Neuf milliards d’euros transférés de la métropole de Lyon vers les territoires

La métropole de Lyon transfère au moins 9 milliards d’euros en transferts monétaires vers les autres territoires, soit 35 % de son revenu disponible brut, d’après une enquête qu'elle a commandée à Laurent Davezies.
La métropole de Lyon crée 3,1 % du PIB national, mais redistribue ensuite 8,3 milliards d'euros au reste du territoire, auxquels s'ajoute une redistribution en nature.

"Il s'agissait de trancher une question latente. Est-ce que les métropoles vampirisent les communes autour d'elles ou est-ce qu'elles les enrichissent ?" C'est pour répondre à cette interrogation que Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et président de la métropole de Lyon, a demandé à ses services de commander une étude concernant les flux de revenus sur le territoire métropolitain.

Celle-ci a été réalisée par l'économiste Laurent Davezies, professeur au CNAM, responsable de l'équipe pédagogique Territoires. Deux ans après que la loi MAPTAM du 27 janvier 2014 a créé 14 métropoles dans le pays, le rapport apparaît comme une sorte de premier bilan.

16 % du PIB

La réponse, apportée par Laurent Davezies, est sans appel : au moins 9,5 milliards d'euros de transfert de revenus monétaires et en nature entre la Métropole et les autres territoires ont été observés, soit 35 % du revenu disponible brut (RDB) des habitants de l'aire métropolitaine, et 16 % du PIB du territoire.

"La métropole de Lyon est à l'évidence le facteur de développement de territoires alentour."

Lire aussi : Naissance de la Métropole de Lyon

Selon une première approche de l'expert indépendant, qui a comparé le produit intérieur brut (PIB) national et le RDB dans la métropole de Lyon, cette dernière contribue à 3,1 % du PIB national, mais ne bénéficie que de 2,2 % du RDB du pays.

Participation au budget de la protection sociale

Plus dans le détail, parmi les facteurs qui peuvent expliquer le montant de ces flux monétaires, les transferts de revenus territoriaux monétarisés sont un poste majoritaire. Ils sont de l'ordre de 8,7 milliards d'euros, particulièrement alimentés par une forte contribution de la métropole à la protection sociale nationale.

La métropole de Lyon contribue ainsi davantage aux dépenses de protection sociale qu'elle n'en bénéficie, la différence s'élevant à 4,6 milliards d'euros, dont 2,6 milliards liés aux pensions de retraite. Cela s'explique par le fait que la métropole compte 2,6 % des actifs français, et seulement 1,95 % des retraités. Ces retraités vont pour la plupart s'installer en dehors du Grand Lyon après leur vie active, sans pour autant trop s'éloigner de la Métropole.

Le dynamisme de l'emploi

Autre poste important de ressource qui rejaillit sur les territoires au-delà de la métropole, le dynamisme de l'emploi. Signe de celui-ci, l'aire urbaine de Lyon est le troisième pôle de création nette d'emplois salariés privés, derrière Toulouse et Nantes. Depuis 1999, 45 000 emplois de "navetteurs" - des personnes travaillant dans le périmètre métropolitain et vivant en dehors - ont été créés. Ces actifs représentent 27 % de la masse salariale et génèrent 3,7 milliards d'euros de transfert net par an, soit l'équivalent de la masse salariale totale d'un département comme la Drôme.

De plus, hors frais liés aux transferts de revenus territoriaux monétarisés, les dépenses liées au tourisme permettent une redistribution inter-territoriale de 800 000 euros. Elle est tirée par les 66 000 résidences secondaires situées entre 150 et 200 km de Lyon, comme le montre une étude précédente du CEREMA (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement). A titre de comparaison, les Franciliens s'éloignent de 350 à 400 km de leur résidence principale.

L'impact du tourisme

Si la Métropole attire des touristes, elle est également fortement émettrice de dépenses à l'extérieur de la zone urbaine, en effectuant des séjours dans d'autres territoires. Si on compte en nuitées, 53 000 habitants sont absents chaque année du Grand Lyon.

Gérard Collomb se réjouit de ces conclusions :

"Cela a permis de vérifier l'idée que les endroits en difficulté ne sont pas situés autour des villes, mais là où il n'y a pas de ville."

Il n'est pas question, en revanche, pour le président, de laisser la Métropole se reposer sur ses lauriers :

"La richesse de Lyon n'est pas garantie pour l'éternité. On est en concurrence avec le monde entier. Il faut sans cesse aller de l'avant et renouveler notre patrimoine industriel."

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