À Lyon, le mouvement s'accentue contre la loi Travail

Pour la quatrième fois en quatre semaines, les jeunes et travailleurs se sont rassemblés pour demander le retrait du projet de réforme du code de travail, présenté par la ministre Myriam El Khomri. Malgré les légères évolutions opérées depuis, leurs revendications ne changent pas. Ils demandent un retrait pur et simple du texte.
Entre 12 000 et 30 000 personnes se sont mobilisées à Lyon ce 31 mars 2016. (Photo d'illustration, prise le 9 mars)

L'appel avait été lancé dès le début du mois de mars, avec la promesse d'une grande démonstration, partout en France. Ce jeudi, à Lyon, le rendez-vous est donné devant la Manufacture des tabacs (Lyon 8e), où près de 30 000 personnes ont répondu présent selon les organisateurs, 12 000 selon la police.

Jeunes, étudiants, salariés, retraités parlent tous d'une même voix : ils demandent le retrait du projet de réforme du Code du travail, porté par la ministre Myriam El Khomri.

Quatrième mobilisation

Pourtant, depuis le début des manifestations - c'est la quatrième action en quatre semaines -, la situation a bien évolué. Devant l'Assemblée nationale, la ministre du Travail a présenté un projet de loi modifié, dans lequel ne figure pas par exemple le plafonnement des indemnités prud'homales.

"Ce n'est pas assez", clame la CGT qui refuse tout amendement mais demande un rejet, "comme pour la déchéance de nationalité". "Il reste beaucoup de choses à retirer", explique Laurent Renaudot, délégué syndical au sein de la CGT.  À l'instar des règles portant sur la médecine du travail.

Lire aussi : La jeunesse lyonnaise en rangs serrés contre la "loi travail"

Une idée que partage Meghane, placée dans la tête du cortège, un autocollant CGT collé sur son sac en bandoulière. Pour l'occasion, elle a chaussé ses baskets aux couleurs flashy. Du haut de ses 20 ans, elle est pourtant une grande habituée des manifestations, puisqu'elle défilait déjà avec ses parents au moment du CPE il y a dix ans.

"Ce sont de toutes petites avancées mais sur le fond, rien ne change."

14 heures, le cortège se met en marche. Direction la place Bellecour, en passant par le cours Gambetta.

Aucun changement

Sur le côté, Olivier lit attentivement le Canard Enchaîné, assis au pied d'une statue. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, en réalité, il manifeste activement. "J'attends les groupes anarchistes, car les jeunes à l'avant ne sont pas assez nombreux." Question d'ambiance. Depuis un mois, Olivier a foulé les pavés lyonnais.

"Ce projet, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les seuls changements effectués l'ont été pour faire plaisir à la CFDT. D'ailleurs, s'il faut une preuve, le Medef n'a pas manifesté son opposition."

Lui prône une société plus égalitaire, "pas une société où le PDG de PSA double son salaire quand les jeunes enchaînent les CDD. C'est pour cela que l'on vote a priori à gauche, pour réduire ces inégalités", explique le jeune homme, en référence à l'augmentation de la rémunération de Carlos Tavares, révélée lundi.

Les voix de la société civile

En tête du cortège, les jeunes ont réussi à se faufiler. Lycéens, étudiants...et Josette, 84 ans. "J'ai toujours manifesté, je suis là, dans la lutte", raconte celle qui vote à gauche, "mais pas celle qui nous gouverne aujourd'hui". Ce jeudi, elle est venue soutenir les jeunes. Mais elle se sent tout autant concernée: "Depuis combien d'années nos retraites n'ont-elles pas été revalorisées ?"

Avec son béret noir, son drapeau rouge et son manteau kaki, Adrien-Marius ne passe pas inaperçu. "Je vais essayer de synthétiser", s'amuse-t-il lorsqu'on lui demande pourquoi il a décidé de se mobiliser.

"Pour moi, il faut aller dans le sens inverse du projet. On ne mettra pas fin au chômage en travaillant davantage. Mais ce qui est intéressant, c'est que des contre-projets émergent de la société civile."

Mobilisé pour la quatrième fois ce mois-ci, Adrien-Marius en est certain : "On peut espérer un retrait comme pour le CPE."

Manifestation Lyon Loi Travail El Khomri

Amplifier le mouvement

Une fois le cortège proche du métro Saxe-Gambetta, l'ambiance a priori bon enfant se dégrade. Des pétards explosent, certains sont jetés sur les CRS en rangs sur les côtés, derrière leurs boucliers antiémeute.

Alors que la manifestation aurait pu dégénérer - des jets de pierre fusent par endroits -, finalement, tout rentre dans l'ordre au moment de franchir le pont qui mène vers la place Bellecour. Mais une fois place Bellecour, alors la foule commençait à se disperser, des échauffourées ont éclaté entre les derniers manifestants et les policiers.

Les syndicats ont appelé à une manifestation interprofessionnelle place de la Bourse, à 17 heures, afin d'amplifier le mouvement. Certains glissent déjà la date de 5 avril pour une prochaine mobilisation.

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Commentaire 1
à écrit le 01/04/2016 à 23:10
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une manif en week end ce sera plus facile pour y aller, empecher d'empirer encore la situation des gens qui bossent ou des jeunes qui arrivent . Quitte a dégager de l'argent public ca pourriat etre pour former certains "entrepreneurs" ce serait sans...

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