Convention TER : Auvergne-Rhône-Alpes et la SNCF enfin d'accord

Au terme de près de deux ans de discussions, la nouvelle convention pluriannuelle (2017/2023) pour les TER en Auvergne-Rhône-Alpes devrait normalement être signée le 15 décembre. Laurent Wauquiez, président LR de la région et Guillaume Pepy PDG de la SNCF, ont présenté, ce lundi, les grandes lignes du projet devant être voté par les élus régionaux lors de la session du 29-30 novembre. La CGT et l'opposition dénoncent un manque de transparence.

La nouvelle convention TER en région Auvergne-Rhône-Alpes sera signée en principe le 15 décembre prochain. Guillaume Pepy, PDG de la SNCF s'est spécialement déplacé à Lyon pour présenter aux côtés de Laurent Wauquiez, président (LR) de la région, les grandes lignes de leur accord conventionnel ce lundi matin.

"Nous avons eu à cœur de changer l'état d'esprit, de révolutionner l'approche. Nous avons essayé de construire une convention dans laquelle l'usager est au centre. C'est stimulant pour la SNCF et pour tous", s'est félicité, d'emblée, Laurent Wauquiez

Le patron de la 2ème région de France ne s'est pas privé, une nouvelle fois, de fustiger un héritage catastrophique qu'il a comparé, à deux reprises, à un monde des Shadoks, ces créatures miniatures bêtes et méchantes.

Cap TER 2020

La convention qui prendra effet rétroactivement au 1er janvier 2017, pour une durée de six ans, se veut un peu le poisson-pilote du plan national Cap TER 2020 dévoilé le 15 septembre 2016 par Frank Lacroix, directeur général de l'activité TER. Ce programme répond à la double ambition de baisser les coûts des autorités organisatrices des TER et de renouer avec une croissance du trafic en ciblant une augmentation de 5 à 10 % des clients sous quatre ans, après le fléchissement enregistré depuis 2012.

Lire aussi : TER : la Région n'a pas voulu conclure de convention avec la SNCF

Et pour ce faire, l'utilisation du digital sera un levier important. Avec 1 500 trains, 600 cars et 175 000 voyageurs transportés par jour, Auvergne-Rhône-Alpes se positionne comme le premier réseau TER de France.

Un objectif de baisser de 40 % les TER en retard

La prochaine convention régionale stipule la baisse de 40 % du nombre de TER en retard pour atteindre 90 % des trains à l'heure en 2020, contre 87,1 % en 2016. Elle vise une division par deux du nombre de trains annulés à la dernière minute (pour cause interne comme la pénurie de conducteurs) soit 1 700 en 2020 versus 3 400 en 2016. Il est encore précisé que pour la première fois la SNCF sera soumise à un risque sur ses recettes. Il se traduira par des pénalités systématiques pour les retards (150 euros par train) et une pénalité multipliée par cinq pour les annulations dès la première suppression y compris en cas de grève.

"Si la nouvelle convention avait été appliquée en 2015, la SNCF aurait payé non pas 700 000 euros de pénalités mais 5,2 millions d'euros", a traduit Laurent Wauquiez.

 Un réseau difficile

Déjà sous la précédente mandature, l'exécutif alors présidé par le socialiste Jean-Jack Queyranne, en Rhône-Alpes, avait dénoncé les dysfonctionnements des TER, particulièrement eu égard à la ponctualité. Ce matin, Guillaume Pepy a énuméré un contexte régional lourd de handicaps :

"Un cœur de réseau saturé, des infrastructures obsolètes à l'instar de beaucoup de matériels. A ces difficultés s'ajouteront des travaux à la gare de la Part-Dieu à Lyon sans supprimer un seul train".

Le défi sera relevé en adoptant une posture nouvelle : "nous sommes plus responsables que par le passé. En contrepartie nous avons plus d'autonomie de gestion", a reconnu Guillaume Pepy. "Faire partir des trains à la minute près suppose une vraie horloge industrielle et une remise à plat des horaires pour les sécuriser", a-t-il ajouté. "Il faut standardiser nos méthodes de travail. Et nous avons pris les meilleures pratiques dans chaque région".

Une convention à 543 millions d'euros par an

En espèces sonnantes et trébuchantes, la région Auvergne-Rhône-Alpes prévoit de verser 543 millions* par an à la SNCF. Ce montant sera stabilisé en euro courant sur la période de la convention.

"Ce budget était de 539 millions en 2015. Nous pensons arriver autour de 540 à 545 en 2017", a estimé le président de la région.

Des dessertes par le train sont-elles menacées ? La seule suppression de petite ligne Oyonnax-Saint-Claude, déjà décidée, "sera remplacée par un service de bus équivalent", a répondu Laurent Wauquiez. En termes de sécurité il a rappelé le doublement de la police ferroviaire (80 agents en plus) et sécurisation des gares et des trains.

Les interrogations de J-C Kohlhaas

Dans les rangs de l'opposition Jean-Charles Kohlhaas (porte-parole du Rassemblement citoyen écologiste et solidaire), interrogé par Acteurs de l'économie - La Tribune, dit apprendre par la presse, et le tweet du président Wauquiez, le projet d'accord conventionnel.

"On n'en a jamais parlé en conseil ni à la commission des transports malgré nos demandes. On recevra le document de 900 à 1000 pages le 18 novembre pour un vote lors de la session du 29-30 novembre", déplore-t-il.

Quant au montant de la participation de la région, "nous avions pensé qu'elle allait être diminuée. Ce n'est pas le cas. Pour ce prix, on ignore si la SNCF va réduire la présence humaine, si elle va remplacer des trains par des cars à certaines heures".

De plus, l'élu Vert se montre très pessimiste sur la capacité de la SNCF à atteindre 90 % de ponctualité, un objectif "déjà affiché dans la convention 2009/2015".

La CGT dénonce un sabotage du service public

Du côté des cheminots (6 000 agents concernés par les TER), le comité d'établissement régional donnera son avis sur le projet de convention le 28 novembre prochain. Dans un tract daté de ce jour, la CGT dénonce l'attitude de Laurent Wauquiez et de Guillaume Pepy.

"Ni l'un ni l'autre n'a joué le jeu de la transparence. Les cheminots comme les citoyens ont été exclus des débats". Pour ce syndicat, "il va manquer 100 millions d'euros dans la convention si les chiffres sont confirmés". Et de dénoncer "une attaque sans précédent contre le service public" s'apparentant à "du sabotage".

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* Les recettes des usagers assurent environ 1/3 du budget de fonctionnement des TER pris en charge pour les 2/3 restant par la région sous forme de subvention et compensation.

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