Lyon-Turin : le commissaire-enquêteur Guy Truchet a-t-il voulu placer l'entreprise familiale ?

Alors que le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin sera une nouvelle fois abordé lors du sommet franco-italien ce mercredi à Lyon, notamment la question du financement français, d'autres aspects, plus polémiques, devraient, en revanche, être éludés. A l'instar de potentiels conflits d'intérêts qui pourraient concerner des acteurs clés de l'enquête publique. Deuxième volet de notre enquête consacrée à deux figures savoyardes de ce projet controversé.

Acteurs de l'économie - La Tribune a bien tenté de demander des explications à Guy Truchet, le commissaire enquêteur qui, avec ses collègues chargés de l'enquête publique du Lyon-Turin, a avancé cette recommandation en faveur de l'entreprise de son frère.

Mais l'appel téléphonique a été bref :

- "M.Truchet, vous étiez bien commissaire enquêteur pour l'enquête publique sur le Lyon-Turin?"

- "Oui, mais je n'ai rien à dire", réplique le commissaire enquêteur avant de raccrocher soudainement, sans autre forme de politesse.

Conflits d'intérêts ?

Pourtant, la situation de Guy Truchet pose question. Cette question est celle du possible conflit d'intérêts dans lequel se serait placé M.Truchet durant l'enquête publique.

En effet, dans son rapport, la commission d'enquête donne une recommandation surprenante, compte tenu des obligations d'indépendance et d'impartialité auxquelles sont tenus les commissaires enquêteurs. À la page 124 du rapport de la commission d'enquête, on peut lire le passage suivant :

"La Commission invite RFF à étudier le mémoire de l'entreprise Truchet TP qui propose de mettre à disposition du projet un terrain de 9 hectares dans la zone artisanale d'Arbin, pour y stocker de manière définitive 950 000 m3 de déblais, après autorisation d'extraction de matériaux alluvionnaires."

Or, la société Truchet TP est dirigée par Roger Truchet, le propre frère du commissaire enquêteur. Et le chiffre d'affaires que pourrait tirer Truchet TP de cet entreposage de déblais pourrait s'élever entre un et trois millions d'euros. "RFF paie habituellement entre 1 et 3 euros le mètre cube pour ce genre d'entreposage", indique-t-on du côté d'opposants au Lyon-Turin. Le bénéfice attendu est considérable sachant que Truchet TP avait acquis le terrain pour la somme de 350 000 euros, bien avant le début de la commission d'enquête.

Lire aussi : Lyon-Turin : l'indépendance de l'enquêteur public Philippe Gamen remise en question

Comment une commission d'enquête publique - qui plus est pour un chantier aussi important que le Lyon-Turin et ses milliards de contrats en perspective - peut-elle inviter un maître d'oeuvre à travailler avec un membre de la famille des commissaires enquêteurs?

La question demeure posée.

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2017 à 9:27
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Même l'enquête publique est entachée de compromission ?! Ouahou là ils y sont allés très fort avec ce projet les magouilleurs... "Résistance dans la vallée" (gratuit) http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/QUADRUPPANI/51054 "Ligne grande vi...

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