A45 Lyon - Saint-Etienne : vers un nouveau Notre-Dame-des-Landes ?

Ce mardi, des militants anti-A45 ont entamé une marche le long du tracé de la future autoroute reliant Lyon à Saint-Etienne. Sur le terrain, des citoyens viennent en soutien des paysans et des communes touchées par le projet. Pour l'économiste Maxime Combes, membre de la coordination des opposants à l'A45, une opposition de type zadiste n'est pas à exclure.
Une vingtaine de militants est partie mardi de Saint-Etienne à la rencontre des populations concernées par le tracé de l'A45.

"No pasar A45", "Saccage, péage, enfumage : non à l'A45", "Vinci dégage". Au pied des locaux de Saint-Etienne métropole, une vingtaine d'anonymes accroche des banderoles graffées de rouge et de noir. Ce mardi 27 juin, 9 heures, un collectif informel émanant de la coordination des opposants à l'A45 se prépare à partir. Sandales aux pieds, sacs Quechua sur le dos, ils vont marcher une semaine durant en suivant au plus près le tracé du projet autoroutier. Soit une cinquantaine de kilomètres qui vont les mener au pied de l'hôtel de Région Auvergne-Rhône-Alpes, l'un des principaux financeurs du projet. Un point d'orgue est programmé les 1er et 2 juillet à Saint-Maurice-sur-Dargoire (69), où la coordination a organisé un week-end festif d'opposition à l'A45.

"Le but, c'est de faire des petites étapes pour prendre le temps de rencontrer les gens", explique Ben, casquette Nike et tee-shirt rouge imprimé du slogan "All power to the people". A ses côtés, une jeune femme précise : "Nous, urbains, allons à la rencontre des populations concernées par le tracé pour échanger sur l'impact que va avoir le chantier". Ici, pas de porte-parole officiel. Les photos et les caméras ne sont pas les bienvenues. Enfin, vers 10 heures, le groupe se met en marche à destination de La Talaudière, une commune périphérique de Saint-Etienne dont l'ancien maire, Pascal Garrido, reste farouchement opposé au projet d'A45, un projet vieux de 30 ans, relancé activement à partir de 2015, sous l'impulsion notamment du secrétaire d'Etat chargé des Transports, Alain Vidalies.

Etat d'esprit zadiste

Bien qu'anecdotique, cette mobilisation n'est pas sans évoquer l'état d'esprit zadiste qui a marqué le chantier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une mobilisation similaire n'est pas à exclure "si les pouvoirs publics ne se rendent pas compte de l'inanité de ce projet", estime Maxime Combes. Joint par téléphone, l'économiste militant, membre de la coordination des opposants à l'A45, note les similitudes entre le projet d'A45 et celui de Notre-Dame-des-Landes : situation géographique à la porte de grandes villes, forte mobilisation du monde paysan et soutien des populations urbaines. "On observe une alliance de gens venant d'horizons différents et constituant une mobilisation citoyenne qui a beaucoup de ressources", estime-t-il.

Lire aussi : A45, Accord de Paris : ils ratifient ; nous agissons

Maxime Combes note cependant qu'à la différence du projet d'aéroport, celui d'A45 n'a pas encore donné lieu à des expropriations. Par ailleurs, il s'étire sur une bande de territoire de 45 km de long. Situation qui ne facilite pas la mobilisation populaire. "Demain, s'il devait y avoir des expropriations dans le cadre de projets d'échangeurs, il serait étonnant qu'il ne se passe rien", juge l'économiste.

Crash test écologique

La coordination demande au Gouvernement ne pas signer le décret donnant à Vinci concession de l'autoroute à péage entre Lyon et Saint-Etienne. Pour Maxime Combes, tout est encore possible. "Ce n'est pas parce que les collectivités ont voté en faveur du projet qu'il n'existe pas de recours juridiques", insiste-t-il. Récemment interrogé sur le sujet, le ministre d'Etat chargé de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a d'ailleurs botté en touche, invoquant la nécessité de recevoir les différents acteurs en présence. En attendant, le dossier est toujours entre les mains du Conseil d'Etat.

