A Lyon, l'année coule au fil d'évènements culturels forts et souvent de portée internationale, farandole de danse, cinéma, musique, littérature, arts plastiques... Demandez le programme : Biennale de la Danse, Festival Lumière, Fête des Lumières, Quai du Polar, Assises Internationales du Roman, Nuits Sonores, Nuits de Fourvière... Fort de son bassin de 6 millions d'habitants et d'un public souvent enthousiaste, la ville ajoute de nouveaux rendez-vous à un agenda culturel bien rempli et peut compter sur le succès. Mais à quoi rime cet empilement ?« Comment lier tout cela ? Quelle est au final l'image de Lyon en matière culturelle ? La ville n'est pas associée à un art particulier, ce n'est pas obligatoire, mais nous n'avons pas su affirmer notre force et notre pertinence culturelle, comme cela a été fait pour la gastronomie ou la pharmacie », déplore Dimitri Ovtchnnikoff, administrateur général de la Maison de la Danse.

 Un bien commun

C'est un peu foutraque, souvent en mal de visibilité, surtout si on ajoute une bouchée de « millefeuilles » administratif dans ce gâteau culturel où interviennent la Ville, le Département, OnlyLyon, la Métropole.... « Nous devons défendre collectivement ce bien commun qu'est la culture, ce n'est pas encore le cas », admet Dominique Delorme directeur du Festival les Nuits de Fourvière. Festival couvé par le Conseil Général et donc absent des documents touristiques de la Ville de Lyon... Jérôme Chabannes, directeur artistique du festival « Piano à Lyon » qui depuis 10 ans invite de magnifiques artistes, se cogne à quelques incohérences : « Je travaille sur ma programmation de 2016 et je peine à trouver des salles municipales que la Ville met à notre disposition. J'ai dû renoncer à un concert de Margaret Argerich, la salle était prise par des conférences à destination de retraités ! Où est la volonté de faire rayonner Lyon ?

Les promesses de Confluences

Il faut inventer, expérimenter, donner du contenu, du sens, « la culture est un lieu de construction de la pensée collective, elle permet à chacun de se façonner une pensée sur la société future. Il ne s'agit pas seulement de remplir les hôtels de la ville, avec une seule approche mercantile on courrait à la catastrophe », martèle Dominique Delorme. Le Musée des Confluences, qui sera inauguré mi-décembre devrait répondre de manière spectaculaire à cette attente d'innovation. « Avec une muséographie partant de grandes questions et mêlant les disciplines, nous croisons les regards, stimulons des questions, de nouvelles manières de penser », annonce son conservateur Bruno Jacomy. Il promet aux visiteurs du Musée « des apparentements étonnants » et un outil d'expérimentation futé baptisé Muséo Lab.

Lyon donne à déguster de la culture, il serait bien qu'elle en produise plus. « Nous n'avons pas de capacité à produire des créations, nous manquons de studios adaptés » et Dimitri Ovtchinnikoff de plaider pour un lieu de fabrique du spectacle vivant. Pour Dominique Delorme, il est vital aussi de choyer des artistes sans public, « être attentif à ces artistes confidentiels mais d'une telle qualité qu'ils laissent des traces essentielles et pour longtemps ».