"Il y a trop de bâtons dans les roues de nos entreprises"

La France compte près de 3 millions de petites et moyennes entreprises. Ces patrons, fort nombreux, ont pourtant du mal à faire entendre leurs voix. Au fil des jours, ils rencontrent par ailleurs bon nombre de difficultés. Par Paul-Marie Edwards, président directeur général du groupe Safir.

A l'heure où le gouvernement se lance dans une loi dite de simplification pour les entreprises, je constate que le nombre d'inscrits à Pôle Emploi ne cesse de croître à la même vitesse que les contrôles fiscaux, ceux de l'Urssaf, sans compter les autres tracasseries administratives. Tout est fait, et en règle, pour donner le dégoût du travail et le goût de l'assistance et de la paresse. Mort aux patrons, haro sur le baudet dirigeant.

Question de bon sens

Ne revenons pas sur les 35 heures, dont les conséquences ne sont même pas chiffrables, mais attardons nous sur quelques points de mal être des patrons des PME en France. Plus de 3 millions de PME dans notre pays, et pas de secrétariat d'état sous le gouvernement en place. Nous représentons pourtant plus de 3 millions de voix dans les urnes ! Nous représentons près de 99% des entreprises et 48% des emplois salariés. Excusez du peu !

Mon intervention dans ces lignes n'a pas pour objet de critiquer pour critiquer, mais de rappeler que quelques grammes de bon sens pourraient ouvrir les portes de l'entreprise à de nombreux chômeurs, et partant, à la consommation, à la collecte de TVA et finalement à la baisse de l'endettement abyssal de nos gouvernements qui se suivent et se ressemblent sur ce point.

Des propositions pour mieux travailler

Mesdames et Messieurs des palais gouvernementaux : laissez-nous travailler ! Il y a trop de bâtons dans les roues de nos entreprises. Voulez-vous quelques exemples ?

  • Les seuils sociaux : pourquoi ne pas élever le seuil du CE à 200 salariés ? Celui des DP peut rester à 11, mais alors pourquoi « protéger » les salariés concernés ? Ne serait-il pas plus simple et plus facile de travailler avec des salariés, certes élus, mais dont les privilèges dignes des « nobliaux des siècles passés » leur donne plus envie de palabrer des heures (bien rémunérées) sur les remboursements des billets de vacances, ou sur d'éventuelles actions inutiles pour l'entreprise, que d'échanger avec eux sur les réelles conditions de travail des ouvriers et autres salariés du droit privé ?
  • Si les élus dialoguent avec les responsables d'entreprises, que ce ne soit pas sous couvert d'accords de branches, de syndicats ou autres organismes chargés de privilèges, mais bien dans l'intérêt de tous.
  • Transformez le fonctionnaire en acteur de l'économie, de la sécurité du travail, du bien être des acteurs de l'entreprise. Qu'ils aient davantage la mission de nous guider et non de nous punir.
  • Faites relire vos textes par des gens qui devront les appliquer. Les différentes « aides » proposées par l'État pour « faciliter » le travail des entrepreneurs : si les objectifs visés peuvent paraître clairs et simples, les textes sont juste obscures et incompréhensibles, juste destinés à amener à la faute.

J'ai très envie, sans le dire vraiment, de redonner ses lettres de noblesse au mot  « travail », et de redonner à mes compatriotes le goût de l'effort et du travail bien fait. D'aucun considèreront qu'il s'agit de quelques mots surannés... C'est dommage, l'homme trouve et garde sa dignité dans le travail.

Le gouvernement invité à réagir

Il existe des solutions. Elles sont simples. Trop même, jusqu'à paraître parfois stupides, tant elles sont claires et faciles à mettre en œuvre. Mais elles vont demander du courage, pour celles et ceux qui vont les voter, et celles et ceux qui vont les appliquer.

Notre gouvernement ferait bien d'introduire dans les commissions et autres couloirs ministériels des gens de terrain et d'expériences qui seraient forces de propositions dans l'intérêt de tous et non l'intérêt d'un seul. Monsieur le Premier Ministre, créez vite un comité stratégique fait de gens de terrain, chargés d'expériences et de bons sens. Sa mission doit être claire et simple : faciliter l'accès au travail. Avec tout ce que cela sous-entend.

Paul-Marie Edwards est le dirigeant du groupe Safir, fabricant de portails automatiques. Il emploie près de 120 salariés dans tout l'Hexagone. Il est l'auteur de l'ouvrage "Les tribulations d'une patron de PME sous François Hollande", paru aux Éditions du Palio, en janvier 2015.

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Commentaires 4
à écrit le 25/05/2020 à 5:31
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Bonsoir , 5 ans après votre article , après l' échec de la réforme des retraites , avec un pays arc bouté sur des privilèges de corporation , avec un pays toujours " tonneau de danaides " en terme de distribution sociale ...

à écrit le 25/05/2020 à 5:29
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Bonsoir , 5 ans après votre article , après l' échec de la réforme des retraites , avec un pays arc bouté sur des privilèges de corporation , avec un pays toujours " tonneau de danaides " en terme de distribution sociale ...

à écrit le 08/04/2015 à 18:52
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Monsieur, votre angélisme est déconcertant! Pourquoi croyez vous que l'on a protégé les représentants du personnel? Simplement pour les soustraites aux pressions qui pourraient les empêcher de défendre les intérêts du personnel. Croyez moi, cadre...

le 09/04/2015 à 8:33
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Bonjour je comprends et respecte votre réaction. Pour information, j'ai pointé à pôle emploi, j'ai même écrit un livre sur le sujet, et je m'en suis sorti tout seul. deux remarques :1/ je n'ai traité personne de fainéant 2/vous n'abordez qu'un se...

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