Jean-François Debat, l'un des architectes du PS nouveau ?

Alors que le Parti socialiste doit faire face à une crise sans précédent, certaines figures locales, plus jeunes, auront sans doute un rôle clé à jouer. Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse et leader de l'opposition à la région Auvergne-Rhône-Alpes sera-t-il de ceux-là ? L'énarque de 51 ans, homme de l'ombre et réputé discret, dévoile à Acteurs de l'économie - La Tribune sa vision des choses.

"Le PS est affaibli mais n'est pas mort ", martèle Jean-François Debat. Après les revers électoraux du printemps, infligés par un quinquennat présidentiel lourdement sanctionné, et par la vague En Marche, le président du groupe d'opposition à la région Auvergne-Rhône-Alpes compte bien participer activement à la reconstruction du parti de la rue Solférino. Pour preuve, il est l'un des premiers signataires de l'appel du mouvement "se mobiliser aujourd'hui pour réinventer la gauche demain !", aux côtés de Najat Vallaud Belkacem, autre socialiste balayée par le vent du renouvellement.

A 51 ans, et alors que les éléphants du parti sont en difficultés, Jean-François Debat peut-il ainsi donner une nouvelle dimension à son engagement ? En intégrant l'ENA il pensait embrasser la Préfectorale "pour être sur le terrain". Mais la politique happe très tôt ce socialiste militant depuis l'âge de 18 ans. Ainsi, en 1989, le conseiller d'Etat se retrouve adjoint au maire de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, en charge de la politique de la ville et aussi président de l'office HLM local. Dix-neuf ans plus tard, ce père de 3 enfants (Arthur, Romane et Justine), marié à une psychopédagogue (Anne), gagne la mairie et décroche sa réélection en 2014. S'il est né à Lyon, c'est dans la capitale bressane, où son père médecin choisit d'y exercer sa profession, qu'il grandit au sein d'une fratrie de cinq.

Jean-François Debat, c'est aussi l'histoire de rendez-vous manqués.

"A trois reprises j'étais dans la short list pour entrer au gouvernement", sous l'ère de François Hollande, confie-t-il. "N'ayant jamais été dans une écurie les grands chefs à plumes ne m'ont pas appelé. Je ne suis l'obligé de personne".

"Nous n'avions pas besoin de division".

Pourquoi n'a-t'il pas brigué la tête de liste de la gauche lors des élections régionales de 2015, face à Laurent Wauquiez (LR), pour répondre à ceux qui souhaitaient un renouvellement ? Manque de notoriété ?

"Jean-Jack Queyranne n'a pas souhaité ouvrir la discussion à ce propos. Je me serais alors placé en diviseur. Nous n'avions pas besoin de cela", glisse, loyal, l'ex-vice-président délégué aux Finances.

"Jean-François est honnête et sincère. Il n'a pas voulu trahir un homme avec qui il travaillait", analyse Christiane Puthod, ancienne vice-présidente Front de gauche en charge de l'emploi.  "Ce n'est pas un ambitieux", appuie le Vert Jean-Charles Kholhaas. Fidèle à sa ligne de conduite, l'intéressé confirme n'éprouver ni amertume ni regret. "Je ne suis pas de ces élus qui considèrent que leur carrière passe avant toute chose. L'entêtement n'est pas une bonne manière de faire de la politique".

Les émotions du chaudron stéphanois

Et, tout naturellement il sera élu à la présidence du groupe socialiste, démocrate, écologiste et Apparentés dans la nouvelle assemblée régionale Auvergne-Rhône-Alpes. Avec la volonté affichée de se poser en "opposition résolue et constructive". Saura-t-il continuer à fédérer maintenant que ce groupe compte quelques affiliés de "La République en Marche" ? La musique baroque a fait découvrir à ce mélomane éclectique une forme de subtilité donnée par le mélange des sons et des variations. Pas de raison donc que les relations ne restent pas cordiales, anticipe-t-il.

S'il peut donner l'image d'une certaine froideur, il se montre tout autre sur son blog et exalte ces moments d'intense émotion vécue pendant la finale (de foot) de Glasgow en 1976. Il aime, sans compter, l'ambiance des stades, en particulier le chaudron de Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne, l'équipe qu'il soutient. "Cela me fait au moins un point commun avec Laurent Wauquier" ! Le ballon rond, lui, le pratique aussi avec son fils et les amis de celui-ci : "le problème, c'est que maintenant le terrain me paraît de plus en plus grand", s'amuse t-il. Aussi, et pour se maintenir en forme, et garder sa silhouette svelte, privilégie-t'il, la course à pied. Sa fibre écologique le fait se déplacer à vélo à Bourg-en-Bresse mais aussi à Lyon - siège de la région - et à Paris. Emploi du temps rempli pour le trésorier national du PS qui entend jouer sa part dans la reconstruction du parti.

"Certains matins je me demande..."

Lors des éléctions législatives, il ne s'est pas présenté, comme il l'avait annoncé en 2012 quand il perdit son siège. Une défaite qu'il attribue au charcutage de sa circonscription (la 1er) par Nicolas Sarkozy. Et il vivra cet échec comme un "coup d'arrêt", selon ses termes. Mais son mandat de maire, et tout récemment de président de la communauté d'agglomération du bassin de Bourg-en-Bresse, lui procurent encore beaucoup de satisfaction malgré les lourdeurs de vie locale et des semaines de 70 à 80 heures.

"Certains matins, et en particulier le dimanche, je me demande pourquoi je fais cela. C'est avant de partir. Mais quand j'y suis j'apprécie les moments partagés avec les gens. Le jour où ce ne sera que contraintes il faudra que je me retire".

Mais a priori jamais loin de Bourg-en-Bresse à qui il voue un attachement "calme, discret et peu expansif". Il a, aussi, un autre port d'attache, le petit village de Bourdeaux, dans la Drôme.

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