Gaël Perdriau : "La smart city est une réalité à Saint-Etienne"

En développant le programme Digital Saint-Etienne, le maire Gaël Perdriau veut affirmer le positionnement de la ville ligérienne comme une smart city. Elle focalise notamment ses expérimentations dans des quartiers anciens, où les besoins sociaux sont importants, et mise sur l'apport des grands groupes à travers des partenariats publics-privés. Entretien.

ACTEURS DE L'ECONOMIE - LA TRIBUNE. Saint-Etienne a été invitée par l'Ambassade de France, mi-novembre, à présenter sa stratégie de ville intelligente et durable, dans le cadre du séminaire franco-hellénique sur la ville intelligente. Cette invitation internationale n'est-elle pas surprenante? N'y a-t-il pas des villes françaises plus avancées que Saint-Etienne sur le sujet ?

GAËL PERDRIAU. Saint-Etienne est la première ville en France à développer une plateforme numérique transversale de la donnée urbaine en ciblant un quartier ancien. Il s'agit d'une véritable innovation car les autres projets français concernent principalement des quartiers neufs ou à construire. Notre stratégie est cristallisée autour de Digital Saint-Etienne. Ce dossier a été lauréat, en 2016, du premier appel à projets "démonstrateur industriel pour la ville durable" du ministère de la Cohésion des territoires. L'Etat a donc estimé que Saint-Etienne était la mieux placée pour témoigner de ce que fait la France en matière de ville intelligente.

De quoi s'agit-il exactement ?

Les données urbaines sont aujourd'hui très cloisonnées. Les fournisseurs d'énergie ont leurs propres informations sur leurs clients, la Ville a des données sur les caméras de vidéo-surveillance, sur les transports en commun par exemple. L'Etat en a d'autres de son côté avec le cadastre, l'Insee, etc. En respectant évidemment la réglementation fixée par la CNIL, l'enjeu global est d'agglomérer toutes ces données, de les traiter, pour en tirer des informations utiles aux habitants afin d'augmenter leur reste à vivre.

Digital Saint-Etienne a pour objectif notamment de baisser les dépenses d'énergie et d'eau des Stéphanois. Des applications mobiles, de la domotique, seront développées pour les guider dans leurs choix et les aider à réduire leurs factures. Le chantier est important car il faut mettre en musique le travail de l'ensemble des partenaires. Ce projet prend forme dans le cadre d'un partenariat public-privé avec Suez. Suez va investir 1,2 million d'euros, l'Etat 2 millions d'euros, Saint-Etienne Métropole et la Ville 500.000 euros.

Un an après l'appel à projets, où en êtes-vous ?

Digital Saint-Etienne devrait être opérationnel courant 2018, sur un quartier pilote. Nous avons choisi Beaubrun-Tarentaize (8 000 habitants), car c'est justement dans ces territoires hébergeant de l'habitat ancien et des populations n'ayant pas forcément les moyens d'investir dans l'isolation que le problème des économies d'énergie se pose de façon aiguë.

Nous travaillons aussi, sur ce quartier, avec d'autres partenaires comme Philips lighting pour l'éclairage public et Nature And People First (fondé par Denis Payre, NDLR) qui souhaite expérimenter une technologie de stockage d'énergie. Une fois que le service sera fonctionnel et les bénéfices vérifiés, l'ambition est de le déployer dans d'autres villes. Chacun des partenaires retirera de ce déploiement national voire international des bénéfices à la hauteur de son investissement de base.

Est-ce que Digital Saint-Etienne suffit à faire de la cité une ville intelligente ?

Nous avons beaucoup avancé sur le sujet. Par exemple, nous déployons un projet numérique sur l'ensemble des écoles de l'agglomération. Nous avons mis en place le wifi gratuit sur une quinzaine de places ainsi que dans les lignes principales de tramway et de bus. Nous avons aussi beaucoup investi dans des beacons, ces petites balises qui nous permettent de pousser de l'information, grâce notamment à notre application MobilisE. Elle est très complète : elle permet aux citoyens d'interagir avec la Ville en nous alertant sur des dysfonctionnements, elle nous permet de lancer des alertes (neige ou autre) et d'informer sur les manifestations. Nous avons aussi développé avec Transdev un outil reconnu comme un des plus complets en Europe, Moovizy.

Jusqu'en 2014, nous étions très en retard en interne sur l'aspect numérique avec une DSI qui était orientée réseau. Depuis, nous avons mis en œuvre un programme numérique très ambitieux. La smart city, au service des habitants, est devenue une réalité à Saint-Etienne.

Les efforts et les investissements semblent importants. Pourtant, quand on parle smart city, on ne pense pas spontanément Saint-Etienne. Pourquoi ? N'y aurait-il pas un déficit de communication sur le sujet ?

Nous avions communiqué lorsque nous avons remporté l'appel à projets, et depuis, nous travaillons. Soyez attentive, dans les prochaines semaines, nous allons recevoir des prix sur ce dossier. Nous avons été nominés dans plusieurs concours nationaux.

Comment vous positionnez-vous par rapport à Lyon qui s'affiche également en référence de la smart city ?

Je ne me suis pas intéressé à cette question, je ne connais pas tout ce que fait Lyon en la matière.

Saint-Etienne a-t-elle envoyé des experts sur le salon Smart City Expo World Congress de Barcelone la semaine dernière ?
Only Lyon avait un stand. Nous faisons partie du dispositif OnlyLyon... donc oui !

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