La prévoyance en risque majeur

Différents facteurs mettent en évidence les limites de la logique assurantielle. Par Éric Gérard, directeur des assurances de personnes Agrica.

Alors que la généralisation de la complémentaire santé s'achève dans une débauche concurrentielle dont on peine à mesurer les effets à terme pour les assureurs, les entreprises et les salariés, le même cadre législatif qui censure les clauses de désignation pourrait conduire à reconfigurer une prévoyance collective dont les enjeux sociaux et financiers se révèlent plus conséquents.

Deux cent cinquante-cinq branches d'activité ont mis en place un régime collectif destiné à protéger quelque 13 millions de salariés du privé contre les aléas de la vie. Capitaux décès, indemnités journalières, rente d'invalidité sont autant de prestations qui, en complément de celles de la sécurité sociale, se substituent au revenu d'activité et concourent ainsi au maintien du niveau de vie.

Double peine

Pour couvrir ces risques pour lesquels les indemnisations peuvent perdurer plusieurs décennies, les organismes sont dans l'obligation de constituer des provisions dont la charge ne cesse de croître.

Entre report de l'âge de départ à la retraite qui augmente mécaniquement la durée de versement et taux d'intérêt réduit, minorant les produits financiers dégagés sur ces provisions, la charge s'amortit sur des cotisations, partagées entre employeur et salariés, systématiquement revalorisées. Une double peine quand on estime à 60 milliards d'euros l'impact financier de l'absentéisme, risque qui a touché plus de 30 % des salariés en 2014 et dont l'importance pour l'entreprise est identifiée par 60 % des DRH.

Une situation qui met en évidence les limites de la logique assurantielle, alourdissant la masse salariale sans pour autant produire d'effet sur les causes, et milite à des fins de maîtrise, pour une gestion globale du risque. Une approche qui s'appuie sur la mise en œuvre d'actions de prévention dont les thématiques et les acteurs se multiplient au profit d'un large plébiscite des parties prenantes.

Compétences et expertises

Du diagnostic de la situation de l'entreprise à l'accompagnement du retour à l'emploi d'un salarié après un arrêt en passant par les risques psychosociaux ou encore la santé, les offres de conseils et de services alimentent des plans de prévention structurés à l'instar des Corporate wellness programs développés Outre-Atlantique.

L'assureur évite ainsi la contraction des garanties et limite les engagements financiers qui obèrent sa solvabilité. L'entreprise y trouve un levier pour endiguer la baisse de productivité tout autant que la hausse de ses cotisations accidents du travail ou prévoyance. Les salariés y voient un des facteurs de la Qualité de vie au travail, concept introduit par les partenaires sociaux dans l'Accord interprofessionnel de 2013 et confirmé par la loi Rebsamen en 2015.

Reste que ces plans requièrent autant de compétences et d'expertises que de ressources financières pour lesquelles la mutualisation représente sans doute la meilleure source et le gage d'une action pérenne qu'il serait dommage de remettre en cause sur des motifs bien éloignés de l'objet de la protection sociale.

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