Meilleur ouvrier de France : ça rapporte ?

"Devenir M.O.F ça rapporte ?" Lancée prosaïquement par certains, cette interrogation mérite une réponse. Si des disparités existent selon les métiers, au-delà de la dimension financière difficilement mesurable, le titre de M.O.F apporte surtout une satisfaction personnelle que tout l'or du monde ne saurait remplacer...

M.O.F : Meilleur Ouvrier de France. Trois lettres pour l'éternité (ce titre étant attribué à vie) autant qu'un acronyme prestigieux, unique : la quintessence du "made in France" duquel découle un devoir d'exemplarité aussi. L'Homme et le professionnel ne font qu'un : unis dans le savoir-faire et le savoir être. Être Meilleur Ouvrier de France est un honneur. C'est également s'inscrire dans la lignée d'une histoire riche, porteur de valeurs fortes qui ont façonné le passé et qui dessineront encore le futur.

Ces femmes et ces hommes sont tous animés par la même chose : la passion. Un concours de M.O.F n'est-il pas à la fois un marathon (en matière d'entraînement, long et épuisant) et l'équivalent des jeux Olympiques pour un sportif, tant la pression et le niveau exigé s'avèrent sans aucune mesure avec n'importe quelle autre compétition ? La quête du graal a un coût, un prix mais les retombées en valent la chandelle, même si, selon les métiers, certains parviennent à tirer davantage leur épingle du jeu.

Un titre qui attire... et qui rassure

Car le col tricolore attire. Ce diplôme d'état de niveau III "agit comme un aimant" à en croire certains M.O.F. Évidemment certains sont mieux placés que d'autres, à commencer par les artisans de proximité : coiffeurs, poissonniers, esthéticiennes, fleuristes etc. Les artisans de proximité profitent pleinement de leur magasin pour afficher avec fierté leur réussite. D'autres perçoivent leur titre comme un levier de développement et un moyen d'accéder à des marchés desquels ils se sentaient exclus. Le titre de M.O.F confère une confiance aux artisans et génère un capital sympathie autant qu'il rassure les futurs clients.

"Être M.O.F c'est appartenir à une famille et beaucoup de gens ont l'impression d'en faire partie en faisant appel à nous", me glissait récemment un confrère. Un autre me confiait qu'en "ces temps économiquement difficiles et troublés sur un plan social il avait le sentiment que certains clients éprouvaient davantage de sérénité à l'idée de se rapprocher d'un professionnel estampillé du bleu, blanc, rouge." En temps de crise, d'aucuns misent sur les valeurs sûres : à ce petit jeu, difficile de se méprendre en faisant appel à un M.O.F.

Des retombées difficilement quantifiables

Reste qu'en matière de retombées, difficile d'égaler les professionnels des métiers de bouche, boulanger,  pâtissier, fromager, traiteur mais surtout : les cuisiniers. Dans l'inconscient populaire, M.O.F rime avec cuisinier. Ne cherchez pas à faire changer les mentalités : vous n'y arrivez pas ! Leur aura est incontestable. Leur rayonnement non plus. Il faut dire que le plus grand d'entre eux, Paul Bocuse, titré en 1961, ne l'a jamais caché : malgré son parcours exceptionnel, son plus beau titre professionnel demeure celui de Meilleur Ouvrier de France. En 2014, dans l'ouvrage ABSOLU* - qui revient sur l'histoire de la section du Rhône des M.O.F de 1951 à nos jours - il assurait que "pour les gens qui [comme nous] n'avaient pas fait beaucoup d'école [sic], cette quête d'excellence récompensait un dur labeur et représentait quelque chose de très important."  Ce constat est-il anachronique aujourd'hui ?

Il est au contraire de plus en plus prégnant. Si l'impact sur un chiffre d'affaires demeure très délicat à mesurer (bien qu'il soit évident), le capital sympathie d'une part, et de notoriété d'autre part, se révèlent en revanche beaucoup plus marqués. À Lyon, capitale autoproclamée de la gastronomie, une quinzaine de chefs symbolisent à eux seuls l'excellence française. Sept M.O.F entourent « Monsieur Paul » dans ses cuisines, tandis que Joseph Viola, Christian Têtedoie, Mathieu Viannay, Pierre Orsi, Guy Lassausaie ou Davy Tissot sont considérés comme des personnalités incontournables. Étoiles Michelin, activité de consulting, ouverture d'établissement, rayonnement à l'international etc. les cuisiniers Meilleur Ouvrier de France sont assurément ceux qui capitalisent le plus sur leur réussite.

Sauf qu'au final, la dimension financière s'efface naturellement face aux réelles valeurs qui poussent un homme ou une femme à se lancer dans un tel défi. "Un grand restaurant ne se résume pas uniquement aux clients et aux belles voitures. Derrière il y a de la rigueur, de la passion, de l'amour du travail bien fait, de la discipline et de la transmission du savoir." Cette vérité, chaque M.O.F pourrait la délivrer. Elle a pourtant été délivrée par le plus grand chef français actuel, Alain Ducasse... qui  n'est pas M.O.F. Quand on vous parle d'excellence !

 *Christian Janier est président du groupement du Rhône des meilleurs ouvriers de France. Il dirige par ailleurs la fromagerie Janier et est à l'initiative de l'ouvrage Absolu - Rechercher l'excellence jusqu'à la dépasser* - édition Spirit Communication (39 euros)

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Commentaires 5
à écrit le 25/05/2016 à 22:54
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Petite erreur... Alain Ducasse a obtenu le titre M.O.F. Honoris causa en 2015 !

à écrit le 28/01/2015 à 19:01
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Franchement tant mieux si cela rapporte, mais je ne pense pas que les milliardaires soient a chercher du cote des MOF. C'est ce genre d'institution s qu'il faudrait developer.

à écrit le 28/01/2015 à 18:34
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Ce qui est drôle avec le MOF, c'est que certains métiers d'excellence très rares, c'est le cas de ma femme et d'une connaissance à nous dans un autre métier, n'y ont pas droit car la catégorie n'existe tout simplement pas, et de toute façon ils sont ...

le 28/01/2015 à 22:41
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Certains métiers existent depuis moins de 15 ans, alors il n'est pas trop tard. Contactez un MOF qui vous guidera. Et ne soyez pas aussi catégorique ""de toute façon ils sont incapables...."", Si on cherche, on trouve. Mais il faut aussi donner de so...

à écrit le 27/01/2015 à 16:16
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Quand on voit le niveau d'un M.O.F il est normal qu'il puisse en tirer bénéfice. Ne serait qu'avec son savoir faire reconnu et dans les conseils qu'il peut donner. On ne devient pas M.O.F par hasard c'est un long chemin rigoureux.

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