coralliens et les mangroves, protègent les côtes des effets destructeurs des houles, tempêtes et cyclones.

Les océans sont aussi le support d'activités récréatives et touristiques et un support très important du transport et du commerce mondial. La valeur totale de ces richesses représente 24 000 milliards de dollars (22 milliards d'euros) et le "produit marin brut", équivalent du PNB d'un pays, est de 2 500 milliards de dollars (2 300 milliards d'euros) par an. Si l'océan était un pays, il serait la 7e économie de la planète après les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France.

Cette "économie bleue" dépend à 70 % d'océans et d'écosystèmes en bonne santé. Or, les pressions sont nombreuses. À l'échelle globale, la modération du changement climatique grâce à l'absorption du CO2 et de la chaleur a un coût : l'acidification et le réchauffement de l'eau de mer. La fonte des calottes polaires et des glaciers continentaux provoque une élévation du niveau de la mer. Aux échelles locale et régionale, pollutions diverses et surexploitation des ressources menacent aussi les eaux côtières et régionales.

Contrastes

Pour ce qui est du futur, les risques d'impacts auxquels les océans feront face sont très contrastés selon le scénario d'émissions de CO2 considéré à l'horizon de la fin du siècle. La poursuite du rythme actuel d'émissions provoquerait des risques élevés à très élevés pour la plupart des organismes et services écosystémiques d'ici 2100, voire dès 2050. Si l'Accord de Paris sur le climat, négocié en 2015, permet d'éviter ce scénario catastrophe, il ne permet pas d'éliminer tout risque d'impact. Les récifs coralliens restent, par exemple, très menacés même dans un scénario à faibles émissions, lequel est compatible avec l'objectif de contenir l'augmentation globale de la température en deçà de 2°C.

L'Accord de Paris est entré en vigueur en novembre dernier. Il est à présent capital de le mettre en œuvre sans délai. La prochaine administration américaine sera peut-être moins convaincue et motrice sur cette question (depuis, Donald Trump, le président des Etats-Unis a annoncé le retrait du pays de l'Accord de Paris, NDLR), mais les autres gouvernements ainsi que les régions, villes, entreprises et citoyens se sont mis en marche. La transition énergétique promet de fantastiques opportunités, alors qu'elle est par ailleurs notre seul moyen d'éviter un scénario catastrophe. Il ne faut également pas perdre de vue l'importance de réduire la surpêche et les agressions plus locales. Il en va de l'avenir des océans... et du nôtre.

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