2015, bâtir des ponts plutôt que de maintenir des fronts

Trop de fronts guerriers assassinent l'espérance des plus fragiles ; leur terre d'exil n'est-elle pas une invitation à franchir les frontières de l'indifférence ?

Que de drames encore en 2014 ; inutile de les rappeler, ils sont dans nos mémoires. Soulignons seulement ici les enfants décimés par des conflits déclarés ou par une économie de cupidité qui en toute impunité fait bon marché de leurs vies.

L'invisibilité des pauvres s'est construite par le jeu de la ghettoïsation, frontière des apartheids que nous ne voulons pas reconnaître. N'a-t-il pas fallu qu'en ce jour de Noël, des élus de la capitale de la bande dessinée aient placé des grillages pour se protéger des sans-abri. Quel dessein pour notre société !

Bâtir des ponts c'est refuser de rester enfermés dans les symptômes d'une crise pour s'attacher à éradiquer les causes de la 'casse sociale'.

Assez de ces affronts et de ces fronts de violence, l'heure est de traverser les frontières pour quitter les stupidités destructrices de l'humain.

2015, l'heure d'abandonner les acquis et les rentes

Les convictions pour construire un monde autrement sont prégnantes ; enflammées de l'indignation, de tristes ambitions les éteignent à partir de discours prononcés au nom de la raison, justifiant la passivité et l'impossibilité de changer.

Ce refus de passer la frontière d'un autrement fait que le nombre de plus fragiles augmente comme en témoigne le chômage avec des 'restes pour vivre' indécents, indignes.

2015 est l'heure d'abandonner les abris que sont ces acquis ou encore ces rentes qui ne protègent qu'apparemment, pour compromettre l'avenir.

Face à l'isolement des personnes touchées par la grande fragilité, il serait judicieux que le service civique soit étendu. Que de jeunes se mobiliseraient pour une cause d'intérêt général au lieu de rester dans une attente mettant à mal confiance et estime de soi, pour observer amèrement, parfois douloureusement, que la société n'a rien à leur proposer. Quel gaspillage d'énergie et quel mépris de la jeunesse !

Au regard de ce chômage massif ne serait-il pas temps de créer un pacte de solidarité entre l'Etat et les partenaires sociaux favorisant des emplois dès lors qu'une grande partie de ceux perdus le sont à jamais. La frontière à traverser est celle de l'imagination pour le réveil des talents.

Accepterons-nous longtemps d'être indifférents à ces enfants victimes du mal logement et à cette grave injustice que constitue la fracture entre le coût du logement et les ressources de trop de foyers au point que le fruit de leur travail ne leur permet pas toujours de se loger. Quelle absurdité !

Au Conseil des Ministres devrait s'ajouter le Conseil des Pauvres

Notre société assiste à de multiples décrochages ; ils concernent l'école, le travail, le logement, la santé. Les politiques dans ce contexte apparaissent aussi comme 'décrochés' de ceux qui souffrent. Les lieux de pouvoir protègent mais enferment au point que ceux qui les habitent ne voient plus le tragique des situations, édulcorés par des rapports et statistiques jetant un voile pudique sur les visages blessés et abandonnés.

Au Conseil des Ministres devrait s'ajouter le Conseil des Pauvres, une réunion au cours de laquelle les dossiers ne seraient pas oubliés mais enrichis de la rencontre d'une humanité bousculant clichés et peurs.

Qui ne constate pas la rupture entre floraison des idées, recherche de sens et le pessimisme dans lequel notre Pays est plongé. Quittons les crispations et les idées convenues, alors une société plus inclusive se fera jour.

Cette frontière vers une terre d'ouverture et de fraternité, oserons-nous la passer pour une aventure passionnante que nous ne devons et ne pouvons pas esquiver.

Dans cette perspective, souhaitons-nous des vœux d'ardente et audacieuse année.

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