Le caractère "régional" est à la fois la raison et la difficulté d’être des Frac

L’intérêt des Fonds régional d'art contemporain (Frac) porte sur la pérennité des fonds, leur diversité et leur diffusion au plus près d’un public non averti. La pérennité des fonds est liée à l’aspect non spéculatif des achats des Frac, privilégiant l’intérêt général et dictée par la seule qualité des œuvres et des artistes. Par Alain-Dominique Gallizia, architecte et collectionneur d’art graffiti.

Rien ne différencie à priori la collection d'un Frac de celle d'un amateur régional d'art contemporain. Leur constitution tient au désir d'une personne et de quelques conseillers avisés, souvent historiens de l'art, définissant son orientation et assurant sa cohérence. L'intérêt des Frac, tel que défini par Claude Mollard, leur créateur sous la houlette de Jack Lang, porte sur la pérennité des fonds, leur diversité et leur diffusion au plus près d'un public non averti. La pérennité des fonds est liée à l'aspect non spéculatif des achats des Frac, privilégiant l'intérêt général et dictée par la seule qualité des œuvres et des artistes.

Impulsion des collectionneurs privés

Leur sélection est le fruit d'une veille artistique constante, à laquelle artistes et collectionneurs peuvent participer dans leurs domaines d'action et de compétence. La diversité dans les centres d'intérêt est moindre que celle des collectionneurs privés, plus nombreux et plus spécialisés aujourd'hui que lors de la création des Frac en 1982, et parfois aussi avisés pour découvrir un artiste, voire un art.

L'art du graffiti sur toile n'a ainsi été exposé en 1991 à Paris, au musée des Monuments français, que par le concours de collectionneurs privés, sous la volonté directe du ministre de la Culture, Jack Lang, sans aucune pièce en provenance de fonds officiels, démunis aujourd'hui encore. La diffusion de l'art auprès de tous les publics est le point fort des Fonds régionaux d'art contemporain, ils offrent régulièrement près de 30 % de leurs œuvres à la vue d'une région parfois mal pourvue. Le caractère "régional" est à la fois la raison et la difficulté d'être des Frac.

Unir nos efforts

Son particularisme peut être régionaliste, comme au Frac Bretagne, mettant en avant deux enfants du pays, Raymond Hains et Jacques Villeglé, mais il peut aussi être l'intérêt particulier d'un directeur pour une forme pointue d'art. Les visiteurs souhaitent parfois un Frac généraliste, qui perdrait sa vocation à le faire.

La spécificité de chaque Frac permet, dans une prise de risque calculée, d'ouvrir le champ des régions de l'art. La "Platform", récemment créée sur le web, présente l'ensemble des œuvres acquises par les Frac et a le mérite de mettre en valeur, à l'échelle nationale, le fruit des démarches particulières. On sait ainsi, comme aime à le rappeler Hervé Loevenbruck, que le Frac Aquitaine possède une œuvre de Jeff Koons historique achetée pour presque le millième de sa valeur actuelle et que la plus belle collection de maquettes d'architecture contemporaine est au Frac Centre.

Mais sait-on vraiment ce que détiennent les collectionneurs privés et ce qu'eux seuls ont découvert ? La loi Aillagon, unique au monde, et les fonds de dotation sont à l'origine, par une importante défiscalisation, de l'augmentation récente du nombre des collectionneurs privés français. Nous pouvons unir nos efforts à ceux des Frac, proposer nos compétences et nos collections aux régions, et offrir avec eux le temps et la visibilité à nos œuvres particulières...

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