Top down et bottom up vont en bateau

La France possède dans ses territoires un vrai dynamisme entrepreneurial. Pour exploiter au maximum ce potentiel, il faut établir une relation nouvelle entre acteurs locaux et décideurs nationaux, en laissant l’initiative aux premiers. Dans le but de favoriser la confiance et la compétitivité.

La société française perd confiance en elle-même et peine à transformer ses nombreux potentiels. Pourquoi ? Les causes sont multiples. Il en est une sur laquelle il faut mettre l'accent : celle d'un plafond de verre, particulier à la France, qui s'intercale entre les dynamiques territoriales, entrepreneuriales, associatives, et les décideurs centraux de notre vieux pays. L'initiative locale ne remonte pas, n'irrigue pas le centre! Non seulement le "bottom up" ne rencontre pas le "top Down", mais pire, ils s'annihilent mutuellement. Le bottom up c'est le mouvement ascendant de la société, de la base de la pyramide, vers son sommet. Le top down c'est le mouvement descendant, celui des régulations de l'Etat et des décideurs nationaux, vers la base.

Des territoires actifs, un centralisme figeant

Ce qui caractérise la France aujourd'hui, c'est d'un côté l'immense foisonnement d'initiatives et d'innovations d'une société civile qui 'invente des transitions économiques et sociales : fortes créations de TPE, entrepreneuriat social, microcrédit, circuits courts, finance participative, économie circulaire, énergies renouvelables, habitat participatif, nouvelles formes d'épargne... Les territoires sont des laboratoires effervescents. Il suffit d'aller dans les salons de la création d'entreprises ou les Forum de l'innovation sociale pour s'en convaincre. D'où ce cri du cœur : halte à la sinistrose!

Mais de l'autre côté des centres de pouvoir nationaux, brillants régulateurs et administrateurs, qui prennent des décisions top down indépendamment d'expérimentations ni connues ni évaluées. Ou qui les compliquent. Ou qui veulent les faire entrer dans des moules. Les énergies se contredisent. Les flux se grippent entre le corps (social) et la tête. La confiance fiche alors le camp.

Reformer le centralisme économique français 

Le top down français, bien établi depuis Colbert, ne correspond plus au monde actuel, celui des réseaux sociaux transversaux, des économies collaboratives, des systèmes productifs locaux, des solidarités actives. Il faut le réformer. Cela urge. D'autant que l'Etat, financièrement affaibli, défensif, se laisse parfois aller à des attitudes autoritaires. Jamais les relations entre les collectivités locales et l'Etat n'ont été aussi méfiantes, malgré les proximités politiques. Ainsi la signature de la Charte d'Engagements réciproques, le 14 Février à Nancy, entre l'Etat, les Collectivités locales, et le mouvement associatif, vient-elle de le montrer. Il s'agit de préciser par cette Charte, les droits et devoirs des trois parties, d'organiser les engagements de chacun en faveur de l'intérêt général. L'élaboration de la Charte a été pour le moins difficile. Rugueuse! Les collectivités craignent que l'Etat ne se défausse vers elles de ses subventions aux associations. Chacun se rétracte. La frilosité s'installe là où une dynamique de confiance devrait l'emporter.

Le corps d'abord, la tête après

Revoyons donc le "discours de la méthode" entre bottom up et top down. Sans démagogie. La question n'est pas de donner raison à la base de la société contre son sommet mais de les articuler mieux et autrement. Une articulation judicieuse serait facteur de compétitivité et de confiance. Inversons la pyramide. Partons de l'entrepreneur, de l'innovateur technologique ou associatif, du citoyen actif. Ou mieux encore de leur regroupement comme le font les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). Voila un exemple intéressant de nouvelle articulation entre bottom up et top down. Des expériences locales de coopération économique ont vu le jour entre acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS), entreprises classiques, centres de formation ou de recherche etc. Comme Pôle Sud à Romans dans la Drôme. Le Labo de l'ESS, organisme non gouvernemental, a d'abord modélisé la démarche et lancé un premier appel à initiatives. Plus tard et seulement plus tard, les pouvoirs publics nationaux ont été sollicités pour un déploiement national. Le concept de PTCE est alors inscrit dans le Projet de Loi ESS. Ainsi la Loi ne décrète pas. Elle constate. L'initiative vient du terrain. Le national la facilite et l'amplifie. Quatre ministères se sont ensuite regroupés pour financer un appel à projets.

Révolutionner les esprits des politiques

Passer à une ère nouvelle entre bottom up et top down, c'est revoir les modalités de sélection, de formation, et d'avancement de nos dirigeants nationaux, pour qu'ils soient d'avantage imprégnés de terrain. C'est passer à l'ère de la coproduction, dans laquelle les bénéficiaires des politiques publiques sont associés à leur élaboration. C'est privilégier un bottom up et un top down unis pour créer des écosystèmes favorables aux créateurs de valeur économique, de valeur sociale, ou mieux de valeur socio-économique.

Quand Top down et Bottom Up vont en bateau, il ne s'agit pas que l'un tombe à l'eau. Il s'agit qu'ils rament ensemble pour faire avancer le bateau !





 

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