La mort silencieuse des SDF, une criante déshumanisation

Bernard Devert, président-fondateur d'Habitat et Humanisme tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme sur la situation des sans-abris en France. Et appelle au devoir de vigilance de chaque citoyen.

Au cours de ces deux dernières années plus de 5 000 personnes sans-domicile sont, en France, mortes dans la rue.

 Le mal-logement, nous le savons, est un drame :

  • Mort biologique : l'absence prolongée d'un toit en est l'annonce.
  • Mort psychique : que de pertes d'estime conduisant les oubliés de notre société à s'interroger : pourquoi vivre, observant les refus, l'indifférence, quand ce n'est pas le mépris assassin.

Une exigence éthique

Lutter contre la misère est une exigence éthique qui ne souffre aucune patience ; la gravité de la situation relève de l'assistance à personne en danger ; la déserter n'est-ce pas condamner des victimes de la misère à devenir esclaves de la rue ?

Certes, des lois ont été votées qui auraient dû atténuer le mal. Il faut malheureusement relever que sur la dernière décennie le nombre de sans-abri a doublé, pour concerner désormais plus de 30 000 enfants.

Lutter contre les iniquités est un combat ; il doit traverser l'acte de bâtir et de gérer aux fins de donner une absolue priorité à ceux que l'économie, non seulement exclut, mais tue pour ne point leur faire de place.

Détermination

Quant à la recherche de cet emploi et de ce logement, l'attente trop longue a brisé l'espoir ; les couples, souvent, se sont alors défaits.

La lutte contre le mal logement ne se résout pas avec des cris et des slogans, mais avec la ferme détermination de se rapprocher de ceux qui sont dans la rue, souvent se cachent pour trouver, à défaut de chaleur humaine, un peu de protection dans les lieux publics comme les gares, les usagers étant suffisamment pressés pour que cela confère l'anonymat.

Sur nos autoroutes, nous lisons cette apostrophe formée de grandes lettres lumineuses : Voyager, c'est aussi savoir s'arrêter.

Veiller pour éviter la déshumanisation

Adisor, un roumain qui vécut longtemps dans la rue, rencontra un journaliste qui pour passer devant lui chaque jour, comprit que son indifférence allait prolonger 'l'errance' de cet homme. Il s'arrêta et le regarda. Tous deux sortirent de leur enfermement : la porte d'un logement et l'accès à un travail progressivement s'ouvrirent.

Seuls les regards qui vous espèrent, dit Paul Baudiquey, sont ceux qui vous font naître.

Au moment où j'écris cette chronique, le téléphone sonne. Une famille Rom de 6 enfants, tous scolarisés risque de perdre son logement. La difficulté est liée au fait que la maman a dû laisser son passeport à un maffieux pour ne point pouvoir payer l'inique somme qu'il lui réclame pour la traversée.

Plus d'aide au logement, la rue se profile. Il s'agit bien de ne point accepter l'inacceptable. Veiller, n'est-ce pas refuser ce qui déshumanise ?

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Commentaire 1
à écrit le 18/04/2016 à 15:28
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Nous sommes de tout coeur avec votre combat... et sommes heureux que notre travail de longue date, de patience, pour recueillir les informations sur chacun des décès de personnes sans domicile, puissent peu à peu, être avocat de la cause des plus p...

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