Medef : le spectaculaire carton rouge de René Ricol

Lors d'un débat organisé le 25 juin à Lyon par La Tribune et Acteurs de l'économie et le confrontant au secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, l'ancien médiateur du crédit et commissaire général à l'investissement, René Ricol, a vilipendé le Medef. Joutes "violentes", "bande d'apparatchiks", esprit fermé, évitement de sujets centraux par peur de déplaire aux branches professionnelles, et même risque de "disparition" : à quatre jours de l'élection à la présidence du syndicat - aux instances duquel il siège -, les propos de ce "poids lourd" du patronat français sonnent comme un coup de tonnerre.
(Crédits : Laurent Cérino/ADE)

Laurent Berger face à René Ricol. Du face-à-face, orchestré à Lyon le 25 juin par La Tribune et Acteurs de l'économie, entre le secrétaire général de la CFDT et l'un des "poids lourds" du patronat et du capitalisme français, une riche matière fut partagée avec les presque 500 spectateurs.

Ordonnance travail, conflit à la SNCF, rapport Senard - Notat, loi Pacte, état du dialogue social, stratégie et méthode Macron, rémunération des dirigeants, outils et recours législatifs de régulation... les motifs d'un débat fécond ne manquèrent pas. Tyrannie financière, gouvernances renouvelées, raison d'être des entreprises, responsabilité sociétale des entreprises et des organisations syndicales... parfois même, ces figures de deux camps a priori adversaires s'accordèrent.

Il existe un thème sur lequel, toutefois, un tel unisson n'était pas prévu, c'est celui du Medef. Et le plus impitoyable des deux ne fut pas celui auquel l'assistance pouvait croire.

"Conglomérat de fédérations"

Laurent Berger dressa un bilan particulièrement sévère de la mandature Gattaz. On ne pouvait attendre moins d'un responsable syndical qu'on devine aisément, à l'aune de sa satisfaction du rapport Senard - Notat, déçu que le Pdg de Michelin ait été mis à l'écart d'une probable présidence le 3 juillet. Son interlocuteur, lui aussi laudateur sur ce dernier, fut de son côté, implacable. Et ce qui s'apparente à un coup de tonnerre trouve sa légitimité non seulement dans la notoriété, l'influence et le crédit qu'exerce René Ricol au sein du patronat et du capitalisme français, mais aussi dans sa participation aux instances mêmes de l'organisation. Le fondateur du cabinet Ricol Lasteyrie (désormais membre du réseau EY), ancien médiateur du crédit et commissaire général à l'investissement, est en effet membre du comité d'orientation stratégique du Medef.

"J'y suis allé assez peu. La dernière fois que je m'y suis rendu, c'était tellement violent... J'ai alors pensé qu'il serait préférable que je n'y retourne pas", claque-t-il en substance.

"Ce qui me frappe avec le Medef, c'est que des positions sont prises qui ne sont pas celles de ses mandants", poursuit-il.

Et d'asséner le coup de grâce : "l'ouverture des chefs d'entreprise que je rencontre est sans commune mesure avec celle de la bande d'apparatchiks qu'il y a au Medef."

Prenant pour exemple le délicat sujet des délais de paiement, l'un des éléments majeurs de fragilisation des entreprises, il l'affirme : si aucun des deux candidats ne s'en empare, c'est par peur de contrarier les branches concernées (banque et grande distribution).

Et de brandir ce sujet comme le symbole des "non-dits", de ces thèmes "fondamentaux" qui à force d'être éludés condamneront, selon lui, le Medef à fuir ses "responsabilités sociétales", à n'être plus qu'un "conglomérat de fédérations", et donc à "disparaître".

Seul le président de l'organisation Auvergne Rhône-Alpes, Patrick Martin, promis à la présidence déléguée en cas de victoire de Geoffroy Roux de Bézieux, aura semblé sortir du lot. "J'espère qu'il aura un rôle important à jouer dans la prochaine équipe dirigeante", confie-t-il, sensible à la "reconnaissance des territoires" qu'incarne le Pdg de l'ETI Martin Belaysoud.

Lire aussi : [REPLAY] Conférence-Débat : Laurent Berger et René Ricol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 29/06/2018 à 21:22
Signaler
Ce Monsieur dit vrai mais n’est pas légitime pour le dire. Haut fonctionnaire, il n’est pas un entrepreneur et il a vendu son petit commerce à une grande surface américaine ...

à écrit le 29/06/2018 à 9:34
Signaler
Oh ben je pense que nous sommes une grande majorité à savoir que c'est forcément obscur là dedans puisque simples serviteurs oligarchiques.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.