Gérard Collomb place Beauvau : quelles conséquences politiques à Lyon ?

Après la nomination de Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur, et le renoncement de ses fonctions de maire de Lyon et de président de la Métropole, le paysage politique lyonnais devrait être profondément bouleversé. Si la succession à la mairie centrale - où Georges Képénékian est pressenti - devrait être plutôt fluide, celle au conseil métropolitain - promis à David Kimelfeld - pourrait être plus compliquée. Mais le résultat des élections législatives pourrait également changer la donne.
Georges Képénékian (à gauche) et David Kimelfeld (à droite).

La nomination de Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur, actée ce mercredi, entraînera des changements au sein des institutions locales. L'édile lyonnais a annoncé renoncer à ses mandats exécutifs locaux lors de la passation de pouvoir, ce jour, place Beauvau. Il était à la fois maire de Lyon et président de la métropole lyonnaise, des postes difficiles à cumuler avec un maroquin ministériel aussi exigeant que celui de l'Intérieur.

Mais cette décision n'était pas obligatoire d'un point de vue légal, car même si la loi de non-cumul des mandats est en vigueur depuis le 31 mars, le statut particulier de la Métropole de Lyon lui permettrait de conserver la présidence de cette collectivité communautaire et son poste de sénateur jusqu'en 2020.

Risque pour la majorité à la métropole de Lyon

Quoi qu'il en soit, les contraintes de ce nouveau poste ministériel vont engendrer un renouvellement des visages, du moins au niveau de la présidence de la métropole et de la ville de Lyon. Alors que Gérard Collomb avait annoncé au mois de septembre 2016 la probable succession de David Kimelfeld à la mairie centrale, ce dernier - également maire du 4e et 1er vice-président de la métropole de Lyon, en charge de l'économie- serait pressenti à la présidence de métropole de Lyon. "Ce dauphin" qui a annoncé ce mercredi son départ du PS après les législatives - il est également premier secrétaire fédéral du parti -, a toujours suivi la "ligne Collomb". Proche de l'édile lyonnais, il s'inscrit dans la même philosophie politique et économique que Gérard Collomb et l'a suivi dans son aventure avec Emmanuel Macron.

Sa nomination - qui doit être votée en conseil métropolitain - peut certes apparaître comme une évidence, mais elle n'est cependant pas encore actée. En vieux briscard de la politique, le nouveau ministre de l'Intérieur avait réussi - grâce à son habilité politique et son expérience - à composer une majorité au conseil métropolitain en ouvrant au centre et à droite, notamment en s'alliant avec le groupe Synergie. Cette alliance pourra-t-elle tenir avec David Kimelfeld, alors que certains lui reprochent son manque de charisme ?

"Il n'a pas l'autorité naturelle d'un Gérard Collomb. Il s'est construit politiquement à travers lui, alors que Collomb a tracé son propre sillon", déclare à Acteurs de l'économie - La Tribune, une conseillère métropolitaine et députée, classée à droite.

De son côté, un ténor du groupe Synergie - qui regroupe une trentaine de maires de l'Ouest lyonnais - explique qu'un soutien, ou non, ne dépend pas d'une personnalité, mais bien de l'appréhension par l'exécutif des sujets qui font le socle de Synergie : "la défense des intérêts des communes et des territoires". Cependant, cette recomposition doit être le moment, estime ce personnage de Synergie "pour modifier la gouvernance de la métropole et assurer une redistribution des rôles notamment par rapport aux groupes politiques. Cela afin d'assurer la poursuite de la construction de la Métropole".

Pascal Blache, maire du 6e arrondissement et conseiller métropolitain assure également, dans un communiqué, que "la question de la future gouvernance de notre Métropole est à nouveau posée avec le départ de Gérard Collomb. Un candidat successeur de la mouvance "En marche" a désormais peu de chance d'obtenir une majorité, même relative, au sein de cette assemblée". Le prochain conseil métropolitain, prévu lundi 22 mai, permettra d'éclaircir les choses.

Une situation plus calme à l'Hôtel de Ville

Le jeu des chaises musicales devrait également concerner la mairie de Lyon. Georges Képénékian, est pressenti pour prendre la direction de l'Hôtel de Ville. Ce chirurgien urologue de 66 ans, un des piliers de l'Hôpital Saint Luc, militant de la cause arménienne, a fait son entrée en 2008 au conseil municipal de Lyon où il occupe depuis avril 2014 le fauteuil de 1er adjoint auprès de Gérard Collomb. Il est en charge de la culture, des grands événements et des droits des citoyens. Il siège également à la métropole en tant que 10e vice-président. "Georges Képénékian est le successeur tout à fait naturel de Gérard Collomb. Il a une autorité forte et est extrêmement respecté", explique un adjoint à l'Hôtel de Ville.

Le nom de Richard Brumm serait également évoqué. Cet ancien sarkozyste, 5e adjoint au maire de Lyon en charge des Finances est un proche de Gérard Collomb. Son profil d'homme de droite au service de la gauche est en adéquation avec l'ambiance macroniste actuelle. Là aussi, le prochain conseil municipal, prévu le 29 mai, devrait apporter des éléments de réponse. Mais la situation à la mairie centrale sera à coup sûr moins tendue qu'à la Métropole. La liste de Gérard Collomb aux dernières municipales était arrivée largement en tête. Comme à la métropole, un vote en conseil doit élire le nouveau maire.

Si ces scénarios sont clairement envisageables, un point n'est pas à négliger : l'issue des élections législatives. Que se passera-t-il sur la République En Marche n'obtient pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale ? Un remaniement pourrait intervenir en fonction du rapport de force. Et dans cette optique, tous les ministres seraient sur un siège éjectable. Il ne faut donc pas écarter la possibilité que ni à la Métropole, ni à l'Hôtel de Ville, les successeurs ne soient nommés. Au cas où Gérard Collomb rentrerait plus rapidement de Paris.

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