Construire la ville du futur pour ses habitants

La création d'une identité urbaine constitue la condition impérieuse de l'appropriation de la ville par ses habitants. Tel pourrait être l'enseignement majeur de la conférence organisée par Acteurs de l'économie - La Tribune et Wicona, le jeudi 24 septembre 2015. Les évolutions démographiques obligent à penser la ville différemment, construite autour de plusieurs centres, dans une logique fonctionnelle. Surtout, la ville de demain se devra d'être socialement performante.

Dans leurs extensions futures, les villes devront demeurer humaines, pose d'emblée Manuelle Gautrand, architecte, fondatrice de l'agence Manuelle-Gautrand Architecture. Avec Carlos Moreno, professeur des universités, spécialiste de la ville intelligente, Francis Pisani, journaliste et essayiste, Jean-Loup Metton, maire de Montrouge, impliqué dans la construction du Grand Paris, et Patrice Jolibois, responsable développement au sein de Wicona France, elle était l'invitée de la conférence organisée par Acteurs de l'économie - La Tribune et Wicona, le jeudi 24 septembre 2015, intitulée "Villes de demain : défis et opportunités d'un nouvel urbanisme" et animée par Bernard Jacquand.

Patrice Jolibois

Patrice Jolibois, responsable développement au sein de Wicona France

Aussitôt, Francis Pisani prévient : "Les villes de demain seront, a priori et dans les premières années de leur création et de leur développement, difficiles, voire impossibles, à habiter." Sauf, selon Patrice Jolibois, "à répondre spécifiquement aux besoins de leur population et en tenant compte des évolutions démographiques". Il s'agit, assène Jean-Loup Metton, "de penser et de construire la ville de demain pour ses habitants".

Logique et pluralité fonctionnelles

La construction, demain, de la ville doit "s'enraciner dans le contexte historico-culturel de chaque territoire, et plus largement de chaque continent", précise Carlos Moreno, distinguant les spécificités territoriales propres à l'Europe, à l'Afrique ou à l'Asie, et tentant de les envisager selon un triptyque "homme-activités-territoire". La ville, selon lui, doit être appréhendée dans une logique fonctionnelle, puisqu'elle offre à ses habitants des espaces d'habitat, de travail et de loisirs.

Carlos Moreno

Carlos Moreno, professeur des universités, spécialiste de la ville intelligente

Ces activités doivent pouvoir se développer dans des secteurs, ou "quartiers", qui composent la ville. Celle-ci, demain, insiste et espère Manuelle Gautrand, sera ou se devra d'être "polycentriste", i.e. construite autour de plusieurs centres. Pour elle, il est du ressort et de la responsabilité des architectes et des urbanistes d'attribuer à chaque quartier "une pluralité fonctionnelle. Celle-ci passe par la mutualisation des espaces communs et la réduction des distances entre les différents pôles d'activités de chaque quartier".

Le quartier, abonde Jean-Loup Metton, "doit conserver une taille humaine", d'où l'importance d'une approche polycentriste de développement urbain. "Chaque quartier devra proposer les mêmes services à ses habitants, favoriser entre eux les échanges via la création d'espaces de rencontre. Par excellence, la ville de demain doit devenir un lieu de performance sociale."

Jean-Loup Metton

Jean-Loup Metton, maire de Montrouge, impliqué dans la construction du Grand Paris

"Un lieu de vie"

Lieu de performance, mais surtout "lieu de vie", préconise Francis Pisani, qui considère lui aussi que "le quartier constitue la cellule primaire d'appropriation de la ville par ses habitants. Cette appropriation est fondamentale pour que fonctionne durablement un projet urbain". Et Patrice Jolibois d'abonder : "L'appropriation de la ville ne se fera que si les espaces urbains répondent aux besoins de leurs usagers". La prise en compte de ces besoins "doit stimuler l'inventivité des concepteurs et des bâtisseurs de la ville de demain", lance Manuelle Gautrand.

Le travail en concertation avec les habitants-usagers et le dialogue permanent doit lui aussi favoriser la créativité des inventeurs de la ville. Un dialogue qu'il est "nécessaire, voire impératif, de dégager des enjeux de pouvoir, afin de ne pas perturber le processus de création de la ville de demain". Pour Francis Pisani, il est fondamental, dans ce processus d'invention, d'imaginer des espaces modifiables par les habitants eux-mêmes. "La transformation des espaces au gré des usages doit être prévue dès l'étape de conception." Cette modularité est une autre condition de la viabilité d'un projet. Elle est même un fondement de l'appropriation des espaces. Et de la réussite des projets urbains de demain.

Francis Pisani

Francis Pisani, journaliste et essayiste

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