Louis Gallois  : "La France est loin du compte pour l'accueil des réfugiés"

Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité Louis Gallois met en lumière les défaillances françaises dans les processus d'intégration économique des réfugiés, fustigeant le conservatisme et la frilosité des élites politiques.

ACTEURS DE L'ECONOMIE - LA TRIBUNE. Comment jugez-vous les dispositifs d'insertion économique des réfugiés développés par la France ?

LOUIS GALLOIS. Les conditions d'insertion professionnelle en France des personnes migrantes ne sont pas satisfaisantes. Nous sommes loin du compte. Nous devons renforcer nos efforts dans trois domaines précis pour nous remettre à niveau.

Lesquels ?

La maîtrise du français est un élément central. Dès leur arrivée sur le sol, les migrants - qui ne sont pas encore forcément réfugiés politiques, car le processus administratif est long - devraient suivre des cours de langue. Ce n'est pas aujourd'hui automatique. L'Allemagne a très bien compris cet enjeu linguistique, mettant ainsi des structures et moyens adaptés.

Le deuxième élément pour favoriser l'intégration repose sur la reconnaissance des diplômes et des formations obtenus par les réfugiés dans leurs pays d'origine. Leurs certifications sont malheureusement très difficilement reconnues en France. Un médecin syrien, qui possède l'expérience, le diplôme et les compétences liées à son métier initial, doit pourtant repartir quasiment de zéro ! Il existe un conservatisme de certaines corporations qui empêche l'intégration des réfugiés. Les migrants doivent également recevoir une formation adaptée aux codes des entreprises et aux normes des secteurs, afin d'appréhender de la meilleure des façons les fonctionnements et la culture d'entreprise. Enfin, les réfugiés doivent pouvoir accéder aux dispositifs qui permettent de faciliter l'insertion des Français :  cela concerne, par exemple, les aides au logement ou encore l'accueil des enfants (garderie, crèches). Ce sont des freins à l'insertion économique.

Lire aussi : Réfugiés et entreprises, l'aubaine

Ces trois éléments sont extrêmement importants. Si les réfugiés n'ont pas d'activité, ils seront plus « facilement » en proie à des critiques, souvent non fondées : par exemple, celle, redondante, de vivre aux « crochets » de la société. S'ils travaillent, ces accusations perdent encore plus de leur raison d'être. Ils obtiennent une autonomie financière au lieu de « peser » sur des aides financières.

Comment expliquez-vous ces lacunes françaises, alors que l'Allemagne semble plus mature dans ce domaine ?

Cette différence s'explique par une meilleure intégration de la question migratoire dans les superstructures politiques allemandes. La France pourrait faire plus, mais il subsiste un blocage dans ses hautes instances. La population est pourtant prête pour ce débat. Des mesures ambitieuses dans ce domaine ne choqueraient pas nos concitoyens. Les politiques doivent arrêter d'être frileux. C'est dans notre intérêt : l'aide aux migrants et leur intégration sont un investissement qui sera payant sur le long terme.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 18/12/2017 à 18:23
Signaler
Il faudrait, une fois pour toute faire la différence entre "réfugiés" qui sont couvert par la Convention du 28 juillet 1951 qui définit le statut qui doit leur être appliqué et ne pas faire l'amalgame avec "migrants" à qui on a fait miroiter qu'ici c...

à écrit le 18/12/2017 à 12:56
Signaler
Et lui que fait-il concrètement ? A t'il accueilli 9 réfugiés comme son collègue expert en conseils écolo a accueilli 9 voitures dans son garage ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.