Saint-Etienne : Tous à bicyclette !

A la grande époque, Saint-Etienne n'a pas été qu'une ville de football. La cité ligérienne a aussi marqué son monde par une autre discipline toute aussi populaire et créatrice d'emplois : le cycle. Une histoire que raconte et montre le musée d'Art et d'Industrie de la ville.
Le cycle à Saint-Etienne exposition jusqu'au 5 janvier 2015 au Musée d'art et d'industrie de la ville.

A l'aube du XXIe siècle, le vélo 100 % français existe-t-il encore ? Oui ! Et de surcroît rhônalpin, que l'on peut découvrir en ce moment au cœur même de la cité qui fut, près d'un siècle durant, la capitale française du cycle : Saint-Étienne.

Sous forme d'une pièce unique il est vrai, en l'occurrence un « fixie », selon le terme employé par les branchés pour désigner un vélo dont l'unique pignon est totalement solidaire de la roue arrière. Une pièce en passe de devenir mythique, et que, à l'occasion de sa nouvelle exposition, le musée d'Art et d'Industrie stéphanois a commandé à la société Cycles Victoire, laquelle l'a réalisée uniquement à partir de pièces détachées fabriquées et assemblées en France. Cette pièce va rejoindre celles que possède déjà le musée stéphanois, soit près de 350 machines, certaines rares voir uniques, qui constituent la première collection française en la matière.

Trois millions de français achètent un vélo

Les Cycles Victoire ? Une toute jeune marque française de l'industrie du cycle, qui a repris le flambeau et basée non loin, à Clermont-Ferrand. C'est là qu'elle fut créée en 2011 par un enfant du pays auvergnat, Julien Leyreloup, et un groupe d'amis venant de divers horizons du cyclisme, tous passionnés de vélo autant que de mécanique. Une entreprise juvénile autant qu'active, aimant à créer des produits destinés aux différentes pratiques actuelles du cyclisme, du vélo urbain au vélo de route, en passant par la randonneuse et le VTT. Bref une affaire qui roule ! Tout comme les trois millions de Français qui achètent chaque année un vélo.

La petite reine a toujours ses adeptes, ses utilisateurs et ses défenseurs.
Centre légendaire en la matière, la cité stéphanoise ne pouvait que narrer cette longue et riche saga. C'est chose faite au musée d'Art et d'Industrie. La richesse et la variété des pièces, objets, photographies et affiches présentés, à commencer par plus de 70 vélos ; la variété et l'habilité de la scénographie imaginée et menée à bien ; la clarté des textes narratifs... tout fonctionne à merveille et concourt à faire entrer le visiteur dans le jeu. D'un épisode à l'autre. D'un siècle à l'autre.

Vidéo des collections du musée d'art et d'industrie de Saint-Etienne avec la partie cycles

Des entrepreneurs inventifs

Tout commence à la fin du XIXe siècle. Cité industrielle en pleine expansion, avec un volant vite dévolu aux aciers spéciaux, Saint-Étienne devient le leader des constructeurs et des fabricants de pièces détachées pour cette toute nouvelle industrie du cycle. Avec une date phare : 1889, et la construction de la première bicyclette française par les frères Gauthier, des mécaniciens de métier.

L'année suivante, Étienne Mimard et Pierre Blachon créent la marque Hirondelle, concurrente des luxueuses bicyclettes anglaises qui entendent monopoliser le tout jeune marché français. Le succès est au rendez-vous, la Chambre syndicale du cycle voit le jour, le tournant du siècle le confirme : les années 1920, peuvent être considérées comme l'âge d'or du cycle à Saint-Étienne et voient se créer et se développer des grandes marques devenues cultes : Ravat, Automoto, Cyclo puis Mercier. Les grandes entreprises cohabitent avec une kyrielle de petits ateliers spécialisés dans le montage des cycles ou dans les pièces détachées.

Une visite interactive

L'exposition propose une visite interactive, par le biais d'une table cartographique tactile, permettant de suivre à la trace ces acteurs qui ont façonné l'histoire du cycle au cœur de la cité. Les firmes assoient leur notoriété grâce à des innovations techniques, comme l'invention des dérailleurs ou celle du duralumin, alliage léger à base d'aluminium. Mais aussi par le biais d'une implication active dans les domaines phares de la pratique cycliste que sont la compétition sportive et le cyclotourisme. Sans oublier une place d'importante accordée très tôt à la publicité, alors qualifiée de réclame, comme le montrent nombre d'affiches, de catalogues et autres publicités, où la couleur triomphe. Au vélodrome de Saint-Étienne, lors des Semaines du cycle réunissant les professionnels, les entreprises dévoilent leurs nouveautés...

Après la Seconde Guerre mondiale, c'est le ressac et la crise, avec l'arrivée de produits moins chers, du Japon entre autres, et la concurrence du scooter. Les chiffres sont impitoyables : plusieurs centaines de producteurs en 1923, faisant travailler 15 000 salariés ; 50 entreprises seulement en 1973, avec 3 000 salariés. Le tournant du siècle n'arrange rien.

Certains producteurs ont dû se reconvertir, mais le cycle reste un des pôles d'excellence du bassin stéphanois. Stronglight produit plateaux et pédaliers ; Olympic Cycle reste un spécialiste des cadres ; Cycles Mercier-France Loire monte et équipe des bicyclettes comme les fameux Vélo'V de Lyon, la grande voisine. De leur côté, quelques artisans perpétuent la tradition du travail « sur mesure » et de jeunes équipes se lancent audacieusement dans l'aventure... comme celle des Cycles Victoire.

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Commentaire 1
à écrit le 31/10/2014 à 23:18
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