Laurent Wauquiez et Gilles Chabert réfutent tout conflit d'intérêts

Gilles Chabert n'a pas été en situation de conflit d'intérêts, ni de prise illégale d'intérêts, affirment Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que le principal intéressé.
Photo d'archives

Laurent Wauquiez s'est exprimé jeudi 9 février avant la session plénière du conseil régional, lors d'un point presse où il a été interrogé par Acteurs de l'économie - La Tribune. Il a également pris la parole devant les élus. Gilles Chabert l'a suivi en envoyant un courriel lundi à la rédaction. Ces deux réactions surviennent après 15 jours de silence de la part de l'exécutif régional, qui avait été sollicité à plusieurs reprises par nos soins, après la révélation de soupçons de conflits d'intérêts concernant M. Chabert.

Un rappel aux élus

M. Wauquiez assure être "très vigilant" au sujet du risque de conflits d'intérêts. "J'ai fait diffuser une information à l'ensemble des membres de l'exécutif afin qu'ils soient attentifs à cela et je ferai diffuser cela aux élus de la majorité et de l'opposition", précise le président de l'exécutif régional.

"Je ne viens pas en vous disant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, précise Laurent Wauquiez. Je viens devant vous de façon lucide. C'est un challenge, car nous avons 240 élus, et tous peuvent avoir des implications associatives ou bénévoles."

"Plus clair"

Quant aux soupçons de conflit d'intérêts et de prises illégales d'intérêts, Gilles Chabert dément une nouvelle fois tout lien entre la révélation de soupçons de conflits d'intérêts et sa démission de son poste d'administrateur à la Compagnie des Alpes (CDA), annoncée le 31 janvier, soit quatre jours après l'enquête d'Acteurs de l'économie (paru le 27 janvier).

Il réaffirme que celle-ci est la conséquence logique de son opposition "au projet d'ouverture du capital de la Compagnie des Alpes à des investisseurs chinois", explique-t-il dans son courriel. La CDA n'a cependant pas fait état de la même version.

"Ma démission du mandat d'administrateur de la Compagnie des Alpes est intervenue en séance lors du dernier Conseil d'Administration le 26 janvier 2017, donc antérieurement à la parution de l'article d'Acteurs de l'économie - La Tribune, affirme M.Chabert. Ma démission n'est donc pas la conséquence de cet article."

"Gilles Chabert s'est retiré de lui-même de la Compagnie des Alpes, salue Laurent Wauquiez. Cela me va très bien et je trouve que c'est plus clair." Pourtant, le président de la région ne trouve pas à redire à la probable nomination de Carole Montillet, élue régionale membre de la commission Montagne au conseil d'administration de la Compagnie des Alpes.

"Carole Montillet n'est pas membre de l'exécutif, nous ne sommes donc pas dans le même niveau de contrainte que pouvait avoir Gilles Chabert qui avait une mission plus spécifique auprès de moi dans le cadre de la commission Montagne", nuance M. Wauquiez.

Conflit d'intérêts nié

Quant à la subvention de 20 000 euros accordée par la région à l'association Montanea, lors d'une commission permanente, Gilles Chabert affirme qu'il est administrateur de cet organisme au titre de président du Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF), et qu'il n'est donc pas en position de conflit d'intérêts. Les juristes consultés par Acteurs de l'économie - La Tribune, cités dans le premier article de cette affaire, n'ont pas la même lecture que M.Chabert à ce sujet.

Le "Monsieur Montagne" de Laurent Wauquiez ajoute également qu'il n'a pas "siégé depuis de nombreuses années" au conseil d'administration de Montanea, où "il se fait représenter par le membre du Comité directeur du SNMSF délégué régional pour la Savoie".

Laurent Wauquiez affirme de son côté que toute situation hors la loi a été évitée, sur ce dossier, parce qu' "il n'y a eu ni vote, ni instruction, ni avis de la commission Montagne sur ce dossier". Et le président de la région ajoute : "C'est précisément parce que je ne voulais pas créer une situation de conflits d'intérêts que j'avais donné fortement cette instruction."

D'après les documents consultés, le dossier relatif à Montanea a été abordé lors de la commission montagne, sous la présidence de Gilles Chabert, sept jours avant le vote de la subvention en commission permanente. Le compte-rendu de la commission montagne ne mentionne pas une absence de Gilles Chabert lors de la discussion, ni une prise de parole de l'élu sur ce dossier lors de cette commission.

Gilles Chabert précise également que "le conseil régional soutient l'association depuis 1994" et que son arrivée "n'a pas modifié le niveau des subventions".

"On marche sur la tête"

Concernant la situation due à l'exercice par M.Chabert de son poste de président de la commission montagne et de président du SNMSF, qui chapeaute les Écoles du ski français (ESF), le principal intéressé explique que le "plan neige" (notamment  le financement d'enneigeurs) mis en oeuvre par la région "entend répondre aux besoins des stations de ski afin de pérenniser l'activité hivernale".

Laurent Wauquiez se défend également de tout conflit d'intérêts.

"On marche sur la tête, estime M. Wauquiez. On nous dit que Gilles Chabert est membre de l'École de ski français. Et donc qu'à chaque fois qu'on va faire un équipement qui est favorable à une station de ski, il y aura une situation de conflit d'intérêts. Pardon, mais au secours ! Cela veut dire que dès qu'on va voter une subvention pour les agriculteurs, les agriculteurs ne doivent plus être des élus régionaux ?"

Parmi les élus régionaux sur la liste de Laurent Wauquiez, qui sont aussi dirigeants d'organisations agricoles, citons les cas de Raymond Vial, président de la Chambre d'agriculture de la Loire, et de Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d'agriculture de l'Isère.

"Il n'est quand même pas mauvais que des élus qui traitent des dossiers connaissent ces dossiers", soutient M.Wauquiez, tout en rappelant qu' "un élu ne doit pas tirer un bénéfice personnel de son implication en tant qu'élu."

Ce mercredi matin, Corinne Morel-Darleux, élue régionale du Rassemblement Citoyens Écologistes Solidaires, vient de saisir le procureur de la République concernant les soupçons de conflit d'intérêts et de prises illégales d'intérêts à l'encontre de Gilles Chabert. Contacté ce mercredi matin en réaction à cette information, le cabinet de Laurent Wauquiez rappelle "que Gilles Chabert a été totalement transparent, que le président a pris les dispositions nécessaires pour éviter tout conflit d'intérêts et que cette action relève de la manœuvre politique visant à faire prolonger la polémique".

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Commentaires 4
à écrit le 29/03/2017 à 20:41
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Laurent Wauquiez c'est Macron en plus ferme et en plus fort , c'est l'avenir du LR ! surement un futur Président ...de la République !

à écrit le 16/02/2017 à 9:41
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G Chabert devrait s'appliquer à lui même la démarche mise en place au S. N. M. S. F. ......retrait d'activité au delà de l'age de la retraite .

à écrit le 15/02/2017 à 18:40
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L'histoire des "l'espionnage massif" de mails n'était donc qu'un contre feu en fait, ok je comprends mieux.

à écrit le 15/02/2017 à 17:24
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Avec Wauquiez, rien n'est jamais très clair, il affectionne les affaires d'argent, ses micro partis sont des instruments de trafic d'influence, pour le reste, Carole Montillet a eu des succès en sport, passé cet épisode, il n'est pas démontré que...

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