Le référendum grec est un coup de tonnerre démocratique

Le choix grec dimanche, lors du referendum renvoie à une autre question démocratique qui est celle du choix des autres peuples de l’Europe et de la zone euro. Personne n’a songé un instant à leur demander leur avis sur les politiques d’austérité ou sur la position de la Grèce, le référendum étant perçu par la Commission et la superstructure bruxelloise comme une abomination. Or c’est précisément par l’insuffisance démocratique que l’Europe risque de sombrer. Par Corinne Lepage, présidente de LRC - CAP21

Le référendum grec ne saurait être critiqué ni dans son principe ni dans son résultat. Dans son principe, car c'est oublier ce que démocratie veut dire, lorsqu'un dirigeant politique s'arroge le droit de nier à un peuple le droit de s'exprimer, comme si ce n'était pas sur le mandat du même peuple qu'il était lui-même autorisé à le faire.

Les Grecs dans leur droit le plus strict

Certes, on peut comprendre que Nicolas Sarkozy et le parti dit « les républicains » aient vivement critiqué le principe du référendum, puisqu'ils ont eux-mêmes pris la responsabilité de passer par le dessus la tête du non au référendum français, créant ainsi un véritable tsunami dans la société française. Déjà en 2011, le même Nicolas Sarkozy avait nié au prédécesseur de M. Tsipras le droit à faire un référendum. Il n'en demeure pas moins qu'il est bien peu républicain de nier le recours au référendum, lequel figure expressément dans notre Constitution.

Certes, on peut discuter de la forme et de la manière dont la question était posée, car elle se référait à un projet uniquement en anglais et à consulter sur un site Internet. Mais, le peuple grec ne s'y est pas trompé et s'est bien prononcé sur les exigences des créanciers qu'il a refusées, ce qui est son droit le plus strict.

Quel est le choix des autres peuples ?

Qu'est-ce que cela signifie en terme démocratique ? Le « non » du peuple grec porte-t-il également l'acceptation des conséquences potentielles de ce choix, jusqu'à la sortie de la zone euro, même si le Premier Ministre n'a cessé de marteler tout au long de la campagne que la volonté de la Grèce était de rester dans l'Europe et dans la zone euro. La logique impliquerait une réponse positive ; mais nous savons tous que la politique échappe bien souvent à la logique.

 Et, ce choix grec renvoie à une autre question démocratique qui est celle du choix des autres peuples de l'Europe et de la zone euro. Personne n'a songé un instant à leur demander leur avis sur les politiques d'austérité ou sur la position de la Grèce, le référendum étant perçu par la Commission et la superstructure bruxelloise comme une abomination. Laisser les peuples maîtres de leur destin, quelle erreur !

Un insuffisance démocratique

Or, c'est précisément par l'insuffisance démocratique que l'Europe risque de sombrer. En effet, en acceptant que ce soient les mouvements populistes, d'extrême droite et d'extrêmes gauches, qui comme par extraordinaire défendaient ensemble Tsipras, qui deviennent les défenseurs d'une démocratie directe en Europe, les dirigeants des partis politiques traditionnels prennent un très grand risque.

En effet, tous ceux qui se réclament de mouvements citoyens n'appartiennent pas à l'extrême droite ou à l'extrême-gauche, mais se retrouvent sur une contestation radicale du fonctionnement de la vie politique, du mépris généralement affiché à l'égard des citoyens, du caractère picrocholien des débats, du manque de compréhension de l'évolution de la société et de sa transformation beaucoup plus rapide que celle de ses dirigeants.

La société civile doit rester mettre de son avenir

Oui, la revendication de la société civile à être maître de son destin est une revendication croissante qui ne s'éteindra pas sous les ordres de responsables politiques qui ne portent généralement pas le poids de leurs responsabilités, et dont les erreurs ne sont jamais sanctionnées autrement que par les urnes, ce qui est une sanction modeste.

Le Nouveau Monde, connecté, localisé et mondialisé, qui aspire au bien-être et à la santé ne se satisfait plus d'une gouvernance qui date du XXe siècle. L'Europe est indispensable et ceux qui croient pouvoir revenir aux Nations du congrès de Vienne se trompent lourdement. Mais il ne peut avoir d'Europe sans système démocratique qui donne à la société civile le moyen de rester maître de son avenir. C'est en cela que le référendum grec est un coup de tonnerre démocratique

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2015 à 17:43
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Article intéressant bien que truffé d'énormes fautes d'orthographe. Mais où est passé le secrétaire de rédaction?

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