La finance solidaire progresse de façon encourageante

A regarder le baromètre de la finance solidaire, publié le 18 mai, il y a de sérieuses raisons d'espérer. L'épargne solidaire progresse de 13,6% en 2014. Par Bernard Devert, fondateur d'Habitat et Humanisme

L'épargne est le fruit d'un travail parfois d'un patrimoine, toujours d'économies nommées de précaution ; cette vigilance, d'aucuns l'envisagent dans un esprit de solidarité qui progressivement rejoint le champ économique interrogeant nombre d'entrepreneurs, sans qu'ils se reconnaissent nécessairement de l'économie sociale et solidaire.

Qui porte cette forme d'économie ? Ceux qui se mettent à distance des valeurs volatiles et d'immédiateté pour soutenir des investissements créatifs et fertiles pour plus de cohésion sociale. S'éveille alors le possible d'un agir pour les oubliés de notre Société. 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et plus de 4 millions d'autres sont touchées par la précarité (source du CESE).

Une dynamique libératrice

L'affaiblissement de l'Etat-providence est une pressante invitation à concevoir l'entrepreneuriat, pas seulement comme un acte réparateur mais comme une dynamique libératrice des deux contraintes de l'économie, la financiarisation et le court termisme.

Utopie ? Non. Les résultats sont certes insuffisants, mais probants et encourageants. L'épargne solidaire progresse de 13,6% en 2014 pour représenter 6,84 milliards d'euros, investis dans des produits d'épargne solidaire accompagnant des projets à vocation sociale et/ou environnementale.

Que de résultats déjà obtenus dans la création de logements, d'emplois créés, fruits d'une épargne qui s'investit sur des valeurs de confiance, d'entraide. Il n'y a ici aucune place pour l'angélisme mais un discernement, parfois difficile, qui s'opère dans un contexte économique. Si cœur et rigueur ne s'embrassent pas encore, ils se déchirent moins.

L'argent perd de son pouvoir dominateur

Cette nouvelle donne de l'entrepreneuriat constitue un passage timide mais réel vers la création de biens dont la finalité est le service des liens. L'argent perd de son pouvoir dominateur, pour être dominé non point par 'une main invisible' mais par des acteurs qui l'orientent vers des opérations donnant au réel une autorité sur le virtuel.

Cette économie est celle où l'homme, fût-il fragilisé, est reconnu. L'interrogation est désormais le changement d'échelle à une heure où la montée des précarités et de la pauvreté hurle des urgences nécessitant une mobilisation plus forte. Une grande attente se fait jour du côté de l'entreprise ; les enquêtes soulignent que les Français lui font plutôt confiance pour sortir de ce qu'il est convenu d'appeler improprement la crise.

Ce mode d'entreprendre, richesse du cœur et de l'esprit, met hors d'âge la maxime de Montaigne : "le profit de l'un est le dommage de l'autre". Les lignes ont bougé ; la trace de gratuité n'apparaît plus comme inopportune ou absurde dans le champ économique qui n'ignore rien des mutations de la Société, d'où une recherche suscitant de nouvelles valeurs pour un avenir plus maîtrisé, plus humain. A regarder le baromètre de la finance solidaire, publié le 18 mai, il y a de sérieuses raisons d'espérer pour se rappeler que son premier acteur est l'entreprise.

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