Métropoles et régions : associées ou rivales ?

L'articulation entre nouvelles régions et métropoles est au cœur des enjeux territoriaux actuels. Pour Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS Centre de recherches sur l'action politique en Europe (CRAPE), face à cette situation, trois scénarios se dessinent quant à l'avenir des territoires.

Après les lois MAPTAM (27 janvier 2014) et NOTRe (7 Août 2015), l'articulation entre nouvelles régions et métropoles est désormais la question territoriale majeure. Fait régional et fait métropolitain vont-ils générer une dynamique vertueuse ? Trois scénarios sont envisageables : le scénario darwinien, lampedusien et girondin.

Une forte compétition

Dans le scénario darwinien, métropoles et régions se lancent dans une compétition féroce pour la maîtrise des leviers de l'attractivité économique. La loi NOTRe laisse augurer une forte compétition en région et métropoles autour du schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation.

Ce scénario est envisageable dans les régions caractérisées par une très forte polarisation où cette concurrence pourrait être alimentée par des conflits autour du leadership politique territorial comme l'illustre la configuration lyonnaise. Mais les victimes ne pourraient pas être celles que l'on croit. Les départements ont peut-être davantage à craindre de cette compétition dans un contexte où la  région se repositionnerait davantage sur une fonction d'équilibre et d'aménagement sur le territoire.

Tout ou rien

Dans le second scénario tout change pour que rien ne change pour reprendre la belle formule du Prince de Lampedusa. Régions et métropoles s'appuient sur la force d'inertie de la décentralisation « à la française » pour privilégier une situation de statu quo ou d'ajustements résiduels. En effet, nombre de régions et de métropoles françaises n'ont ni les ressources institutionnelles ni les capacités économiques pour s'engager dans des stratégies de développement autonomes.

Le poids du mille-feuille est ici intact sinon renforcé par les lois MAPTAM et NOTRe. Dans ce scénario, les schémas régionaux prescriptifs  au sein des futures conférences territoriales de l'action publique reproduiront les arrangements antérieurs selon des logiques de consensus et de connivence que l'on observe souvent dans le fonctionnement des EPCI petits ou grands. L'expérience montre que c'est le scénario le plus probable.

Différenciation territoriale

Le scénario girondin, quant à lui, fait l'hypothèse d'une poussée de la dynamique de différenciation territoriale déjà à l'œuvre dans la décentralisation à la française. Il prend acte que le gouvernement renonce à la décentralisation « par le haut » en se refusant à toute réforme constitutionnelle (principe de non tutelle, droit à l'expérimentation) et à toute évolution de structures (fusion communale, couple département/région).

Dans cette hypothèse, l'articulation des logiques métropolitaine et régionale reposeront sur des modèles territoriaux d'action collective singuliers. Or, tous les systèmes d'acteurs n'ont pas la même capacité à produire des coalitions institutionnelles et politiques élargies pour porter de tels projets territoriaux. Sur le modèle corse ou lyonnais, c'est donc une France territoriale à géométrie variable qui se dessinerait ici.

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