La transition énérgetique est en route

Support indispensable de toute activité humaine, l'énergie telle que nous la consommons aujourd'hui sous toutes ses formes est devenue un facteur de risques de plus en plus importants pour l'ensemble de la société.
Marc Jedliczka, directeur d'Hespul et vice-président du CLER (Réseau pour la transition énergétique)

Risque environnemental planétaire d'abord, avec les bouleversements climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre de nos usines, de nos logements, de nos voitures et de nos camions, dont les effets dévastateurs se manifestent alors que les premières alertes des scientifiques datent d'il y a un demi-siècle.

Risque sanitaire également, avec par exemple des taux alarmants de particules qui rendent l'air de nos villes irrespirable, conséquence d'un soutien inconsidéré au Diesel dont la France s'est fait une spécialité

Risque industriel ensuite avec le vieillissement accéléré de réacteurs nucléaires qui n'ont pas été conçus pour fonctionner au-delà de 30 ans et que certains voudraient faire durer éternellement - comme s'il pouvait exister une exception à l'usure du temps qui emporte toutes choses sur son passage...

8 millions de personnes en précarité énergétique

Risque social de plus en plus, avec la montée en puissance de la précarité énergétique qui concerne plus de 8 millions de personnes dans notre pays alors qu'on la disait éradiquée à tout jamais grâce au pétrole et à l'atome.

Risque géopolitique aussi, avec une concentration de plus en plus marquée des ressources énergétiques fossiles et fissiles dans un nombre de plus en plus réduit de pays, source de plus en plus de conflits et d'actes de guerre.

Risque économique enfin, avec une facture énergétique qui creuse méthodiquement un déficit commercial pesant déjà plus de 70 milliards d'euros sortant des poches de nos entreprises et de nos ménages pour enrichir oligarques russes et monarchies pétrolières.

Vers une réduction de la consommation

Bien sûr la transition énergétique n'apportera pas une réponse immédiate et simultanée à tous ces fléaux : ce n'est pas une baguette magique ni une solution miracle !

Comme son nom l'indique, c'est un processus lent qui s'appuie sur deux vertus cardinales - la progressivité et la durée - pour aller du système énergétique d'aujourd'hui, lourd de menaces et d'incertitudes, vers une nouvelle organisation capable de répondre à nos besoins en échappant durablement à tous les risques énumérés ci-dessus.

Elle commence par prendre les choses dans le bon sens, en s'intéressant d'abord à la manière de réduire la quantité d'énergie nécessaire pour satisfaire ces besoins par un subtil mélange de sobriété dans nos comportements individuels et collectifs et d'efficacité de bâtiments, de nos véhicules, de nos machines et de nos appareils.

La combinaison de ces deux approches complémentaires nous permettra de réduire de 50% notre consommation d'énergie d'ici 2050, un objectif que plusieurs pays européens parmi lesquels le Royaume-Uni et l'Allemagne ont déjà inscrit dans leurs stratégies politiques et économiques en misant sur les nombreux avantages qu'il confère en termes de compétitivité.

Mobilisation des acteurs économiques

Quant à la production qui restera malgré tout nécessaire, elle pourra être assurée à terme en quasi-totalité par les énergies renouvelables pour lesquelles la France a été dotée par la nature de gisements aussi variés qu'abondants, autant de ressources inépuisables pouvant contribuer à une authentique indépendance énergétique.

Point commun de toutes ces actions : leur mise en œuvre exige la mobilisation de tous les acteurs économiques et elles susciteront la création de centaines de milliers d'emplois au cœur de tous les territoires, urbains et ruraux.

Contrairement à la poursuite du statu quo défendu bec et ongle par ceux qui en tirent bénéfice, grands énergéticiens « historiques » et certaines centrales syndicales, la transition énergétique ne repose sur aucun pari insensé.

Un savoir-faire déjà acquis

Toutes les connaissances, techniques et savoir-faire nécessaires sont aujourd'hui disponibles ou le seront de manière certaine à moyen terme : de simples évolutions ou adaptations de l'existant grâce à des efforts de R&D bien orientés suffiront, sans besoin de rupture technologique ou industrielle.

L'innovation et l'intelligence que requiert la transition énergétique dans la recherche, l'industrie, l'organisation et le financement ne pourront qu'agir comme un formidable stimulus propre à remettre notre pays que tout le monde dit en berne dans la course.

Loin des postures conservatrices adoptées durant le Débat National sur la Transition Énergétique de 2013 par certains de leurs représentants crispés sur la défense des positions acquises, les entreprises françaises grandes et petites de tous les secteurs d'activité doivent comprendre tous les bénéfices qu'elles pourront tirer de ce qui n'est rien de moins que le projet industriel le plus porteur de sens et d'activité, le plus enthousiasmant que l'on puisse imaginer aujourd'hui.

Grâce à lui, nous pouvons retrouver la voie d'une prospérité plus sobre mais aussi plus robuste et plus heureuse : qui dit mieux ?

*L'association Hespul cumule vingt ans d'expérience dans le solaire photovoltaïque et est spécialisée dans le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.

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Commentaires 4
à écrit le 10/09/2014 à 16:11
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D'autres pistes : Rumpala Yannick, « Formes alternatives de production énergétique et reconfigurations politiques. La sociologie des énergies alternatives comme étude des potentialités de réorganisation du collectif », Flux 2/ 2013 (N° 92), p. 47-61...

à écrit le 02/09/2014 à 10:06
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enrichissement des oligarques russes ET des princes saoudiens et qataris qui alimentent avec cet argent la guerre djihadiste contre l' Occident. Guerre atroce où l' on apprend pour qques centaines de dollars à mutiler et à tuer. Seul le manque d' al...

le 10/09/2014 à 10:04
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Concernant les solutions industrielles et les effets sur l'emploi de la transition énergétique, je me permet de renvoyer les lecteurs aux travaux de l'association négaWatt (www.negawatt.org) dont je suis membre actif et à la lecture du "Manifeste nég...

à écrit le 02/09/2014 à 9:13
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Bonjour, Il faut en effet convaincre et mobiliser tous azimuts : représentants du peuple et acteurs économiques mais les lobbys des énergies fossiles sont puissants... Bonne continuation.

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