"Ce dossier est le premier crash test écologique du Gourvernement, note Maxime Combes. On va pouvoir mesurer la cohérence des promesses et des actes." En effet, pour la coordination le projet d'A45 n'est pas compatible avec les engagements pris en matière de climat. Elle milite donc pour une réhabilitation de l'A47 et le développement d'alternatives de transport. "Rajouter une autoroute ne permettra pas de régler les problèmes de trafic à l'entrée des villes, assure Maxime Combes. On va simplement déplacer les bouchons."

Pour le militant, l'argument de l'attractivité ne tient pas davantage.

"Nous avons un contre-exemple parfait dans la région avec la ville de Valence qui est bien reliée par l'autoroute et le TGV mais qui n'a pas attiré pour autant plus d'investisseurs. Chaque fois que l'on relie une ville de taille moyenne à une grande métropole, elle se transforme en cité-dortoir."

Cet équipement a toujours été activement souhaité par le monde économique régional, CCI en tête. Les acteurs économiques voient dans la futur A45 un levier d'attractivité supplémentaire.

A contrario, le tracé d'une nouvelle autoroute pourrait bien avoir un impact négatif pour le tissu local. "On est en train de parler d'un territoire rural et agricole qui fonctionne bien, qui alimente les villes de Saint-Etienne et de Lyon et qui en vit correctement. Or on risque de casser cet outil."

Rente

Autre argument avancé par les opposants, celui du modèle économique retenu pour financer et exploiter cette infrastructure. Le budget officiel du projet, qui a été bouclé au forceps, se monte à 1,2 milliard d'euros, financé à hauteur de 840 millions par l'Etat et les collectivités locales.

"Que les pouvoirs publics doivent mettre autant sur la table montre bien que cette autoroute n'est pas viable et que Vinci n'est pas prêt à prendre le risque seul, analyse Maxime Combes. L'aberration, c'est qu'une entreprise privée va se retrouver concessionnaire en ayant payé que 30 % du projet. Les contribuables sont en train de financer une rente future pour Vinci."

Pour rappel, l'autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) avait rendu, le 19 octobre dernier, un avis (consultatif) favorable sur le projet de contrat de concession de l'autoroute A45, jugeant l'équilibre économique du dossier "raisonnable", mais sans se prononcer sur la pertinence du modèle de concession.

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Commentaires 8
à écrit le 02/07/2017 à 9:13
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Il existe 1 alternative, HYPERLOOP projet porté par Christian BRODHAG maître de recherches à l'ECOLE des MINES de Saint Etienne. Je vous invite à suivre ses travaux. A défaut de toute possibilité, les Ligériens devront alors se résoudre à regarder v...

à écrit le 01/07/2017 à 11:15
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lisez vite le livre des opposants A45 mise en exmen" Cotre enquete et contre arguments à ce projet de doublon d'autoroute devenu inutile et exhorbitant

à écrit le 01/07/2017 à 9:32
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Voilà bien un fantasme très Lyonnais.

à écrit le 29/06/2017 à 9:45
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il n'y a de NDDL que parce que l'exécutif d'alors a laissé s'installer la ZAD dans la durée. En 2012 il fallait mener l'opération César à son terme en y mettant les forces de l'ordre nécessaires (le terrorisme islamiste ne les monopolisait pas encore...

à écrit le 28/06/2017 à 19:29
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Le parcours du combattant est achevé. Reste à notre ministre des transports d'assurer la continuité républicaine.

le 30/06/2017 à 20:34
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Espérons que le bon sens l'emportera et que nos ministres prendront enfin conscience que l'A45 n'est pas la bonne solution pour améliorer les déplacements entre St Etienne et Lyon, qu'ils remettront ce dossier à plat afin de trouver un compromis qui ...

à écrit le 27/06/2017 à 18:53
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À l'instar des zadistes de ND des Landes qui ne prennent sans doute jamais l'avion, ceux de l'A45 ne prennent pas l'autoroute. Prochaine bataille, Hyperloop, en espérant que ses pylônes ne contrarient pas la route des oiseaux migrateurs. Ce jour là,...

le 28/06/2017 à 19:51
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Je ne sais pas s'ils prennent l'autoroute mais celle qui existe leurs suffit. Ils souhaitent préserver la qualité de vie de toute une région ainsi que les terres agricoles qui font vivre de nombreuses personnes. Celles-ci produisent des légumes et de...

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