La Suisse ne se limitera pas à réduire les quotas de travailleurs non-européens. Les Européens, dont les frontaliers, seront aussi concernés par des mesures restrictives, que le Conseil fédéral n'a pas encore divulguées.
Selon un extrait du texte modifiant la Constitution suisse, voté le 9 février 2014, il stipule :
"Les plafonds et les contingents annuels pour les étrangers exerçant une activité lucrative doivent être fixés en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect du principe de la préférence nationale ; ils doivent inclure les frontaliers."
Les frontaliers visés
"À Genève, le tiers des emplois est occupé par des frontaliers qui sont là au titre de la libre-circulation des personnes avec l'Union européenne décidée en 2006, affirme Yves Nidegger, conseiller national membre du parti conservateur et nationaliste UDC, la formation politique à l'origine de la votation de 2014.
La Suisse s'est liée les mains pour garder sa porte grande ouverte avec les Européens. Cette obligation ne laisse plus de place aux non-européens dont nous avons besoin."
M. Nidegger prône l'abandon de la libre-circulation conclue avec l'UE.
"Avant 2006, nous avions des contingents : une entreprise devait obtenir une unité de contingent pour recruter un travailleur étranger", détaille-t-il, en précisant souhaiter le retour à la situation qui prévalait avant 2006.
Renégociation avec l'UE
D'ici le 9 février 2017, la votation de 2014 devra avoir été entièrement mise en œuvre. Et le contingentement des permis de travail devra alors concerner aussi les Européens, dont les frontaliers français, ajoute M. Nidegger.
"Les traités internationaux contraires (...) doivent être renégociés et adaptés dans un délai de trois ans."
Extraits du texte modifiant la Constitution suisse, voté le 9 février 2014.
De son côté, Nathalie Hardyn, la directrice adjointe de la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG), s'inquiète :
"Il s'agit d'un gros chantier avec des conséquences très vastes, notamment sur nos relations avec l'UE, ce qui ajoute encore à l'incertitude que connaissent les entreprises."
Issue inconnue
"C'est une Épée de Damoclès au-dessus des entreprises suisses, et cela crée un malaise général dans les régions frontalières", regrette Jean-François Besson.
Le secrétaire général du Groupement transfrontalier européen s'inquiète de ce "sentiment de repli, comparable à la peur de l'étranger qui s'étend à toute l'Europe actuellement".
Quand on lui présente un parallèle avec le vote britannique en faveur du Brexit, M.Besson reconnaît la similitude. Comme au Royaume-Uni, ce sont des régions peu concernées par l'immigration qui ont le plus voté pour la limiter, suscitant l'inquiétude d'acteurs économiques. Et comme le Royaume-Uni, ce vote populaire conduit la Suisse à revoir ses relations avec l'Union européenne. Un processus dont l'issue reste encore inconnue.
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