Espaces de discussion sur le travail au Crédit coopératif, réunions de régulation des contraintes dans une PME industrielle, organisation responsabilisante chez Michelin : plusieurs expériences récentes témoignent de l'engagement d'entreprises dans des démarches visant à faire une place au dialogue sur les questions liées au travail.

Pourquoi l'expression des salariés et des managers sur leur travail redevient-elle ainsi un sujet d'actualité ? La compétition économique couplée aux incidences de la financiarisation a conduit les entreprises à adopter des organisations laissant peu de place à l'initiative et à l'expression des salariés. Sous la pression conjuguée des délais et des objectifs, d'une recherche continue d'amélioration de la productivité, la qualité des coordinations internes a eu tendance à se détériorer. Les managers se trouvent fréquemment en position de traduire les demandes de la direction sans disposer de marges de manœuvre pour animer les équipes.

Principe de subsidiarité

Les entreprises qui expérimentent la mise en place d'espaces de discussion ont pris conscience que, dans des situations complexes, l'adaptation de l'organisation - voire sa survie - dépend pour beaucoup de la capacité des salariés à prendre des initiatives. La parole sur le travail se trouve en effet au cœur des exigences des nouveaux modèles productifs pour plus d'agilité.

Les espaces de discussion qui émergent reposent sur le principe de subsidiarité (le problème est discuté au niveau où il peut trouver le plus rapidement une réponse) en impliquant les acteurs directement concernés. De telles initiatives restent encore minoritaires, car les espaces de discussion sont fréquemment jugés comme n'étant pas "directement productifs".

Créativité des salariés

Les temps de partage sur les objectifs d'un projet, le travail collaboratif, l'analyse des problèmes constituent pourtant de réelles sources d'amélioration de la qualité du travail. À condition toutefois que ces espaces soient pris en compte dans les processus susceptibles de transformer la parole en décision et en actions (canal managérial, canal dialogue social).

Exercice difficile et exigeant, la mise en place d'un dialogue sur les questions de travail ne va pas de soi et demande à être outillée (définition d'objectifs, d'un cadre permettant à chacun de s'exprimer sur son travail sans être jugé, formation des managers, etc.). Il peut se révéler une source de reconnaissance, de confiance et de créativité pour les salariés. Et donc constituer un moyen puissant d'agilité, d'adaptation et d'innovation des entreprises.