Comment Malteurs Echos veut renforcer la filière brassicole

La coopérative Malteurs Echos va déménager dans un nouveau site de production. Il devrait à terme permettre la production de 1500 tonnes de malt par an et ainsi de renforcer sa position d'acteur majeur de la filière brassicole.
La SCIC Malteurs Echos, sont le siège est implanté en Ardèche, rassemble aujourd'hui 117 sociétaires.

Se fournir en matières premières n'est pas forcément chose aisée pour les brasseries artisanales. C'est d'ailleurs dans pareil contexte que l'association des brasseurs indépendants de Rhône-Alpes (Biera) a lancé diverses actions afin de développer une filière houblon dans la région. Les différentes unités de production peuvent en tout cas compter sur la coopérative ardéchoise Malteurs Echos, pour ce qui concerne l'approvisionnement en malt issu de l'agriculture biologique.

Une demande toujours croissante

L'objectif premier était d'ailleurs de répondre à la demande d'un territoire. D'abord en 2012, sous le statut juridique d'une association loi 1901. Depuis novembre 2014, le projet a évolué sous la forme d'une SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif). Aujourd'hui, la structure rassemble 117 sociétaires. Il faut dire qu'il n'existe que trois malteries artisanales dans l'Hexagone, les deux autres étant situées dans le Tarn ainsi qu'en Bretagne. Des réflexions sont par ailleurs actuellement menées pour d'autres implantations sur le territoire national. Sans compter les industriels qui produisent pour leur part 2,2 tonnes de tonnes de malt par an et dont les deux tiers sont exportés.

En 2016, la coopérative a produit environ 300 tonnes de malt (450 tonnes depuis 2012). Un produit vendu auprès de 75 brasseurs professionnels, originaires d'Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Languedoc-Roussillon et Bourgogne-Franche-Comté). L'orge bio utilisée provient elle aussi de ces différentes régions ; la majeure partie de la production provient toutefois des environs de Vienne (Isère) ainsi que de Valence (Drôme).

Vers la production annuelle de 600 tonnes de malt

Pour 2017-2018, la coopérative souhaite augmenter ses volumes et produire au moins 600 tonnes de malt bio. Car la demande est bien présente. Il existe plus d'une centaine de brasseries dans la région. La coopérative investira donc au printemps prochain de nouveaux locaux, situés à Vernoux-en-Vivarais (Ardèche). Le nouveau site pourrait permettre à terme la production de 1500 tonnes de malt par an. Mais l'idée reste la même : répondre aux besoins d'un territoire. "L'idée n'est pas de surproduire mais de satisfaire un besoin", précise Guillaume Bourdon, l'un des associés de la malterie.

À l'heure actuelle, la coopérative doit décliner certaines commandes, capacité de production oblige.

"De grosses brasseries veulent travailler avec nous. Actuellement, cela n'est pas possible. Par ailleurs, nous allons continuer à développer notre gamme (nouvelles céréales, nouveaux malts, etc). Il faudra aussi prévoir l'agrandissement du nouveau site pour 2018 car la demande est croissante", ajoute encore Guillaume Bourdon.

Un travail de communication restera toutefois nécessaire auprès de la clientèle habituelle, voir au-delà.

"Nous fournissons aujourd'hui du malt à un tiers des brasseries de Rhône-Alpes. Celles-ci commandent en moyenne 10% de malt chez nous et le reste en industrie. Il reste donc du travail de communication, mais aussi de concertation pour permettre à celles qui le souhaitent de travailler avec nous sereinement. Il faut aussi convaincre les plus grosses brasseries que nous sommes prêts à répondre à leurs besoins en terme de gamme, de volume et de qualité", explique-t-il aussi.

De nouveaux équipements

Malteurs Echos

La SCIC va augmenter sa production annuelle. Crédit : Malteurs Echos.

Concrètement, 1800 m² de bâtiments seront dédiés à la production, au stockage ainsi qu'aux bureaux. À l'extérieur, 200m² concerneront la zone de stockage en silos. La SCIC peut compter sur le soutien de la communauté de communes du pays de Vernoux (qui a fusionné avec la communauté d'agglomération Privas Centre Ardèche au 1er janvier 2017). Cette dernière a réhabilité un ancien espace de stockage et de conditionnement de fruits. Montant de l'investissement pour l'intercommunalité : 850 000 euros. "Ils seront ensuite répercutés sous forme de loyer. Le montant sera amorti sur 20 ans", indique encore le dirigeant. La coopérative investira pour sa part 650 000 euros. L'Agence Bio mettra également la main à la poche.

"L'investissement est lourd car nous changeons tout le système, en gardant toutefois le même process. Des équipements mieux adaptés, plus ergonomiques et permettant de limiter la consommation d'énergie. Cela va très rapidement nous permettre de réaliser des économies d'échelle", note Guillaume Bourdon.

Filière houblon, malterie école, etc.

Les projets restent toutefois nombreux, malgré les investissements annoncés. Une réflexion est par exemple menée depuis 6 mois sur le développement d'une filière houblon. "Nous aimerions pouvoir créer du lien entre les différentes initiatives locales, évaluer les besoins et développer d'autres parcelles si nécessaires", indique Guillaume Bourdon.

Une réflexion sur le lavage de bouteilles est également en cours avec le groupe Archer, implanté à Romans-sur-Isère (Drôme). Tout comme l'adhésion à un groupement d'employeur concernant des postes de brasseurs et commerciaux. La SCIC réfléchit aussi quant à la mise en place d'une malterie école, qui pourrait voir le jour dans une partie du nouveau site. "Cela  pourrait permettre à des porteurs de projets de se tester sur nos premiers équipements", poursuit le dirigeant.

En 2016, le chiffre d'affaires de la coopérative s'est élevé à 600 000 euros, grâce au développement de la vente de produits complémentaires. La société emploie par ailleurs 4 salariés permanents ainsi que 3 personnes en insertion.

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