Nous sommes tous des homo hyper-connecticus, jusqu'où ?

L'hyper-connexion est devenu la norme. Derrière la réelle avancée que la technologie apporte, il faut reconnaître son caractère dévastateur. Du coup, la tentation de la déconnexion, ponctuelle ou définitive, est grande. Mais se déconnecter revient à s'exclure du monde. Où faut-il donc placer le curseur ? Par Anthony Bleton-Martin, Pdg de Clubble.

Homo Connecticus a conquis la planète. L'hyper-connexion, ce comportement qui restait, il y a quelques années, l'apanage de quelques geeks est devenu la norme. Nous sommes aujourd'hui presque tous des homo hyper-connecticus.

Une révolution comparable à l'imprimerie

Nous devons nous féliciter de cette évolution : la Démocratie, la Liberté, l'Éducation, les Droits de l'Homme, la Connaissance, pour ne citer qu'eux, ont beaucoup gagné avec l'avènement d'Internet et des réseaux sociaux. Avec le recul, on comparera probablement notre période avec celle qui a vu naître l'imprimerie. Mais force est de reconnaître que cette connexion totale et massive a aussi, malheureusement, un revers de la médaille, dévastateur !

Les artistes qui captent souvent les premiers l'inconscient collectif ne s'y trompent pas : l'hyper-connexion est représentée de façon noire, vide de sens, inhumaine. Une voie sans issue loin des idéaux humanistes qui devrait pourtant guider nos pas et donner du sens à chacun de nos gestes numériques.

Être asocial et irrespectueux devient-il la norme ?

L'ouverture au monde, pour commencer, n'est paradoxalement pas la qualité développée par l'utilisation des réseaux. On peut même dire que les réseaux sociaux sont souvent coupables d'amplifier la tendance naturelle de l'homme à être centré sur lui même ! La course au follower ou la mode du selfie sont, par exemple, des illustrations de la consécration du narcissisme contemporain.

Les conséquences de l'hyper-connexion sur les enfants peuvent aussi laisser dubitatif : bien sûr qu'on leur ouvre une fenêtre sur le monde et qu'on éveille chez eux de nouvelles sources de créativité et de curiosité. Mais que penser des addictions qu'on est en train de faire naître chez eux, que penser de ces ados scotchés à leurs mobiles : ouvert au monde mais pas à leurs proches, y compris leurs amis. De plus l'anonymat permis par les réseaux libère trop souvent les plus basses pulsions. Être asocial et irrespectueux devient-il la norme ?

L'hyper-connexion fait perdre 10 points de QI

Pour revenir aux adultes, les plus fragiles sont aussi affectés fortement par une fracture numérique qui ne cesse de s'amplifier : la course à l'équipement, la prédominance de l'anglais, la préférence de la nouveauté à l'adopté, le non respect des standards font que, là où on s'attendait à un décloisonnement social et à un effacement des frontières, on voit au contraire apparaître de nouvelles fractures, pas virtuelles du tout...

Chez ceux qui sont bien intégrés au monde de l'entreprise, ce n'est guère mieux : l'hyper-connexion génère aussi des chutes de productivité et de motivation.

Le digital est aujourd'hui un domaine d'inquiétude pour la santé publique. Il a été montré qu'on perd 10 points de QI si on est bombardé de SMS, de mails et de notifications de toute nature. La concentration est perturbée, le sommeil est affecté, le stress amplifié. Le burn-out nous guette tous ! Nous avons désormais près de 20 ans d'expérience depuis l'apparition d'Internet et on peut tirer les premiers bilans. Oui, ses vertus sont énormes.

Mais oui, ses dégâts sont déjà considérables.

Se déconnecter revient à s'exclure du monde

Du coup, la tentation de la déconnexion, ponctuelle ou définitive, est grande. Pourtant ceux qui ont essayé de s'isoler de longues périodes sans Internet, sans smartphone, sans mail ni SMS aboutissent tous au même constat : se déconnecter revient à s'exclure du monde. Ce n'est pas la bonne solution, c'est une illusion. L'un de ceux qui a essayé, Paul Miller, un américain, commence d'ailleurs son livre par une phrase courageuse :

« J'ai eu tort ». Car s'il ne savait pas trop ce qu'il avait gagné, il savait ce qu'il avait perdu : la connexion... avec les autres ! Après les excès de l'hyper-connexion et l'illusion de la déconnexion, nous vous faisons donc la proposition de placer le curseur entre les deux et de rentrer dans l'ère postconnectée

Pour nous, post-connectés :

  • S'imposer des périodes de déconnexion régulières est vital pour être efficace, sociable et en bonne santé ;
  • Un outil numérique volontairement addictif ou invasif doit être abandonné ;
  • Faire le choix pour communiquer d'une solution inadaptée au matériel et aux capacités de chacun est un acte d'exclusion ;
  • La relation humaine par un réseau sera toujours un ersatz, le digital doit rester un moyen et pas une fin ;
  • Il faut fuir un réseau social qui met en avant la personne plutôt que le groupe car il conduit fatalement à l'égo-centrisme ;
  • Sur Internet, comme dans la vraie vie, le savoir-

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