Avec 450 000 entreprises, 7,750 millions d'habitants et le 2e PIB de France, la future grande région Auvergne-Rhône-Alpes sera aussi riche qu'un pays comme la Finlande ! Reste à savoir comment, au 1er janvier 2016, la deuxième plus grande région métropolitaine organisera une stratégie « gagnant-gagnant » pour ses deux territoires partageant le même ADN entrepreneurial.

Une table ronde baptisée "Capitalisme familial et entrepreneurial : un même ADN", a réuni Isidore Fartaria, président de la CCI Puy-de-Dôme et Pdg du groupe Titel, Sylvie Guinard, présidente de la PME lyonnaise Thimonnier ,et Hervé Joly, directeur de recherches CNRS/ENS, lors de la première matinée de débats consacrés à l'union régionale, le mardi 17 novembre, à Clermont-Ferrand, animée par Marc-Alexis Roquejoffre. L'occasion de se rendre compte que ces chefs d'entreprise sont très souvent confrontés aux mêmes problématiques, notamment celle du passage de relais.

Isidore Fartaria, président de la CCI Puy-de-Dôme et de la société Titel (crédit : Laurent Cérino/ADE).

 "J'ai dû revoir ma stratégie"

 "J'ai commencé à transmettre dès l'âge de 33 ans. Cela ne fait pas mourir !",

s'amuse Isidore Fartaria, âgé aujourd'hui d'une soixantaine d'années, qui a créé, en 1981, une société de fabrication et vente de produits chimiques, à Cébazat (Puy-de-Dôme), devenu un petit empire de 550 salariés.

"Lorsqu'on a construit, comme moi, sa propre entreprise, on a surtout envie de transmettre à sa descendance. J'aurais pu vendre et couler des jours heureux sous les tropiques. Mais ce n'est pas ma volonté. J'ai trois enfants. C'est un choix très compliqué à faire. D'autant que, pendant dix ans, j'ai formé ma fille aînée à prendre ma suite, mais elle a eu un gros problème de santé. J'ai dû revoir toute ma stratégie. Du coup, j'ai transmis 50% du capital de mon entreprise à mes enfants avec 0% de fiscalité et je prépare des cadres en interne à prendre la relève".

Qu'elles se trouvent en Auvergne ou en Rhône-Alpes, les entreprises à capitaux familiaux se posent les mêmes questions sur la transmission. Pour Sylvie Guinard, présidente de Thimonnier, PME de conception et production d'emballage vieille de 150 ans, l'histoire est différente. Après des études d'ingénieur en mécanique, passionnée d'espace et d'aéronautique, Sylvie Guinard revient en Rhône-Alpes au gré des hasards de la vie.

"Rien ne me prédestinait à devenir un jour chef d'entreprise".

Sylvie Guinard, présidente de Thimonnier (crédit : Laurent Cérino/ADE).

Pas de modèle type

Elle rejoint pourtant, à la demande de son grand-père, l'entreprise familiale Thimonnier créée en 1870 en rachetant 100 % du capital à ses nombreux cousins. Représentante de la cinquième génération de la famille Doyen, Sylvie Guinard, passe un MBA à EMLYON avant finalement de reprendre les rênes de l'entreprise en 2009.

Cette reconversion se traduit par un bilan très positif. Implantée à Saint-Germain-au-Mont-D'or, près de Lyon, l'entreprise a réalisé aujourd'hui 10,6 M€ de CA en 2012, emploie 64 salariés.

" J'espère qu'un jour mes filles prendront la suite, mais je ne veux surtout pas leur mettre la pression", sourit Sylvie Guinard.

Hervé Joly, directeur de recherches CNRS/ENS (crédit : Laurent Cérino/ADE).

"Il n'y a pas de schéma idéal de transmission, a conclu Hervé Joly, directeur de recherches CNRS/ENS. La succession familiale est loin d'être la seule solution. On peut aussi bien transmettre à ses cadres ou à des groupes. Il n'y a pas que des Molex ou des Goodyear, parfois, aussi, la reprise se passe bien et sauve des entreprises".