Entreprises familiales : en quête de nouvelles générations de dirigeants, ce réseau qui essaime en Auvergne Rhône-Alpes

Créé en 2019 en Vendée, le Cercle des enfants dirigeants d’entreprises familiales (CEDEF) se décline désormais en région Auvergne-Rhône-Alpes. Trois groupes se sont montés ces derniers mois dans le Rhône, en Haute-Savoie et dans le Puy-de-Dôme avec un objectif : soutenir les jeunes successeurs d’entreprises. Un vrai enjeu alors que dans la décennie à venir, alors que la moitié des PME et ETI familiales devront être transmises.
Dans la décennie à venir, plus d'une PME et ETI sur deux se trouvera en situation de transmission, soit trois fois plus qu'au cours de la précédente.
Dans la décennie à venir, plus d'une PME et ETI sur deux se trouvera en situation de transmission, soit trois fois plus qu'au cours de la précédente. (Crédits : DR CEDEF Rhône)

Les chiffres parlent d'eux mêmes. Un quart des dirigeants de PME et d'ETI familiales ont plus de 60 ans, selon une étude menée en septembre dernier par Bpifrance Le Lab. Un sur 10 a même plus de 65 ans.

Ainsi, dans la décennie à venir, plus d'une PME et ETI sur deux se trouvera en situation de transmission, soit trois fois plus qu'au cours de la précédente. L'enjeu est donc de taille. Or, cette même enquête montre que la moitié des dirigeants de 60 à 69 ans n'ont toujours pas formalisé de plan de succession, un tiers pour les plus de 70 ans. C'est dans ce contexte que des jeunes successeurs s'organisent, partout en France, pour échanger et partager autour de ces problématiques de la transmission.

Lire aussi Transmission d'entreprise : le pacte Dutreil est sauvé, pour combien de temps ?

Tout a commencé en 2019. Cécilia Laurent, alors jeune dirigeante d'une entreprise vendéenne du bâtiment et désireuse de succéder à son grand-père et à son père, ne trouve pas de structure répondant à ses besoins et ses questions. Elle décide donc de créer une association, le CEDEF (Cercle des Enfants Dirigeants d'Entreprises Familiales) avec dans l'idée que ces PME et ETI familiales sont une composante essentielle de l'économie française, ancrées dans leur territoire et créatrices d'emplois durables.

15 cercles partout en France

Depuis, ce réseau axé autour de rencontres, d'échanges, de savoirs spécifiques s'est implanté dans différents départements (15 au total) et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Trois groupes ont vu le jour ces derniers mois dans le Rhône, en Haute-Savoie et dans le Puy-de-Dôme. Animés par des spécialistes de l'accompagnement, ces cercles réunissent, à chaque fois, une petite dizaine de personnes, futurs repreneurs d'entreprises familiales, avec l'objectif de leur apporter un soutien afin de pérenniser l'activité.

Lire aussi Transmission d'entreprise : les ETI françaises en quête d'une nouvelle génération de dirigeants

« Il y a très peu de lieux d'échanges entre enfants de dirigeants. Or même si c'est une aventure superbe et riche, nous pouvons être confrontés à certaines difficultés en terme de communication intergénérationnelle sur les sujets stratégiques », explique Stéphanie Chanut, animatrice du cercle puydômois et elle-même issue d'une famille d'entrepreneurs.

« La frontière entre le personnel, l'émotionnel et le professionnel est fine »

Par choix personnel, Stéphanie Chanut n'a pas poursuivi la reprise de l'entreprise d'ameublement de ses parents, mais cette diplômée d'école supérieure de commerce conseille et fait du coaching auprès de dirigeants. C'est donc tout naturellement qu'elle a décidé de monter un CEDEF dans son département. « L'idée du cercle n'est pas de se substituer aux professionnels du conseil juridique et financier. Mais c'est un accompagnement axé sur la dimension humaine et relationnelle. Parfois les situations sont sensibles, tant la frontière entre le personnel, l'émotionnel et le professionnel est fine », décrit Stéphanie Chanut.

« Ces jeunes ont besoin d'un espace d'échanges entre pairs, placé sous le sceau de la confidence et de l'intimité. Ce n'est pas un endroit pour faire du réseau ou du business », complète Lucie Moiret, qui s'occupe du cercle lyonnais.

Son groupe monté depuis le 1er février compte 5 jeunes âgés de 25 à 35 ans. Certains sont tout juste dirigeants, d'autres occupent des postes opérationnels dans l'entreprise familiale. Et les secteurs sont variés : bâtiment, industrie ou services. « Ils viennent aussi chercher de quoi enrichir leur posture de dirigeant, car ils récupèrent des entreprises déjà structurées, avec des process, des clients et des collaborateurs. La marche peut être haute. Ils doivent être à la hauteur tout de suite », précise cette ancienne DRH de 38 ans.

Lire aussi « La transmission, c'est de donner des valeurs et des fondations solides », Thierry Marx et Zahia Ziouani

« Une transmission cela se prépare, même si pour moi cela ne va pas intervenir avant plusieurs années. Cela permet d'anticiper et de voir comment d'autres structures familiales fonctionnent. C'est aussi une manière de légitimer notre position, » abonde Hugo Néron, 22 ans, responsable du développement commercial chez Les Fenêtres Vulcain, entreprise de 5 salariés co-fondée par son père. Curieux d'entendre d'autres témoignages, le jeune homme vient de s'inscrire pour un an au cercle du Puy-de-Dôme.

Faire perdurer l'ADN de l'entreprise

Au CEDEF, les rencontres sont mensuelles. Huit à dix journées sont organisées sur l'année afin de partager les expériences, les projets et de réfléchir collectivement.

« Lors de notre dernière rencontre, nous avons eu, par exemple, l'intervention de deux notaires qui sont venus parler de la protection du dirigeant et des dispositifs de transmission. L'idée était de réfléchir autour de la donation familiale en prenant en compte les questions liées aux conjoints, aux fratries... Cette problématique des fratries revient beaucoup », note Lucie Moiret, du CEDEF Rhône.

Lire aussi Et si l'engagement était la formule magique des entreprises familiales ?

Autre enjeu pour ces jeunes repreneurs : faire perdurer héritage familial de l'entreprise tout en opérant des transformations stratégiques. « Ces jeunes ou futurs dirigeants sont amenés à prendre un virage environnemental, digital, sociétal... différent de celui de la génération d'avant », souligne l'animatrice du cercle lyonnais. « Ils doivent ancrer l'entreprise dans leur temps tout en conservant son ADN ! », poursuit-elle précisant que cela fait, bien évidemment, partie des sujets abordés lors des rencontres.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.