La clé pour réussir une réforme ? Prendre son temps

Pour Franck Martin, auteur de "Managez Humain, c'est rentable" (De Boeck), le manque de considération humaine attire immanquablement les blocages relationnels et les conflits sociaux. Les politiciens doivent donc apprendre à prendre le temps, car plus la réforme est sensible, plus elle nécessite de la communication.

Alors que les opposants à la loi travail ont manifesté de nouveau dans les rues le 15 septembre pour réclamer l'abrogation de ce texte promulgué pendant l'été, une question mérite d'être posée. Pourquoi les réformes en cours, en France, sont-elles incomprises ? Sans doute parce qu'imposées, mal formulées et/ou mal - pas vendues.

De fait, la relation de confiance prime sur le contenu. La profondeur des réformes, la sensibilité des sujets qu'elles touchent impliquent des précautions relationnelles. Quelques soient les contextes, privés, professionnels, sociaux ou politiques, le contenu de ce qui est à "vendre", à communiquer, à expliquer, ne sera jamais aussi bien accepté que si l'on prend le temps nécessaire pour créer cette relation de bienveillance et de respect.

Ils pensent, nous appliquons

Cependant, ne nous trompons pas. Nos politiciens ne réforment pas, ils proposent des actions, des organisations, des stratégies, pour que les Français mettent en place les changements envisagés. Le peuple français a la charge de réformer de manière opérationnelle, d'incarner, de la façon la plus positive et alignée, les changements nécessaires.

Les politiques pensent, nous appliquons. Nous réformons sur le terrain ce que nous politiciens pensent dans leur hémicycle. Et la bienveillance, mais aussi l'honnêteté, la transparence, la pédagogie, la communication, la patience, sont indispensables pour que le résultat soit atteint.

Prendre le temps

Pour "re-former", comme pour former, il faut communiquer, être pédagogue, prendre le temps d'accompagner humainement les démarches, les concepts, les outils, proposés. Mais il n'est pas facile d'inverser sa relation au temps et aux résultats : nous sommes trans-générationnellement, culturellement, dans un monde où, "le temps, c'est de l'argent."

Face à cette situation, nos dirigeants ont un défi : ils doivent maintenant apprendre à prendre en compte les considérations individuelles, dans la mise en place des réformes et des projets collectifs. Or, cela prend ... du temps là où l'habitude est d'aller très vite. Plus la réforme est sensible, plus elle nécessite de la relation, de la communication, de l'information, individuelle comme collective.

Dans un projet, en entreprise, une seule personne n'ayant pas compris, ou ne se sentant pas prise en compte dans ses considérations profondes, peut boguer un projet à plus ou moins long terme. Ne pas prendre ce temps, c'est faire le lit d'une bien plus grande perte que le simple temps : perte d'argent, perte des forces vives, pertes humaines. Le manque de considération humaine attire immanquablement les blocages relationnels et les conflits sociaux. C'est une équation systémique.

Réussite

La clé pour sortir de cette impasse est relativement simple : adopter une démarche respectueuse, agir avant tout avec bienveillance, être humble, prendre en compte les points de vues des autres de manière inconditionnelle, être honnête, être déterminé à aller au bout - quel que soit le temps et les difficultés relationnelles, co-créer un cadre de travail avec les forces en action, touchées par le dit projet ou la dite réforme, le respecter soi-même et le faire respecter sans aucun passe-droit, travailler de manière créative et collaborative - surtout pas de manière individualisée et hiérarchisée, sous peine d'échec immédiat ! Joyeuse réforme.

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