"Habiter" : La ville, une histoire commune

Dans le cadre des Cités-Débats Lyon 2014-2020 proposés par Acteurs de l’Economie, « habiter » était la notion explorée le 23 mai. Une question complexe et lourde de sens.
Crédits : Laurent Cérino

Cette constatation fait consensus : construire une ville pour ses habitants, ce n'est pas juste « produire » du logement. « En tant que bailleur social, notre préoccupation est le logement, mais pour qui produit-on la ville, comment ? », interroge Cedric Van Styvendael, DG de Est Métropole Habitat. « Il s'agit de favoriser une expérience sensible, positive, construire des récits, une histoire commune. Je suis en contact avec des gens qui disent ne pas se reconnaitre dans leur ville ». Penser aux équipements publics, à l'accès aux transports, tenir compte du coût du foncier, du coût de l'énergie... de multiples contraintes pèsent sur la ville en devenir, la tâche se révèle fort complexe pour les urbanistes.

 Non aux urbanistes

« Ce n'est surtout pas aux urbanistes de faire la ville, ils sont trop dogmatiques et se trompent. La société secrète son propre urbanisme, en s'adaptant aux contraintes et aux désirs des habitants », tranche Jean Chabanne, architecte-urbaniste, fondateur de l'agence Chabanne et Partenaires. Il évoque ainsi l'échangeur de Perrache, « une erreur considérable, une folie dont on ne se remettra pas ». Le Grenelle de l'environnement, de son côté, pèse sur l'espace urbain et les bâtiments. « La problématique du Grenelle terrifie les propriétaires des immeubles des années 60-80, car il suppose des coûts très lourds. Or les gens n'achètent plus aujourd'hui pour toute une vie mais pour dix ans peut-être. Comment alors se projeter, créer un consensus collectif ? », témoigne Renaud Franchet, président adjoint de l'Unis Lyon-Rhône, société de régie d'immeubles. Le « plan climat » du quartier Ste Blandine voulu par le Grand Lyon, se révèle par exemple« très compliqué à mettre en place ».

La ville numérique

Dans cette évidente complexité, se dessine aussi « la ville numérique », décrite par Roland Airiau, responsable du programme de recherche « société numérique » chez Orange Labs. Les outils numériques permettent de mesurer les usages des habitants (consommation d'eau, d'énergie, déplacements...) ces informations en temps réel, mises à la disposition des opérateurs, rendent possible une offre et une régulation au plus fin. Météo, places de stationnement disponibles, trajet le plus court pour aller à l'hôpital... « les villes vont s'instrumenter pour avoir de l'information, le tout numérique vise des services de la vie quotidienne ». Il voit plus loin, « se prêter des choses entre voisins, échanger des services, les jeunes sont déjà dans cette dimension, on retrouve l'économie collaborative ».

Vivre ensemble ?

Ne pas perdre de vue toutefois le « vivre ensemble », Cédric Van Styvendael insiste sur cette nécessité de favoriser un « vécu partagé. Qu'il y ait 25% de logement social partout, parfait, mais quid de l'altérité ? Il faut absolument régler cette question sinon on façonnera des espaces où il sera compliqué de se parler ». Cette question demeure centrale à l'heure où l'individualisme ne cesse d'ériger des barrières, « comment parvenir au consensus, cimenter une histoire collective ? Au sein des copropriétés, nous sommes confrontés à cet individualisme grandissant, les gens ne se disent même pas bonjour », déplore Roland Airiau.

 

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