Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé vouloir engager 10 milliards d'euros pour l'innovation en France, les labs dédiés à l'innovation ne cessent de s'accroître et deviennent omniprésents dans les entreprises.

Qu'il s'agisse des open lab, change lab, userlab, digilab, lab adopt, ou encore des (co)innovation lab... en quelques années ils sont parfois devenus le bras armé du dispositif d'innovation des plus grandes entreprises mondiales.

Une réalité qui pousse aujourd'hui ces groupes à être plus regardant et moins dépendants de la capacité d'innovation des startups, selon le baromètre 2018 de la création de valeur entre startup et grand groupe

Si les labs passionnent voire interrogent les acteurs de l'innovation, les résultats et les performances attendues se révèlent être issus d'une démarche structurée autour de facteurs de réussite.

Un concept aux multiples réalités

Historiquement issus des secteurs technologiques et des télécommunications, les labs concernent aujourd'hui tous les domaines d'activité allant de la banque à l'industrie sans oublier les transports.

Passant d'une initiative expérimentale à une démarche professionnalisée qui repose sur de nouvelles compétences, les labs visent à stimuler l'innovation à travers de nouvelles façons de travailler et de s'organiser, dans une démarche d'intelligence collective et d'ouverture.

Ces initiatives peuvent prendre des formes diverses et recouvrir des réalités bien différentes.

Ainsi quand certaines se concentrent sur de la prospective pure, d'autres traitent d'idées visant la commercialisation de produits ou services à court terme en se rapprochant du client ou de l'usager. D'autres encore gèrent des innovations de rupture présentant des niveaux de risque élevés axées sur le développement de technologies de pointe.

Impacté par l'ADN de l'organisation fondatrice, chaque lab présente un positionnement spécifique au regard des différentes phases du processus d'innovation qu'il adresse et du niveau de proximité avec les activités historiques de l'organisation. Cela se traduit alors par une multitude de modèles organisationnels et économiques.

Pourquoi un tel engouement ?

Les labs sont perçus comme une solution en réponse au risque fort de disruption d'entreprises, par des technologies ou des modèles que ces dernières n'ont su s'approprier ou développer à temps.

Au travers de modes de fonctionnement entrepreneuriaux et d'une culture du risque, les labs permettent d'accélérer les expérimentations autour d'idées qui ne seraient habituellement pas explorées par les métiers, de "tangibiliser" et démontrer l'innovation au moyen de prototypes et de faciliter l'accès à de nouveaux business.

En inoculant le virus de l'innovation, les labs se révèlent être également un levier de créativité, de dynamisme et de transversalité pour l'ensemble de l'organisation. Ils contribuent à la transformation des métiers et de l'entreprise et deviennent un vecteur d'image innovante pour la marque, les partenaires et les investisseurs.

Un risque avéré : l'effet de mode

La rapidité de développement des labs peut donner un sentiment d'effet de mode, voire de superposition des initiatives innovantes pouvant générer des phénomènes de démultiplication des moyens et parfois d'éparpillement des efforts.

Ainsi, toute réflexion autour de la création d'un lab doit poser la question, à la fois des objectifs poursuivis au travers de la mise en place d'une telle démarche, mais également de son articulation avec le reste de l'organisation.

S'assurer que cette démarche réponde bien à un objectif concerté et outillé et savoir repenser la dynamique de certaines initiatives ne sont pas antinomiques avec la création d'un lab.

Au contraire ces différents points semblent incontournables.

Les labs dont la finalité n'est autre qu'une opération de communication en réponse à une paralysie face à la menace de la disruption, sont voués à l'échec ! Au mieux, il s'agit de labs ayant tout inventé mais jamais rien commercialisé, au pire, une coquille vide dépourvue de moyens d'action.

Garantir des résultats valorisables

Il n'y a pas de standard pour créer un laboratoire d'innovation et leurs réussites ne tiennent pas tant au concept qu'aux conditions de mise en œuvre.

La transversalité de ce type de dispositif, la multiplicité des acteurs internes et externes impliqués, la difficulté d'évaluer à court terme les impacts et les bénéfices des actions engagées impliquent de structurer et d'organiser un lab afin d'en tirer le meilleur parti.

Les laboratoires d'innovation doivent être beaucoup plus qu'un lieu attrayant où les murs arborent les plus grandes idées. Des points critiques, nécessitant une attention particulière, doivent être traités. En voici 6 principaux pour faire d'un lab un dispositif pérenne capable d'apporter une nouvelle façon de traiter l'innovation et d'en favoriser l'émergence :

• Définir une mission claire alignée avec la stratégie de l'entreprise et orientée vers des débouchés marchés sur base d'un mandat explicite partagé et soutenu par la direction
• Construire un cadre organisationnel autonome et simplifié garantissant une nécessaire agilité et liberté d'action
• Mobiliser des ressources financières, techniques et humaines adaptées aux ambitions
• Ancrer le lab dans l'organisation interne et faciliter les liens fonctionnels avec les métiers et les partenaires externes
• Mettre en place un système d'évaluation ne s'opposant pas aux initiatives du lab et permettant d'envisager le long-terme
• Communiquer suffisamment et de façon adaptée en interne et en externe sur la démarche, le positionnement et les réalisations du lab