Bibliographie : L'Hôtel-Dieu de Lyon en huit siècles

L'ouvrage intitulé "Le Grand Hôtel-Dieu" dévoile les richesses de ce patrimoine en cours de reconversion. Il est signé de l'architecte Didier Repellin, de deux historiennes de l'art Frédérique Bergeret-Malotaux et Ombline d'Aboville.

Documents extraits du fonds des archives municipales et photos d'aujourd'hui illustrent l'ouvrage de prestige dédié au "Grand Hôtel-Dieu de Lyon". Le sous-titre "carnet de l'avant" insinue un deuxième livre en gestation consacré à la métamorphose en cours de cet édifice magistral. Faut-il regretter qu'il s'affranchisse de toute vocation de soins?

"L'Hôtel-Dieu ne correspondait plus aux conditions d'exercice de la médecine moderne", rappelle Gérard Collomb, sénateur maire socialiste de la ville.

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Et d'égrener le nom d'autres hôpitaux des Hospices civils de Lyon ayant renoncé à cette vocation : l'Antiquaille, sur la colline de Fourvière et Debrousse, lui aussi dans le 5e arrondissement. Le pire a été évité pour l'Hôtel Dieu voué à disparaître au début du XXème.

Les visiteurs lyonnais

Les raisons de ce livre ? Écoutons les trois auteurs :

"Les commanditaires, ce sont les Lyonnais ; ceux qui participent aux visites de l'Hôtel-Dieu qu'on leur commente oralement", depuis sa fermeture*, dévoile Frédérique Bergeret-Malotaux, historienne de l'art.

"Nous avons cherché à nous inscrire dans les pas des visiteurs de ces lieux", appuie Ombline d'Aboville, elle aussi historienne.

"Nous étions vingt-cinq lors de la première visite et sans la moindre publicité", confie Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques dans la préface de l'ouvrage, "nous avons rapidement été une centaine, voire cent cinquante à déambuler chaque samedi matin dans les salles désaffectées de l'Hôtel-Dieu".

Ferrante Ferranti, "photographe voyageur " français d'origine sarde et sicilienne, signe les images avec son acuité à chercher le "sens caché des formes", dit de lui l'écrivain Dominique Fernandez.

La façade monumentale sur le Rhône signée Soufflot

Cet hôpital, dont la création remonte au XIIème siècle pour offrir un refuge aux indigents, a acquis ses lettres de noblesse architecturale au XVIIIe siècle.

"L'heure est à la modernité, aux embellissements. L'Hôtel-Dieu se trouve au cœur de ces préoccupations esthétiques et va devenir l'un des plus beaux édifices de la ville grâce à l'architecte Jacques-Germain Soufflot", est-il écrit en page 99 de l'ouvrage.

A tout juste 25 ans, cet homme de l'art formé à l'Académie de France, à Rome, se vit confier, en particulier, l'exécution de la façade monumentale sur le Rhône, longue de près de 350 mètres et surmontée de son grand dôme central. Cette façade fera de l'Hôtel-Dieu l'un des plus beaux hôpitaux du royaume et le symbole de la grandeur de la ville.

Des claques d'humilité

Soumis à des agrandissements, modifications et transformations, à une reconstruction partielle après l'incendie et l'effondrement du grand dôme en 1944 l'hôpital est un "patchwork" réussi. Didier Repellin, chargé de la restauration et de la réhabilitation pour la partie patrimoniale n'a de cesse de s'émerveiller face à "cette œuvre inspirée. On reçoit des claques d'humilité en permanence".

Il sait gré aux Hospices Civils de Lyon d'avoir préservé la boîte malgré les nécessaires aménagements et division des volumes pour répondre à l'évolution des normes d'hygiène et de sécurité et aux besoins d'accroître les capacités des différents services. Depuis 2011 la totalité du site est classée au titre des Monuments historiques et livre ses trésors au fur et à mesure des fouilles et avancées du chantier.

L'humain

Au delà des pierres, des générations ont été soignées dans cet hôpital où a professé François Rabelais avant de quitter son poste, sans prendre congés en 1535. Toutefois, "malgré ce départ brutal", l'humaniste et auteur de Pantagruel et Gargantua gardera pour Lyon "un attachement certain". Plus près de nous ont exercé à l'Hôtel-Dieu, aux XIX et XXe siècle des chirurgiens et autres personnels ayant participé au rayonnement de la médecine française. Marcel Mérieux (biologiste et musicien ayant installé à l'Hôtel-Dieu un orgue pour s'adonner à sa deuxième passion ), Antonin Poncet (considéré comme le pionnier de la chirurgie orthopédique réparatrice) ou encore, Léon Bérard (fondateur du deuxième centre anti-cancéreux de France) ont leur place dans cet ouvrage des éditions lyonnaises Libel*.

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* L'hôpital a définitivement fermé ses portes en 2010 pour accueillir un hôtel de luxe, des commerces, des bureaux, une cité de la gastronomie. Le concours lancé par les HCL a été remporté par Eiffage associé à Intercontinental et l'architecte lyonnais Albert Constantin.

** Le livre composé de 256 pages et 180 illustrations est vendu 35 euros. Il est disponible dans toutes les librairies de Lyon. Plusieurs partenaires et mécènes ont rendu possible sa publication

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