La retraite s'individualise pour subsister

Alors que la complexité de réformer la France s'illustre dans le combat mené par les cheminots, s'ébauche le devenir de systèmes de retraite dont les enjeux pourraient susciter des débats similaires dans les prochains mois. Éric Gérard, directeur du groupe Agrica, en explique les raisons.
(Crédits : DR)

Élément de base de notre protection sociale, la retraite souffre d'une dépendance chronique à l'évolution démographique autant qu'à la santé économique de notre pays. Sa pérennité préservée à grand renfort de financement représente 14 % du PIB, constituant une charge qui pèse sur la compétitivité face à des voisins européens qui ont déjà traité cette problématique. L'unification des différents régimes à des fins de simplification et d'optimisation de la gestion s'inscrit comme une priorité. Un taux de cotisation unique pour tous qui génère des points inscrits sur un compte individuel et transformés, à la cessation d'activité, en rente viagère. Une mécanique lisible qui recours à la capitalisation, chaque individu obtenant au terme, le fruit de ces cotisations.

Dans l'attente d'agréger tous les dispositifs, un premier pas sera franchi le 1er janvier 2019 avec la mise en œuvre du régime unifié de la retraite complémentaire, sur un modèle qui préserve la répartition et le paritarisme.

Consensus

Au titre de troisième étage serait encouragée la retraite supplémentaire portée par les multiples produits collectifs de capitalisation. Une volonté largement traduite dans la loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), qui projette l'harmonisation du fonctionnement des produits, leur souplesse, leur portabilité ainsi que les incitations fiscales propres à accélérer leur développement. Pris dans sa globalité, le projet fait aisément consensus, mais laisse subsister des questions de fond susceptibles de retarder sa mise en œuvre.
Fondée sur le principe de la répartition, la retraite actuelle permet l'octroi de droits non contributifs en cas de chômage, de maladie ou d'activité réduite dont on peut craindre la disparition dans un système de compte notionnel, proche de la capitalisation.

La gouvernance paritaire des retraites obligatoires se verrait-elle substituée par un unique pilotage technique remettant en cause un pan entier de l'économie sociale ?

La volonté d'encourager une épargne retraite supplémentaire orientée vers des fonds actions pour contribuer au financement des entreprises françaises peut-elle lever l'aversion constatée des Français pour le risque, comme en témoignent les 1 200 milliards d'euros de l'assurance vie, placés sur des fonds à capital garanti ?

Enfin, si ce troisième étage est essentiel, on peut s'interroger sur l'absence de caractère obligatoire ou a minima, d'incitation à la négociation collective, tel que cela a été fait pour la qualité de vie au travail, ou pour le Plan d'épargne retraite collective (Perco).

Une disposition qui ne laisserait subsister aucune ambiguïté sur les motivations réelles d'une réforme indispensable d'un point de vue économique, mais dont le premier enjeu est social.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.