Le projet d'une gare TGV à Allan est évoqué depuis 2001, date à laquelle avait été mise en service la LGV Méditerranée (ligne à grande vitesse). Une réflexion sur l'amélioration de la desserte du sud Drôme, sud Ardèche et du nord Vaucluse avait alors été engagée. Une étude de réalisation avait été inscrite au contrat plan État-région 2007-2013, comme le rappelle cette question posée dans l'hémicycle. En avril 2011, le ministre des Transports avait même confirmé l'engagement de l'Etat sur ce dossier. Réseau Ferré de France avait alors lancé quelques mois plus tard une concertation préalable à l'enquête publique.
Le projet était régulièrement évoqué. Mais malgré cela, force était de constater qu'il n'avançait guère et qu'il paraissait de plus en plus incertain. Le dossier connait depuis quelques semaines un nouvel élan, la Région ayant accepté de participer à son financement. Une étude va être lancée. La décision de la création d'une nouvelle gare TGV devrait intervenir d'ici à la fin de l'année 2017. Le nom est déjà trouvé. Exit "Gare TGV d'Allan" : les élus optent désormais pour "Montélimar-Provence"
Attractivité du territoire
Franck Reynier, député-maire (UDI) de Montélimar apparaît être l'un des acteurs les plus actifs dans ce projet. Pour lui, la création de cette gare semble être un "investissement essentiel pour la desserte du territoire", et qui pourrait profiter au développement économique ainsi qu'au tourisme. "C'est un dossier qui date de plus de 10 ans. Sous le précédent exécutif régional (PS ndlr), il n'y avait pas de majorité pour mener ce projet. Laurent Wauquiez s'est engagé sur l'étude de faisabilité", explique l'élu. Un équipement qui a un coût : entre 75 et 100 millions d'euros selon les estimations.
"Nous ne voulons pas une cathédrale. Cet équipement pourrait être tourné vers le numérique, avec des bornes d'accueil. Il faut aussi réfléchir aux coûts d'exploitations de la gare", poursuit-il.
De l'autre côté du Rhône, Hervé Saulignac, président du Conseil départemental de l'Ardèche, est prêt à participer au financement. Et même s'il pense que celui-ci devrait relever de l'Etat. "Je ne suis pas opposé à la création de cette gare", indique-t-il. Pour autant, il souhaite dans ce cas que l'infrastructure soit raccordée efficacement à l'Ardèche. "Pour les ardéchois, Allan, cela nous éloigne. C'est plus loin que Montélimar. Il va falloir trouver de l'argent pour les routes", poursuit-il. La Caverne du pont d'arc est l'un des arguments avancés pour la création de la nouvelle gare TGV. Pour l'élu ardéchois, cette dernière constituera seulement "un atout complémentaire".
"Un caprice de notables"
Les élus ne sont pas les seuls à se mobiliser. Des chefs d'entreprise avaient déjà manifesté leur intérêt pour la création d'une gare. "Nous avons perdu 2 TGV à la gare de Montélimar en décembre dernier. Il faut compter une heure de plus pour aller à Valence TGV. Il faut veiller à ce qu'il n'y ait pas d'accident et il faut contourner Valence", souligne aussi un usager.
Mais le projet ne fait toutefois point l'unanimité. Dans un communiqué, la Fédération nationale des association d'usagers des transports (FNAUT) a souligné son opposition, dénonçant notamment "un caprice de notables, contraire aux intérêts des voyageurs et à l'aménagement du territoire". Elle demande aux élus de renoncer à ce projet "inutile, ringard et ruineux".
"Abandonné en 2013, ce vieux projet renaît de ses cendres pour satisfaire l'ego d'élus qui se disent "développeurs" et risquent en réalité de "désaménager" le territoire", précise aussi le document.
La fédération - dont est membre le Collectif des usagers des transports publics en sud Ardèche - estime aussi que les voyageurs ardéchois "seraient les plus pénalisés par l'éloignement de l'accès au TGV". L'organisme avance aussi que le centre-ville de Montélimar "verrait ses activités commerciales davantage fragilisées", que "l'implantation de la gare et des parkings entraînerait une regrettable consommation d'espace à forte valeur agricole, l'imperméabilisation d'une surface considérable et un surcroît de pollution automobile".
Entre autres arguments, la FNAUT dénonce un "gaspillage d'argent public", notant que d'autres investissements seraient plus urgents, à l'instar de la réouverture de la rive droite du Rhône au service voyageur. L'Ardèche est en effet le seul département où il n'y a aucun train pour les voyageurs.
Décision fin 2017
Une première réunion du comité des financeurs s'est déroulée le 27 janvier dernier, à Valence, dans les locaux de la préfecture de la Drôme. A cette occasion, l'ancien préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Delpuech, a annoncé qu'une décision définitive serait prise d'ici à la fin de l'année 2017.
Une étude sous maîtrise d'ouvrage de SNCF Réseau et co-financée par l'État, SNCF, le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, le Conseil départemental de la Drôme et la communauté d'agglomération de Montélimar va être rapidement lancée. Celle-ci vise à prendre en compte - dans la définition des besoins - des éléments nouveaux, tels ceux qui sont liés au développement de l'activité touristique. L'étude mesurera également l'impact des nouveaux modes de déplacement et de nouvelles pratiques de mobilité.
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