Pour l’avènement d'une science des villes

Pour résoudre les problèmes de la ville de demain, il ne faut pas s'appuyer sur des intuitions mais sur des faits. Rémi Louf, chercheur au Centre d’analyse spatiale avancée (Casa), collège universitaire de Londres, et prix "Le Monde" de la recherche universitaire, milite pour le développement d'une science des villes afin de mieux les comprendre. Et par conséquent rendre les politiques plus efficaces.

Les villes du futur ont déjà existé, et ont même déjà échoué. L'histoire est en effet jonchée d'utopies mort-nées : la Cité radieuse chère à Le Corbusier, la ville intelligente (et vide) de Songdo en Corée du Sud, la ville zéro-émissions (vide elle aussi) de Masdar aux Émirats Arabes Unis. Néanmoins l'utopie est tentante. En imaginant la ville de demain, une vision s'est immédiatement dessinée : des villes hyperoptimisées, où tout est ordonné et fluide, mesuré et adapté en temps réel. Une ville technologique et confortable... l'utopie de mon époque.

Le rêve passé, il me faut bien l'avouer : je ne sais pas grand-chose de la ville de demain, sinon qu'elle sera très peuplée. L'Organisation des Nations Unies estime qu'en 2030, 75 % de la population mondiale vivra dans les villes, soit six milliards de personnes. Cette révolution (urbaine) ne pourra bien se passer que si nous trouvons des solutions aux problèmes que les villes rencontrent aujourd'hui : trafic, impact environnemental, ségrégation sociale et raciale, manque de résilience menacent la soutenabilité de l'urbanisation dans le monde.

Place aux faits

Pour les résoudre, il faut stopper nos rêveries afin d'écouter la ville, l'étudier et la comprendre. Imaginez envoyer des fusées dans l'espace sans une connaissance du phénomène de gravité. Imaginez opérer un patient sans connaissance du corps humain. Impossible. C'est pourtant ce que l'on fait lorsque l'on construit des villes en s'appuyant sur des intuitions. En collectant des données, essayant d'en tirer des faits généraux, les expliquer avec des modèles mathématiques simples, ce travail est long et laborieux, mais nécessaire. La réalité, malheureusement, ne se nourrit pas d'images séduisantes, mais de comportements, d'interactions, d'équilibres. De faits.

Mon plus grand rêve serait ainsi l'avènement d'une nouvelle science des villes. Une science qui naîtrait au croisement des nombreuses disciplines qui s'y intéressent. Car l'enjeu est grand : après seulement quelques siècles d'existence, la méthode scientifique nous a apporté les avions, l'ordinateur, les téléphones, les vaccins, etc.  Imaginez à quoi ressembleraient nos villes si nous les comprenions mieux. Si nous pouvions transformer les bonnes intentions en politiques efficaces.

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